Plus de trois ans après la crise de la COVID, le retour au bureau n’a jamais été si controversé. Alors que les entreprises encouragent fortement les employés à revenir sur site, les salariés eux, ont tendance à préférer un rythme alterné entre travail à distance et physique.

Après une adoption assez large du travail hybride, les entreprises font machine arrière et demandent aux employés de revenir plus souvent sur site, quitte à leur imposer ce nouveau rythme de travail.

Mais le retour en présentiel n’est pas synonyme de plus de productivité, au contraire les travailleurs du savoir, notamment les plus jeunes, considèrent qu’un retour au bureau la ferait baisser. C’est la principale conclusion d’une étude menée par Slack.

Face à ce jeu de force entre les entreprises et les employés, le travail hybride boosté par l’intelligence artificielle combiné à des espaces de travail repensés est-il une solution ? En un mot, est-ce la fin de l’âge d’or du télétravail ?

Quelques chiffres posent le tableau :
  • 71 % des entreprises ont donné des jours de présence obligatoires à respecter

  • 46 % des Français ressentent une pression pour revenir sur site

  • 62 % des travailleurs du savoir souhaitent travailler à distance au moins la moitié de la semaine

  • 30 % des Français indiquent un lien entre retour au bureau et baisse de la productivité
Les cols blancs travaillent majoritairement sur site (68 %). Alors qu’ils ne sont que 13 % à être une grande partie de la semaine en télétravail, ils sont 62 % à vouloir travailler à distance au moins la moitié de la semaine.

Ce contraste entre la réalité du terrain et leurs envies, les Français le partagent peu importe la génération à laquelle ils appartiennent. Ils s’accordent sur un nombre idéal de jours à distance de 3 jours par semaine, soit un équilibre entre le travail distanciel et présentiel.  

Accord tacite

Si l’on s’intéresse aux personnes de 50 ans et plus, qui sont à 79 % sur site, elles sont
65 % (soit +3 points versus la moyenne nationale) à vouloir être au moins la moitié de la semaine en télétravail.

Pourtant, les entreprises sont 82 % à avoir émis des directives ou encouragements pour un retour au présentiel. Ce retour au bureau en physique est donc largement imposé : 71 % des entreprises ont donné des jours de présence obligatoires à respecter.

Face à un retour au bureau, où le présentiel est plus que recommandé — 46 % ressentent une pression pour revenir sur site — le télétravail, lui, s’organise de manière beaucoup plus hétérogène.

Alors que certains salariés peuvent venir au bureau quand ils le souhaitent (27 %), d’autres ont un accord tacite entre employés (25 %). Parfois, la direction a convenu tacitement de la présence au bureau une partie du temps (24 %).  

Relations détériorées

Pour retourner au travail, la principale motivation des Français (70 %) est d’avoir davantage de compensations financières comme la prise en charge intégrale des titres de transport, des repas pris en charge ou un service de conciergerie.

Pour 66 % des travailleurs du savoir, réduire la distance séparant le domicile du lieu de travail serait également un élément décisif au retour au bureau, tout comme l’intégration de nouvelles technologies à leur quotidien de travail (56 %).

Alors que la crise de la COVID a largement démocratisé le télétravail pour les travailleurs du savoir, pour 36 % d’entre eux le télétravail a détérioré les relations entre nouvelle et ancienne génération. Un sentiment particulièrement présent chez les moins de 35 ans qui sont 43 % à partager cet avis contre 28 % chez les 50 ans et plus.

Les travailleurs sont même 30 % à indiquer un lien entre retour au bureau et baisse de la productivité. Un retour en présentiel est synonyme, pour 60 % des répondants, de 5 à 15 minutes de plus passées sur une tâche d’une heure. Pour les moins de 35 ans, ce temps supplémentaire concerne 81 % d’entre eux. Un juste milieu existe entre ces deux mondes avec le travail hybride.