Toujours plus « intelligentes », c’est l’une des aspirations majeures des villes depuis plusieurs années déjà. Si, pour répondre à cette ambition, certaines ont pris de l’avance et sont devenues des figures de proue du sujet à l’image d’Angers, il n’en reste pas moins que la transformation digitale des villes majeures doit encore s’intensifier d’ici les 5 prochaines années. Si le BTP a un rôle de premier plan à jouer dans la construction de bâtiments intelligents, l’informatique reste essentielle pour transformer et soutenir les infrastructures existantes. Les mastodontes de la technologie se sont déjà positionnés sur ce marché juteux, mais les start up, toujours plus innovantes et agiles pourraient bien, elles aussi tirer leur épingle du jeu et devenir, à leur tour, des acteurs indissociables de la smart city.

Des défis en adéquation avec la proposition de valeur des start up

Smart cities, Smart region, Smart building… les villes et les régions françaises se digitalisent et cherchent à être plus « intelligentes », mais qu’y a-t-il derrière ces concepts ? Il s’agit de proposer de nouveaux services aux habitants, d’optimiser la qualité de vie en y associant les ressources appropriées. Pour y parvenir, quatre défis majeurs sont à relever. En premier, l'urbanisation croissante des villes entraine une évolution nécessaire notamment pour désengorger le trafic ainsi que la pollution inhérente. Le renouvèlement des infrastructures vieillissantes des villes représente le 2e défi. Enfin la sécurité et la qualité de vie complètent cette liste de gageures sur lesquelles les villes doivent impérativement se pencher dès à présent. La réalité augmentée qui reste souvent l’affaire de start up pourrait constituer l’une des pistes pour accélérer cette évolution de la cité. Ainsi, il sera bientôt possible d’accéder à des informations telles que le prix au mètre carré sur les immeubles, d’avoir des publicités en passant près des commerces.

Les start-up se positionnent peu à peu sur ces axes de développement majeurs avec des résultats plus que prometteurs. À titre d’exemple, Kara promet d’économiser 70 % d'énergie pour l'éclairage public, Qarnotcomputing exploite la chaleur des data centers pour chauffer des bâtiments et de l’eau et vient de lever 6 millions d’euros…Leur manière de penser totalement disruptive ainsi que leur agilité font des start up des candidats sérieux face aux grands noms de la technologie. À la différence des entreprises « classiques », elles se sont positionnées sur des problématiques assez précises. Du fait de leurs spécificités, elles rendent des technologies accessibles à moindre cout et donc abordables pour des PME, TPE, ainsi que des petites collectivités aux moyens souvent limités.

Miser sur l’écosystème pour remporter des appels d’offres

Toutefois, leurs succès dépendent de leur capacité à remporter des appels d’offres. Orles villes sont encore frileuses à confier des contrats d’envergure à de petites équipes qui peuvent avoir des difficultés à monter en charge ou à gérer d’importants flux de commandes à l’instar de la start up Smoove qui avait remporté le marché Vélib' à Paris, mais qui a très vite été dépassée par l’ampleur du succès du service proposé. De plus, les moyens humains à leur disposition pour regarder quotidiennement le Journal Officiel et parfois leurs manques de contact peuvent jouer en leur défaveur.

La complémentarité semble donc être la clé de cette réussite. Cette synergie peut être le fruit de différentes start up entre elles pour remporter un lot dans un appel d’offre, d’un partenaire et soutien financier à l’image de la BPI qui multiplie les initiatives pour soutenir financièrement les start up. Dernière initiative en date, la création de "Bpifrance Entreprises 1" en octobre dernier, en lien avec le gouvernement pour relancer l’économie. Il s’agit d’un fonds d'investissement permettant aux particuliers d'investir dans le portefeuille agrégé de plus de 1 500 PME et start-up issues du portefeuille des fonds de capital-investissement partenaires de Bpifrance[1]. Enfin, il peut également s’agir d’une alliance avec un grand nom de l’IT. Ces derniers ont une force de frappe importante et peuvent très rapidement déployer une nouvelle technologie, car ils disposent des ressources et des compétences nécessaires. Ils apportent aux les start up une faculté à déployer et gérer les infrastructures, le SAV... Des points sur lesquels les start up ont, en tout cas dans un premier temps, peu de ressources à consacrer. À titre d’exemple, la start up IoTeropa signé un partenariat avec Atos en septembre dernier pour proposer une sécurisation de bout en bout des objets connectés.

S’appuyer sur tout un écosystème IT est également un bon moyen de gagner de nouveaux contrats, car cette alliance maximise leur visibilité sur le marché. Ainsi, pour remporter ces appels d'offres, les start up vont pouvoir bénéficier du réseau des revendeurs et des distributeurs qui ont la compétence et l’expérience pour gérer ce type de projet. Cet écosystème apporte un accès privilégié aux start up pour tester et les accompagner sur le marché à l’instar des accélérateurs de start up conçues dans ce sens. Les villes et collectivités reçoivent ainsi une liste de garanties pour sécuriser le projet et faciliter les relations entre start up et conseils municipaux.

Les startup ont indéniablement un rôle majeur à jouer dans l'avenir de la Smart City. Leurs nombreux avantages en font de sérieux concurrents face aux grandes entreprises de la tech. Si leur agilité et leur créativité jouent en leur faveur, leur manque de visibilité et leur incapacité à faire face à la montée en charge rapidement peuvent parfois jouer en leur défaveur. Rejoindre un réseau influent constitué de revendeurs et de distributeurs leur offre un avantage concurrentiel pour remporter les appels d'offres et montrer leur valeur ajoutée dans la création de ces Smart Cities.

Par Cédric Sroussi, Directeur de la R&D chez Tech Data France


[1]https://www.usine-digitale.fr/editorial/bpifrance-veut-faciliter-l-investissement-des-francais-dans-les-pme-et-start-up.N1012164