Depuis le début de la crise sanitaire, et plus globalement à l’occasion de toute crise quelle qu’elle soit, le mot est dans toutes les têtes et sur toutes les lèvres : RÉSILIENCE. Derrière le concept, souvent plein d’espoir, se cache une véritable anticipation pour survivre durant la crise et rebondir après la crise. C’est l’un des rôles clés de l’architecture d’entreprise (EA).
La résilience, ou comment se concentrer sur l’essentiel
Par définition, une crise, si des signaux plus ou moins faibles peut la rendre prévisible, reste généralement soudaine, suite à un élément déclencheur : c’est le cas du krach des prêts immobiliers hypothécaires américains dès 2006, qui a conduit à la crise financière de 2008 ou, plus récemment, de la pandémie mondiale de Covid19, qui a mis un coup de frein brutal à l’économie en 2020.
Lorsque la crise survient, il est clair que ce sont les organisations les mieux préparées qui sauront y faire face le plus efficacement, celles qui pourront se focaliser sur les capacités les plus critiques à leur business. Si cela apparaît comme une évidence, la réalité est beaucoup plus complexe. Ainsi, au-delà de la criticité des processus et des capacités métiers, il s’agit d’identifier les interdépendances entre les processus, et tous les services IT qui y sont associés. Et donc de préparer l’organisation au maintien en conditions opérationnelles des capacités métiers critiques pour le business.
C’est ainsi qu’à la mise en place du confinement strict de mars 2020, les organisations les mieux préparées ont pu mettre en œuvre leur plan d’urgence entre présence obligatoire, chômage partiel ou télétravail, avec un système d’information prêt à accueillir les nouveaux modes d’exercice des activités, en « mode dégradé ».
La transformation, ou comment s’adapter au « monde d’après »
Toutes les crises, quelle qu’en soit la nature, ont une constante : elles modifient, plus ou moins substantiellement, le « monde d’après ». En d’autres termes, tout ne redémarre pas de la même façon, en raison d’évolutions technologiques, réglementaires ou économiques, généralement accélérées par la crise.
C’est la « face B » de la résilience : ne pas se reposer sur ses lauriers en attendant que le monde revienne à son état initial, mais au contraire anticiper durant la crise les évolutions à venir, et s’y préparer en amont, avant même que la crise ne se résorbe. En d’autres termes, la résilience, ce n’est pas uniquement survivre, mais savoir rebondir, au risque de se retrouver inadapté au monde d’après.
Durant et tout au long de la crise, les organisations doivent donc penser l’évolution de leur business model, de leur organisation, de leurs processus, de leurs produits ou encore de leurs services. Dans ce contexte, le rôle de l’architecture d’entreprise est d’envisager plusieurs scénarios, d’y associer l’évolution des services IT nécessaire et d’aider les responsables à prendre les bonnes décisions.
L’architecture d’entreprise, poumon de la résilience
À l’occasion de la crise sanitaire de 2020, de ses confinements, de ses distanciations sociales et autres gestes barrières, les équipes EA ont par exemple été très sollicitées pour l’évolution immédiate et future des applications métiers vers le cloud, selon la criticité métier, la faisabilité, la sécurité, le budget, les stratégies de développement, etc. Ou également pour l’accélération de la digitalisation de certains processus, pour passer de la simple recherche de productivité à l’adaptation aux nouvelles attentes des clients ou aux contraintes sanitaires (exemple : signature de contrats à distance).
Concrètement, derrière le terme générique d’architecte d’entreprise, se cache une équipe pluridisciplinaire en mesure d’appréhender le fonctionnement de l’entreprise, ainsi que les projets de transformations qui permettront un rebond rapide une fois la crise passée. Ainsi aux côtés du Business Architect, capable de capturer la stratégie et de traduire les objectifs en capacités métier nécessaires, on retrouve des Business Analysts, des Application Owners, des IT Architects et des Solution Architects. Chacun dans son domaine de compétence traduira les objectifs métier en projets clairement définis dans le plan de transformation de l’entreprise.
Au moment où la digitalisation des métiers s’accélère, les architectes d’entreprise constituent l’interface indispensable entre l’IT et les métiers. En temps de crise, ils ont un rôle double : faciliter la continuité de l’activité en concentrant les ressources sur les capacités critiques de l’entreprise et permettre d’accélérer le rebond une fois la crise passée en tirant au mieux parti des nouvelles conditions de marché. Autrement dit, ils apportent à l’entreprise la résilience, la vraie.
Par Robert Raiola, CMO chez MEGA International