L’environnement technologique actuel des entreprises, bousculé par l’IA et une remise en cause profonde des outils applicatifs, des processus, ainsi que de la revalorisation des compétences des collaborateurs, ressemble à un véritable tsunami numérique. L’ère de l’intelligence artificielle s’est abattue brutalement sur le commun des utilisateurs. En quelques mois, voire quelques semaines, les plans des entreprises, y compris et surtout des entreprises technologiques, ont radicalement changé pour intégrer l’algorithmie cognitive. En quelques mois seulement, l’IA est passée d’une innovation en devenir à un incontournable stratégique.
En 2025, cette révolution atteindra un point critique, selon les experts du Conseil de l’IA de Qlik. Ces spécialistes, provenant de divers horizons, mettent en lumière les tendances émergentes qui redéfiniront non seulement les outils technologiques, mais aussi les approches stratégiques des organisations.
Authenticité et fiabilité des données : un enjeu clé
Avec la prolifération des contenus générés par l’IA et des données synthétiques, Nina Schick, auteure et experte en IA générative, insiste sur l’importance de technologies d’authentification pour instaurer la confiance. Elle souligne que « la provenance de l’information est aussi importante que l’information elle-même ». Ce besoin de transparence pousse à l’émergence de normes telles que le standard ouvert CP2A.Cependant, Schick appelle à dépasser la dichotomie entre données synthétiques et données authentiques : « Le véritable enjeu réside dans la distinction entre “bonnes données” et “mauvaises données” ». Comme pour le pétrole brut, les données doivent être raffinées pour libérer leur potentiel. Cette approche s’avère essentielle dans un monde où la réputation des entreprises est de plus en plus liée à la qualité des données
qu’elles exploitent.
L’IA, une valeur à construire de manière mesurée
Selon le Dr Rumman Chowdhury, CEO d’Humane Intelligence, l’année 2025 marquera un tournant pour l’IA, qui passera d’une technologie émergente à un outil intégré et digne de confiance. Mais elle met en garde contre les investissements inconsidérés.« Les entreprises devront se concentrer sur des initiatives ciblées et mesurables, comme l’annotation des données ou l’automatisation de tâches répétitives », explique-t-elle.
Elle invite également les organisations à explorer l’impact de l’IA dans des fonctions non techniques. Les départements RH, marketing et ventes doivent adopter ces technologies pour maximiser leur valeur. Elle illustre son propos par une analogie avec l’essor d’Internet dans les années 1990 : « C’est en adoptant l’IA par petites étapes dès aujourd’hui que les entreprises se prépareront à l’IA plus sophistiquée de demain ».
Des systèmes plus autonomes, mais pas sans humains
Kelly Forbes, directrice exécutive de l’AI Asia Pacific Institute, observe une évolution vers des systèmes d’IA de plus en plus autonomes. Toutefois, cette transformation n’exclut pas l’intervention humaine. Elle déclare : « Les entreprises doivent préparer leurs équipes à des rôles plus stratégiques et évolutifs, tout en considérant l’intégration de l’IA commeun processus continu ».
Cette perspective met en lumière un défi majeur : la formation et l’adaptation des collaborateurs aux nouveaux paradigmes de travail. Les entreprises qui anticiperont ces changements seront mieux armées pour réussir dans un environnement de plus
en plus automatisé.
L’IA comme catalyseur d’innovation
Le Dr Michael Bronstein, professeur à l’Université d’Oxford, adopte une vision optimiste. Selon lui, l’IA peut être un levier pour résoudre des problèmes globaux, comme le réchauffement climatique ou les avancées médicales. « L’objectif n’est pas de remplacer les humains, mais d’amplifier leur potentiel »,affirme-t-il.
Bronstein rappelle que la qualité des données reste un facteur déterminant dans le développement de systèmes d’IA fiables. « Les données l’emportent sur les algorithmes. Il est crucial d’assurer leur qualité, leur reproductibilité et leur suivi pour bâtir des systèmes dignes de confiance. »
Un futur prometteur, mais exigeant
L’arrivée de l’IA a mis à l’épreuve des secteurs applicatifs jugés jusqu’alors incontournables. Par exemple, les plateformes de gestion de la relation client (CRM) et les progiciels de gestion intégrés (ERP) doivent désormais intégrer des modules d’IA pour analyser les données en temps réel et offrir des recommandations proactives. Ceci en attendant que l’agentification en fasse des modules intégrés capables de lancer des actions et de gérer des processus jusqu’à leur conclusion.Les processus métier, eux aussi, subissent une reconfiguration. L’automatisation ne se limite plus aux tâches administratives : elle touche des fonctions stratégiques comme le marketing, où l’IA permet d’affiner les campagnes en temps réel, ou les ressources humaines, avec des outils d’évaluation prédictive des talents.
Dans ce contexte, les experts s’accordent sur un point : 2025 sera une année décisive pour l’IA. Que ce soit en renforçant la confiance dans les données, en adoptant une approche mesurée ou en intégrant l’humain dans les processus, les entreprises doivent se préparer dès aujourd’hui à ces transformations. Comme le résume Nina Schick, « c’est en assurant la transparence et en exploitant les données de manière responsable que l’IA révélera son plein potentiel ». L’IA ne remplacera pas toutes les compétences humaines, mais les entreprises qui réussiront seront celles qui sauront s’appuyer sur cette technologie pour amplifier leurs forces et anticiper les défis à venir.