La majorité des managers estime que la transformation numérique a été positive pour leur fonction. L’arrivée de l’IA et l’augmentation de la fonction managériale sont positivement perçues par une majorité de managers, même si des craintes persistent.

On a longtemps pensé que la transformation numérique était juste une question d’évolution des outils, des processus et des modes et méthodes de travail. Il suffisait juste d’acquérir de nouvelles compétences pour rester pertinent et faire face au changement, et éventuellement de le façonner via ses qualités d’innovateur. En somme, il s’agissait juste de mettre les compétences requises en face des nouvelles exigences de la transformation. Cependant, la crise est passée par là et ses effets paroxystiques ont amplifié la vitesse et l’ampleur de l’acquisition des compétences, non seulement pour y faire face, mais aussi pour organiser la résilience.

Étant donné l’incertitude et le stress induits par ce genre de crise profonde, ainsi que les réactions émotionnelles extrêmes qu’elle peut provoquer, les managers, principalement les managers de proximité, ont été en première ligne pour organiser la continuité de l’activité. Outre les compétences professionnelles, il leur a fallu faire appel à leurs qualités humaines pour projeter la confiance nécessaire et atténuer l’anxiété des télétravailleurs et maintenir la cohésion de leurs équipes. Ce fait à lui seul a projeté les soft skills au premier plan des qualités du manager de demain. Alors que la crise commence à « faire partie du décor », une autre révolution se profile à l’horizon pour les managers : l’arrivée de l’IA.

Des anticipations positives de la part des managers

Dans une enquête réalisée par Axys Consultants et intitulée « Du manager au manager augmenté – État des lieux, défis, digitalisation de la fonction et impact de l’IA », le cabinet de consultants révèle que les managers plébiscitent l’IA. Les managers interrogés estiment à 84 % que l’IA va leur apporter une aide dans l’anticipation des risques. Pour 77 % c’est plutôt l’assistance à la prise de décision qui est mise en avant, tandis que 73 % en attendent un accroissement de leurs performances.

Ces anticipations utilitaristes s’inscrivent dans une vision globale très positive de la transformation numérique, et sont sans doute influencées par elle. L’impact de la transformation numérique sur la fonction managériale est jugé positif par 76 % des managers interrogés. Dans le sillage des transformations induites par le numérique, les managers ont toujours exprimé des anticipations positives de l’IA, mais très peu en ont expérimenté les effets. Seulement 9 % indiquent avoir observé une mise en œuvre concrète d’une solution d’IA appliquée à leur fonction. Bien que 35 % d’entre eux travaillent sur le sujet, pour la grande majorité (56 %) ce sujet n’est pas à l’ordre du jour au sein de leur entreprise.

Ils estiment aussi que leur niveau d’information sur l’IA est insuffisant. Seulement un quart de managers (25 %) estime avoir été suffisamment informé à propos de l’IA et seuls 2 % l’ont été parfaitement. Un peu moins de la moitié (44 %) juge l’information reçue insuffisante et 29 % n’en ont reçu aucune. Pour autant, une petite majorité des managers (51 %) est familiarisée avec la notion de manager augmenté.

L’humain et l’intelligence synthétique en tandem

L’une des grandes qualités d’un manager est sa capacité à traiter l’information, à fixer des objectifs en conséquence et à agir et faire agir son équipe, tout en maintenant la cohésion de celle-ci autour de ces objectifs. Pour la partie traitement de l’information, l’IA, utilisée avec les garanties afférentes qui minimisent les biais et les distorsions de « jugement », a prouvé son efficacité. Elle est à même de traiter les données et d’en tirer des informations exploitables pour toutes sortes d’opérations : processus, business, produits…

Cependant, et même si l’enquête montre que 20 % des répondants craignent d’être remplacés par l’IA, sur le volet, plus humain, de l’influence sur les équipes et de la conduite d’une action cohésive pour atteindre les objectifs, les qualités nécessaires restent l’apanage des êtres humains. Pour gérer efficacement les attentes et les émotions des personnes, pour aplanir les mésententes et les interprétations divergentes, les soft skills nécessaires ne peuvent provenir d’une intelligence synthétique. Même si elle est dotée d’algorithmes de bienveillance et d’empathie, l’intelligence émotionnelle de l’IA ne peut être que limitée par sa capacité à comprendre ou « ressentir » les émotions humaines.

En somme, chacun agira dans le domaine qu’il maîtrise le mieux, n’en déplaise aux 25 % des managers qui « estiment que l’IA doit permettre d’aider le manager à mieux gérer ses équipes grâce à l’intelligence émotionnelle ». En fait, et tant que les soft skills seront nécessaires pour gérer des équipes, l’IA agira en tandem avec le manager, chacun apportant ce qui distingue le mieux son « espèce » : les capacités de calcul cognitif pour l’une et les qualités professionnelles, organisationnelles et humaines pour l’autre.

À propos de l’étude :

L’étude a été réalisée auprès de 232 managers tous secteurs d’activité confondus : 43 % de managers de direction, 31 % de managers opérationnels, 20 % de manager intermédiaires, 6 % de managers d’équipes. Ils étaient issus d’entreprises de taille différentes : 15 % moins de 50 salariés, 26 % de 51 à 500 salariés, 9 % de 501 à 2 000 salariés et 50 % de plus de 2 000 salariés.