Dans le premier de plusieurs communiqués spéciaux du Worldwide ICT Spending Guide : Industry and Company Size, IDC s’attend à un ralentissement de 2,7 % des dépenses informatiques des entreprises, mais tous les secteurs ne seront pas impactés de la même manière.
Dans une précédente étude, nous reprenions une enquête du Syntec Numérique qui anticipait une accélération de la transformation numérique des entreprises. D’après le syndicat des professionnels du numérique, 95 % des répondants anticipaient une accélération suite à la pandémie de Covid19, mais s’attendaient tout de même à une reprise étalée dans le temps. Et voilà qu’IDC nous explique le contraire. La pandémie a un impact sur l’économie mondiale à presque tous les niveaux et les marchés des technologies de l’information ne seront pas épargnés, peut-on lire dans le préambule de son étude. Le cabinet d’étude note un ralentissement significatif des dépenses au cours du premier semestre 2020, car la crise s’est répercutée sur tous les secteurs de l’économie.
Contrairement à l’assurance exprimée par les répondants du Syntec, les analystes d’IDC se montrent plus prudents. Leurs résultats indiquent que les perspectives pour le second semestre et au-delà restent incertaines, « car l’ampleur du virus et son impact sur la production, les chaînes d’approvisionnement et la demande détermineront le moment où la phase de reprise commencera et la rapidité avec laquelle elle progressera ».
Les secteurs plus touchés : l’hôtellerie et le tourisme
Ils anticipent ainsi une baisse des dépenses mondiales en TI de 2,7 % cette année en raison de l’impact économique de la pandémie de Covid-19. Si tous les secteurs d’activité seront touchés par le ralentissement mondial, certains réduiront leurs dépenses informatiques plus que d’autres.
Ce sont les secteurs les plus impactés par le confinement qui auront du mal à remettre la machine de la transformation numérique en marche. Les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme comme le transport et les services à la personne et de consommation devraient ainsi réduire leurs dépenses en TIC de 5 % ou plus, indique le rapport. Les effets de cette réduction devraient être limités pour les acteurs du numérique en raison de leur poids relativement réduit sur ce marché, tempère le rapport. Nous y ajouterons que ce sont des marchés qui nécessitent la présence physique des travailleurs sur leur lieu de travail, et sont donc très peu concernés par le télétravail. Ils n’ont par conséquent pas besoin d’adopter les outils de la mobilité pour le télétravail comme dans d’autres secteurs.
Les secteurs publics et la santé tireront le marché des TIC
En revanche, d’autres secteurs devraient s’avérer plus volontaristes prédisent les analystes d’IDC. Comme promis par les chefs d’états et de gouvernements, les états devraient légèrement augmenter leurs dépenses en 2020 estime le rapport. Les dépenses informatiques dans les secteurs de la santé et des télécommunications devraient également augmenter légèrement, car elles répondent aux nouvelles exigences, de télétravail et de continuité de l’activité, mises au jour par la pandémie. Dans l’écosystème des TIC, ce sont les services professionnels qui connaîtront la plus forte croissance des dépenses informatiques cette année, avec une augmentation prévue de 1,7 % d’une année sur l’autre.
« Alors que les industries qui offrent des services numériques ou critiques présentent quelques points positifs, celles qui s’appuient sur des produits physiques, une présence en personne ou fournissent des services de luxe sont en difficulté », a déclaré Jessica Goepfert, vice-présidente du programme Customer Insights & Analysis chez IDC.
Le chemin de la reprise sera long et laborieux…
« Une fois que la redéfinition des priorités à court terme est en cours, l’étape suivante consistera à comprendre le chemin de la reprise. Par exemple, les industries qui ont subi d’importantes fermetures et des licenciements seront plus lentes à investir dans la technologie que celles qui ont pu maintenir un fonctionnement quelque peu normal. Afin d’atténuer les risques et l’exposition au ralentissement économique, les fournisseurs de technologies doivent redéfinir leurs priorités et recentrer leurs efforts sur les segments les plus résilients », ajoute-t-elle.
Quant à l’influence de la taille des entreprises sur leurs dépenses, la loi du plus fort prévaut. Les petites structures (moins de 10 employés) et les petites entreprises (10 à 99 employés) connaîtront cette année la plus forte réduction en pourcentage des dépenses informatiques, soit respectivement 4,9 % et 2,7 %. Cependant, les grandes entreprises (500 à 999 employés) et les très grandes entreprises (plus de 1 000 employés) ne seront pas épargnées non plus, dans une moindre mesure toutefois : elles devraient voir leurs dépenses en TIC diminuer de plus de 1 % cette année, ce qui représente une baisse de 17 Md $.
… mais la baisse sera modérée du fait des besoins en numérique
Le chemin de la reprise sera long et laborieux pour tout le monde, mais sans doute un peu moins pour l’industrie de la transformation numérique. Et c’est là ou les rapports du Syntec et d’IDC se rejoignent. D’un point de vue technologique, c’est les dépenses dans le matériel qui connaîtront la plus forte baisse, de plus de 5 % cette année, les entreprises se retirant de la plupart des investissements d’infrastructure à court terme.
Les services informatiques et les services aux entreprises connaîtront une réduction plus modérée de leurs dépenses, les entreprises se concentrant sur le maintien de leurs opérations existantes et sur leurs projets critiques. Les logiciels constitueront le point fort des dépenses technologiques estime IDC, avec une croissance de près de 2 % grâce aux achats d’applications collaboratives et d’applications et de gestion de flux et de contenus.