La révolution numérique a un coût énergétique et un impact certain pour l'environnement. Consommateurs et entreprises doivent en prendre conscience. Depuis 30 ans, le numérique impacte les usages dans l'économie, l'accès au savoir, la santé… et la liste est loin d'être exhaustive. Si les usages digitaux sont dématérialisés, leur architecture est bien réelle et se nourrit aujourd'hui encore d'énergies en majeure partie fossiles, au détriment des énergies renouvelables. Les entreprises florissantes de demain seront celles qui pratiquent l’Architecture d’entreprise (AE) durable dès aujourd'hui. Mais comment les différentes couches de l’Architecture d’entreprise contribuent-elles à la durabilité ?

Qu’est-ce que la durabilité ?

La durabilité décrit le développement durable comme un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs. Une entreprise durable est robuste, capable de résister aux forces disruptives d’un monde changeant, sans pour autant mettre en péril les ressources, humaines et matérielles, nécessaires à son développement et sa survie.

La santé durable de l’entreprise consiste à adopter un point de vue holistique qui instaure un équilibre pérenne avec son environnement, en constante évolution. Au-delà de la performance financière, de la gestion des risques et de la conformité réglementaire, la durabilité implique d’adopter des standards éthiques plus élevés, tout en démontrant son intégrité au regard de la société, de l’économie et de l’environnement.

Architecture d’entreprise et développement durable ?

L'application de fondamentaux d'architecture d’entreprise (gestion des processus, architecture IT …) dynamise la progression vers une entreprise durable en intégrant les critères RSE à chaque niveau architectural : stratégie et prise de décision, processus organisationnels, logistiques et environnements de travail, gestion de portefeuille informatique et conception/évolution du SI.

La pratique de l’architecture d’entreprise accompagne la transformation économique et numérique des organisations en apportant la visibilité requise du fonctionnement de l’entreprise : quelle organisation, avec quel système d’information, pour quels objectifs, etc. Elle permet d’identifier les opportunités d’amélioration comme l'optimisation des processus et la rationalisation du parc informatique. Elle donne aussi la possibilité de formaliser les initiatives de transformation ayant un impact positif dans la durée en modélisant, entre autres, les processus et système d’information cibles que l’on veut obtenir.

Vers une architecture métier durable ?

Après avoir fixé les différents objectifs de l'organisation et les résultats attendus, les chaînes de valeur des opérations et le SI doivent s’adapter afin de servir la stratégie d’entreprise, avec pour finalité d’installer des comportements durables dans la culture d'entreprise.

Une absence de vision génère du gaspillage, de mauvaises pratiques et des échecs éventuels. La gouvernance, les politiques internes et les processus sont utilisés pour communiquer sur les meilleures méthodes et peuvent être consignés dans un rapport de développement durable. Sont par exemple concernés : la due diligence, la gestion du cycle de vie des matériaux, l’approvisionnement, la sécurité informatique, les procédures de lancement d’alerte et l’optimisation du stockage des données. Réaliser la cartographie de la chaîne de valeur permet alors de visualiser le cycle de vie d’un produit.

Pour une gestion durable du portefeuille informatique

Comment rationaliser ses ressources informatiques et par conséquent son impact sur la planète ? L'optimisation du système d'information passe par une prise de conscience via un inventaire de l'état des déploiements et des usages existants. En ce qui concerne l'évaluation du portefeuille informatique, elle peut reposer sur des critères de coûts ou de fiabilité technologique. Elle s’appuie aussi sur la valeur métier, une couverture fonctionnelle optimisée, ainsi que des données d'investissements environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Au moment de l’intégration des risques associés à la prise de décision, l’entreprise prend en compte non seulement les éléments de RSE mais aussi les notations de durabilité des fournisseurs via un score tel que celui d’Ecovadis par exemple. Cela passe aussi par l’impact environnemental des technologies et le déploiement de solutions cloud reposant de plus en plus sur l’utilisation d’énergies propres.

Pourquoi une architecture applicative durable ?

C’est sur l'informatique que reposent aujourd’hui nombre de nos activités humaines. Intégrer la sobriété dans les projets IT et le design des produits est un engagement important pour contribuer à préserver la planète. Selon The Shift Project : « La consommation d’énergie du numérique est aujourd’hui en hausse de 9 % par an. Il est possible de la ramener à 1,5 % par an en adoptant la sobriété numérique comme principe d’action. » Les démarches d’éco-conception et de Green IT permettent de réduire l’impact sur l’environnement et de moderniser le SI à travers trois principes clés que sont la valeur client, la définition des principes de design sobre et le passage à une architecture d’application.

Construire un avenir meilleur sur des normes écologiques nécessite de s'adapter, de repenser nos habitudes et de moderniser nos méthodes et nos technologies. L'architecture d'entreprise (AE) aide à développer les capacités d'apprentissage d'une organisation pour la faire évoluer avec son environnement. C’est la raison pour laquelle la RSE peut être un fil conducteur pour la mise en place d’une stratégie de gestion qui tienne compte de la rentabilité, des risques et de l’impact de l’entreprise.

Les entreprises florissantes de demain pratiquent l’architecture durable dès aujourd’hui !

Par Leslie Robinet, Service Director chez Mega International