Pour l’heure, l’IA suscite plutôt le doute que l’enthousiasme par les dirigeants consultés par une vaste étude internationale d’Adecco portant sur 2000 responsables. Une majorité d’entre eux envisage d’embaucher des spécialistes que de les former. Une stratégie qui pourrait renforcer la pénurie de compétences et pousser les salaires à la hausse.
L’étude exhaustive du groupe Adecco ne montre pas une vision claire des dirigeants sur la place de l’IA dans leurs entreprises et sur la manière de l’acculturer parmi leurs salariés. Pour les dirigeants C-Suite (CEO et cadres supérieurs), le déficit actuel de compétences en IA passe par le recrutement d’experts du domaine plutôt que de faire monter leur personnel en compétences.
A la clé, cette attitude défensive va surtout augmenter le risque d'inflation salariale, aggraver la pénurie de compétences et perturber la mobilité des salariés. Ainsi, 37 % des dirigeants anticipent déjà une augmentation de salaires dans les 12 prochains mois pour les experts en IA.
Le graphique explicite ci-dessous montre la préférence pour le recrutement externe (Buy) plutôt que la formation (Build). Sur le podium des compétences recherchées figurent, en tête, les experts de l’intelligence artificielle (66 % des réponses) suivis par ceux qui possèdent une culture de la donnée (62 %) et une culture numérique (60 %).
Source graphique : Adecco
Le fait que seul un tiers des entreprises prévoit de former leur personnel pour combler les lacunes en matière de compétences numériques reste préoccupant. La culture numérique figurera parmi les compétences le plus demandées dans cinq ans pour 46 % du panel, suivis par les experts de l’IA (45 %) et les spécialistes de la donnée (42 %).
Former dirigeants et salariés plutôt que de recruter des spécialistes de l’IA
Sans surprises, 37 % des répondants pensent que le contact humain doit être privilégié sur le lieu de travail. Les recommandations d’Addeco peuvent servir de cadre de réflexion.D’abord, adopter une approche de la transformation technologique centrée sur les personnes. Noter qu’au passage, certains postes vont disparaitre. Il faut aussi veiller à appliquer une stratégie IA qui tienne compte de l'inclusion, de la sécurité, de la transparence, de la protection de la vie privée et de la responsabilité. Vastes chantiers.
La formation des dirigeants et de tous les salariés à l'IA est indispensable. Pour cela, il faudra acclimater l’IA en dépassant la phase d'expérimentation. L’IA n’est qu’un outil d’assistance aux processus et décisions.
Les dirigeants doivent ajouter à leurs tâches, le développement de leurs connaissances en matière d'IA et les mettre à jour régulièrement afin de ne pas être débordés par les mutations en cours.
Autre conseil d’Adecco, outre le renforcement des compétences, la promotion de la mobilité interne qui est essentielle. L’accent devrait être placé sur la montée en compétence en termes d’IA. En termes choisis, Adecco parle de redéploiement de la main-d'œuvre existante ce qui peut signifier des contraintes pour le personnel voire des suppressions de postes.
Les attentes des salariés sur l’apport de l’IA au quotidien sont fortes avec 60 % d’entre eux qui attendent qu'elle leur fasse gagner du temps et pour 39 % du panel, réduire les tâches répétitives pour se concentrer sur les tâches à valeur ajoutée.