L’année 2018 pourrait être le point d’inflexion de l’Internet des Objets (IoT), celui où les acteurs de ce marché vont devoir impérativement entrer dans une phase de maturité sur les objets connectés et surtout sur la sécurité des données.

L’IoT, l’Internet des Objets, est certainement l’un des plus grands phénomènes technologiques de ces dernières années. Sans presque que l’on s’en aperçoive, il a pris son envol pour occuper le terrain de l’industrie, et surtout celui de la donnée pour lequel il est devenu un gigantesque contributeur, et consommateur en devenir des analytiques.

Alors que les volumes de données issues de l’IoT explosent, une étude de 451 Research constate que les entreprises stockent environ la moitié des données collectées, et qu’elles analysent environ la moitié de ce qui est stocké. C’est donc légitimement qu’il faut se poser la question de justifier des investissements – dans les capteurs, les réseaux, le edge, le stockage, les analytiques, etc. – pour une si faible exploitation ?

La réponse est simple : les entreprises commencent seulement à prendre la mesure de l’importance de la donnée et de son traitement. Il est temps de corréler les bases dans une approche cross plateformes, de croiser les sources et les résultats, d’exploiter enfin sérieusement la manne de données collectées. C’est la première tendance à faire émerger pour 2018.

Avec la baisse des prix du matériel, capteurs et micro-contrôleurs, l’émergences d’architectures périphériques et de proximité (edge) et du cloud, et l’accès à des capacités de calcul démesurées consommables à la demande, la mesure ne peut qu’augmenter et son exploitation pourrait devenir rentable.

Pourtant, cette vision se heurte à un obstacle de taille : la tendance la plus chaude porte sur l'utilisation de boîtiers edge dédiés à la connexion des dispositifs de friches industrielles ou pour effectuer différentes formes d’analyse de faible latence ou pour des applications de plan de contrôle.

Ces approches technologiques ne viennent pas de la DSI mais des métiers, plus précisément des techniciens métiers. Mais la DSI doit les supporter. Or, dans le cloud, les applications à très faible latence ne tournent pas sur les clouds publics. C’est là la seconde tendance pour 2018, d’apporter à la DSI des solutions pour assurer l’interconnexion et les analytiques de données dont elle ne sait pas supporter les technologies !

La dernière tendance 2018 est certainement la plus sensible, et la plus porteuse de risques pour les entreprises : la sécurité de l’IoT. Depuis l’origine des objets connectés, la sécurité est le parent pauvre des projets et des produits finis. Tous embarquent une sécurité limitée (voire pas de sécurité) ce qui les rends vulnérables aux attaques malveillantes. Faut-il rappeler les attaques massives de ces derniers 12 mois qui ont reposé sur des réseaux d’objets connectés non ou bien mal protégés ?

Y a-t-il une solution à ce problème ? Là encore la réponse devrait être simple, mais là encore elle ne l’est pas ! Car l’équation qui intègre le renforcement de la sécurité des objets connectés ne sera jamais économiquement viable ! Apporter plus de sécurité aux capteurs et micro-contrôleurs coûterait trop cher et casserait la dynamique des analytiques de la donnée, qui est pourtant l’apport de valeur de l’IoT.

L’année 2018 sera donc une années charnière en matière de sécurité, avec la priorité de repenser les modèles de sécurité à mettre en place, d’accepter l’insuffisance des mesures classiques de mises à jour, et de basculer sur des stratégies de sécurité non plus sur les objets mais sur les réseaux. Cela sera-t-il suffisant ? Que les acteurs de l’IoT commenceront par grandir et à prendre la mesure de ces trois tendances stratégiques, ils franchiront alors un grand pas vers la maturité… de l’IoT.

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