La transformation numérique a eu un impact radical sur la structure des entreprises, car elle implique l’adoption de nouvelles technologies, de nouveaux processus et l’intégration des systèmes numériques dans les divers processus. Au fil du temps, cela a entraîné des changements dans la structure, les méthodes et les processus des organisations qui culminent actuellement dans le concept d’entreprise agile. Mais ce qui n’était qu’un enjeu concurrentiel avant 2020 est devenu une condition de survie en cette période de forte entropie qui marque la période de sortie de crise pandémique. Aussi, pour être résiliente dans un environnement imprévisible et sujet à de brusques à-coups, l’entreprise du 21e siècle doit être distribuée, composable et agile et très ouverte sur des composants exogènes qui n’entraient pas auparavant dans son champ de vision. En ce sens, elle doit s’inspirer du concept et des théories associées des Écosystèmes :communautés d’acteurs, entreprises, organisations, institutions, fournisseurs, clients actionnaires poursuivant une vision stratégique commune et voyant comme une opportunité la complexification et la digitalisation des chaines de valeurs ajoutées. Les entreprises les plus avancées identifient et mettent en place des écosystèmes internes et externes, qui, durant toutes les phases d’un projet (conception, réalisation et exploitation), sont destinés à fonctionner ensemble selon un certain nombre de modalités. Un travail d’identification en amont des composants de ces écosystèmes permet de dégager des associations fonctionnelles qui sont destinées à se perpétuer dans le temps, et de s’adapter de façon dynamique à l’ensemble des étapes de la création de valeur. En somme, il s’agit de constituer des ensembles opérationnels pérennes, dotés des ressources et des outils nécessaires à l’accomplissement de leurs missions. La coopération entre les différents acteurs prend la forme de partenariats stratégiques plus souple que des joint-ventures, telles que des plateformes d’innovation, le développement de Proof of Concept, ou encore le partage d’infrastructures et de ressources (incl. Humaines) dans un espace-temps donné.  

Des unités fonctionnelles organisées en écosystème

Ce modèle de distribution des tâches et des projets, ainsi que des responsabilités afférentes, à des unités fonctionnelles, organisées en écosystème, permet aux organisations de bénéficier d’un mode de fonctionnement qui accroît leur efficacité et leur productivité. Il s’agit de mieux aligner les fonctions métier sur les besoins de l’entreprise et de faciliter la collaboration et le partage des connaissances. Car, au-delà de permettre l’accroissement de l’agilité et de l’adaptabilité en améliorant la prise de décision, ces écosystèmes constituent une réponse adéquate à la complexité, et permettent d’en tirer parti. En effet, la création d’équipes pluridisciplinaires, intégrant diverses fonctions et compétences, conduit à la formation d’unités transversales et autonomes. Un agencement dont un des bénéfices collatéraux est de permettre l’émergence de nouveaux rôles professionnels et l’évolution des rôles existants.  

Les conditions de réussite

Qu’il s’agisse de groupements internes ou mixtes, le bon fonctionnement des modèles d’affaire sous forme d’écosystème supposent plusieurs prérequis :  
  1. Mettre en place un modèle de gouvernance adapté : Identifier le leader (entreprise pivot), et les moyens d’orchestration, mettre en place et faire évoluer les RACIs du dispositif, valider de nouveaux entrants.
  2. Établir une stratégie commune : Aligner les acteurs sur une vision, des objectifs communs et un modèle économique qui reflète les intérêts respectifs des parties prenantes et les règles de partage de la valeur.
  3. Établir des partenariats agiles et flexibles : Il est important de conserver une certaine stabilité à l’ensemble, mais aussi de lui donner les moyens en matière d’agilité pour s’adapter aux fluctuations parfois fulgurantes du marché. Les acteurs de l’écosystème doivent être dans une dynamique entrée/sortie éprouvée et acceptée.
  4. Définir et suivre les « balanced score cards » de l’écosystème et leur déclinaison sur l’ensemble des acteurs : Le suivi des indicateurs de performance doit s’inscrire dans un schéma de pilotage strict, garantissant transparence, objectivité et réactivité.
  5. Construire et entretenir la confiance et la cohésion entre les acteurs : Encourager laco-construction tout en régulant la création de valeur avec des engagements sur la propriété intellectuelle et la possession des données claires.
Appliqué à toutes les parties prenantes, internes et externes, le modèle écosystémique doit constituer le creuset dans lequel fusionnent les volontés, les cultures et les capacités humaines pour pérenniser le modèle et garantir son efficacité. Aussi, l’état d’esprit (les intentions), la culture (l’ensemble des valeurs, comportements et attitudes partagés dans l’entreprise), ainsi que la posture (l’attitude globale et l’approche que l’organisation adopte vis-à-vis de ses activités et de ses parties prenantes) constituent le soubassement sur lequel se construit la réussite d’un écosystème. Audace, initiative, curiosité, respect et loyauté semblent faire partie des valeurs individuelles et collectives exigées par ces modèles d’affaires promis à un avenir certain. Par Eric Isabey, Senior Advisor Business Development Executive chez Kyndryl