Avec le Data Act et le Data Governance Act, la Commission européenne veut accélérer l’utilisation des données industrielles par les entreprises privées et publiques. En incitant les entreprises privées et publiques à partager et exploiter les données industrielles, la Commission Européenne table sur 270 milliards d’euros de PIB supplémentaires d’ici à 2028.

Consciente de l’enjeu de la donnée, l’Union européenne (UE) poursuit la mise en place de sa loi sur la data avec deux nouvelles règlementations : le Data Act et le Data Governance Act. Leur finalité ? Fluidifier la circulation et l’exploitation des données par les entreprises afin de placer l’UE à l’avant-garde d’une société fondée sur la donnée. Et si le Data Governance Act impose aux acteurs privés et publics de favoriser le partage, le stockage et le traitement des données industrielles dans le respect des règles européennes, le Data Act a pour objectif de valoriser les données issues des objets connectés et les différents services qui y sont associés : assistants virtuels, compteurs et voitures connectés, wearables, etc. Dans son allocution du 23 février 2022, Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, exprimait sa satisfaction de voir la mise en place de ces nouvelles règles : « Grâce au règlement sur les données, les données industrielles seront partagées, stockées et traitées dans le plein respect des règles européennes. Ces règlements constituent la pierre angulaire d’une économie numérique européenne forte, innovante et souveraine.»  

De nombreux grands comptes partagent déjà leurs données industrielles

Si ces règlements sont favorablement accueillis par les entreprises, celles-ci n’ont, pour autant, pas attendu la Commission européenne pour partager leurs données industrielles avec leurs partenaires. Ainsi, depuis quelque temps déjà elles investissent dans des plateformes de collecte, d’exploitation et de valorisation des données industrielles auprès de tiers.

C’est ainsi que Schneider Electric s’est engagé dans une démarche de marketplace Data as a Service (DaaS) afin de permettre aux acteurs de l’énergie de répondre à la complexité des enjeux de compétitivité et d'urgence de transition énergétique. Lieu de partage de données entre Schneider Electric et ses partenaires (200 entreprises, 540 utilisateurs) cette marketplace Exchange permet non seulement à l’entreprise de valoriser ses données industrielles et de monétiser l’information obtenue, mais aussi aux partenaires de toucher une base de clients présents sur des marchés jusqu’alors difficiles à atteindre.

De son côté Birdz Veolia, dont l’activité consiste à concevoir des produits IoT dédiés aux villes, territoires et industriels, propose à ses clients des dashboards et data visualisations interactives pour transformer les données IoT en insights concrets. Ainsi, en souscrivant aux services Birdz by Veolia, les clients accèdent à un outil de pilotage leur offrant la possibilité d’exploiter les données et d’en retirer de la valeur.

Des exemples qui illustrent bien la prise de conscience par les grands groupes de la valeur de la donnée industrielle et qui témoignent de l’existence de solutions techniques françaises et européennes performantes et garantes d’une souveraineté européenne telle que voulue par l’UE. Les entreprises du CAC 40 n’ont donc pas attendu les directives européennes pour s’emparer du sujet. Toutefois, à ce jour, seules 20% des données industrielles sont exploitées par les entreprises privées et publiques européennes. Le Data Act et Data Governance Act devraient donc jouer un rôle d’accélérateur dans la disponibilité et l’utilisation de ces données et générer 270 milliards d’euros de PIB supplémentaires d’ici à 2028.

Par Jean-Marc Lazard, cofondateur et président d'Opendatasoft