Uber n’en finit plus de défrayer la chronique, jusque lors de l’audience préliminaire dans le cadre du procès qui l’oppose à Waymo (Google) où un ex-employé d’Uber a témoigné que la firme disposait d’une unité dédiée au vol de secrets commerciaux !
La prudence s’impose lorsque l’on évoque l’intelligence économique, une charmante expression qui cache en réalité des pratiques d’espionnage entre entreprises, car elle ne revêt pas les mêmes atours selon le coté de l’Atlantique où l’on se place.
Par exemple, les pratiques de collecte ‘illégale’ d’information de la NSA servent les entreprises américaines, qui par le jeu du renseignement pour obtenir des renseignements stratégiques et souvent confidentiels sur une entreprise concurrente ou afficher des arguments qui lui sont favorables. Une pratique d’intelligence économique légale pour les entreprises américaines, condamnable et déloyale pour leurs concurrentes étrangères... qui cependant ont elles aussi leurs dérives, personne n’est tout blanc ou tout noir dans ces pratiques.
Les espions d’Uber
Concernant Uber, c’est un ex-membre du personnel, Richard Jacobs, qui dans une lettre de témoignage lue par un avocat de Waymo devant un tribunal de San Fransisco en début de semaine, a dévoilé que la firme avait une unité dédiée au vol de secrets commerciaux.
Cette révélation intervient dans le cadre du procès qui oppose depuis février Waymo, la filiale 'automobile autonome' d’Alphabet, la maison mère de Google, à Uber. Waymo accuse un de ses anciens exécutifs, Anthony Levandowski - qui l’avait quitté en janvier 2016 pour rejoindre Otto, une entreprise qui travaille sur un projet de camion auto-conduit, rachetée en août 2016 par Uber – d’avoir divulgué des secrets et permis l’usage de technologies objet de brevets.
Selon l’agence Bloomberg, l’équipe de ‘surveillance’ d’Uber utilisait des serveurs anonymes séparés des serveurs principaux d’Uber pour effectuer ses missions. Ce système aurait permis aux ‘espions’ d’Uber de supprimer activement leurs messages après un délai réduit, et ainsi de ne laisser aucune trace.
Ces pratiques se seraient déroulées durant le règne de Travis Kalanick, le sulfureux fondateur d’Uber - celui-là même qui a permis au harcèlement sexuel de se développer dans son entreprise -, ce qui n’aurait pas arrangé les choses en matière de toxicité de la culture de travail d’Uber.
Faut-il mettre fin aux agissements d’Uber ?
Nous l’avons évoqué dans notre « Culture digitale » de ce jour, Uber est l’objet de grandes manœuvres d’investisseurs, menées par le japonais Softbank. Si la firme accumule les pertes, ses premiers investisseurs ne veulent pas lâcher le morceau tant les sommes engagées sont ‘trop’ importantes – nous dirions extravagantes ! - tandis que les nouveaux investisseurs entendent réaliser un pari sur l’avenir, moins celui des chauffeurs accessibles sur la plateforme que la disparition de ces même chauffeurs remplacés par des taxis autonomes.
Nous assistons donc à un paradoxe, d’un côté un géant virtuel largement déficitaire aux nombreuses pratiques douteuses, ce qui aurait valu à n’importe quelle entreprise de mettre la clé sous la porte. Et de l’autre un monde de la finance qui entend protéger ses investissements au risque colossal en maintenant le projet artificiel à bout de bras et à n’importe quelle condition…
Quant à Waymo, le juge William Alsup, qui devait ouvrir le procès le 4 décembre, a retardé son ouverture en déclarant que ce serait une « injustice énorme » que de forcer Waymo à aller au procès compte tenu des nouvelles preuves qui sont apparues !
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