Même si la transformation numérique ne s’est jamais véritablement arrêtée depuis une quarantaine d’années, l’accélération subie actuellement grâce à l’IA devrait durer. Les dépenses ont augmenté en 2023 et devraient continuer à le faire jusqu’en 2028, stimulées par la demande pour des systèmes orientés performances.

Selon le Tracker trimestriel mondial « Worldwide Quarterly Enterprise Infrastructure Tracker: Buyer and Cloud Deployment d’IDC », les dépenses en infrastructures de calcul et de stockage dans le cloud, incluant les environnements informatiques dédiés et partagés, ont augmenté de 18,5 % en glissement annuel au quatrième trimestre de 2023 (T4 2023) pour atteindre 31,8 milliards de dollars.

D’après le cabinet d’étude, les dépenses en infrastructure cloud continuent de surpasser le segment non cloud, ce dernier enregistrant une croissance de 16,4 % en glissement annuel au T4 2023, pour un total de 18,9 milliards de dollars. Quant au segment de l’infrastructure cloud, il a enregistré une baisse de 22,8 % des livraisons unitaires durant le trimestre, avec une augmentation des prix de vente moyens (PVM), principalement due à des livraisons plus élevées que la normale de serveurs GPU aux hyperscalers.

Ces chiffres indiquent que les entreprises sont de plus en plus tournées vers le cloud pour répondre à leurs besoins informatiques. Les raisons de cet engouement sont multiples, mais principalement motivées par l’IA. « Les dépenses en infrastructure cloud continuent de s’accélérer vers des configurations plus robustes, principalement alimentées par l’explosion des investissements liés à l’IA, a déclaré Juan Pablo Seminara, directeur de recherche pour les Trackers d’infrastructure d’entreprise mondiale chez IDC. Bien que certaines précautions restent de mise sur le plan sociopolitique, l’amélioration des perspectives économiques contribue à une perspective de dépenses très positive pour 2024 et 2025, où l’on s’attend à une reprise des dépenses basées sur le cloud avec des taux de croissance à deux chiffres. »  

Les charges de travail modernes sont plus gourmandes

En effet, la transition est particulièrement pertinente dans un contexte où l’IA devient un moteur clé de l’innovation et de la transformation des entreprises. Les charges de travail modernes, c’est-à-dire augmentées par l’IA, nécessitant souvent des systèmes haut de gamme orientés performances, les entreprises se tournent vers les solutions cloud pour répondre à ces besoins. L’explosion des investissements en IA, comme souligné par l’IDC, stimule donc la demande pour des configurations plus robustes. Les technologies d’IA nécessitent des capacités de calcul intensives et des solutions de stockage avancées pour traiter et analyser d’énormes volumes de données en temps réel. L’augmentation des prix de vente moyens (PVM), notamment en raison de livraisons élevées de serveurs GPU aux hyperscalaires, reflète cette nécessité d’améliorer les performances et la capacité de traitement pour supporter les charges de travail de l’inférence.

Les dépenses dans les infrastructures cloud partagées et dédiées présentent des dynamiques de croissance distinctes. Les dépenses en infrastructures cloud partagées ont augmenté de 27,0 % en glissement annuel pour atteindre 22,8 milliards de dollars, représentant 44,9 % des dépenses totales en infrastructures. Cela indique que les entreprises sont de plus en plus à l’aise avec l’idée de partager des ressources informatiques avec d’autres entreprises, probablement en raison des économies de coûts et de l’évolutivité accrue offertes par les solutions cloud partagées.  

Les dépenses devraient augmenter jusqu’en 2028

En revanche, les dépenses en infrastructures cloud dédiées ont connu une croissance modeste de 1,4 % en glissement annuel pour atteindre 9,0 milliards de dollars, ce qui suggère que certaines entreprises ont encore besoin de solutions cloud dédiées pour répondre à des exigences de sécurité ou de conformité spécifiques. L’infrastructure dédiée, bien que croissant plus modestement, reste essentielle pour les applications nécessitant des environnements contrôlés et sécurisés, une préoccupation croissante avec la démocratisation des applications d’IA critiques.

Sur le long terme, IDC prévoit que les dépenses en infrastructures cloud auront un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 12,8 % sur la période de 2023 à 2028, atteignant 199,1 milliards de dollars en 2028 et représentant 73,6 % des dépenses totales en infrastructures informatiques et de stockage. IDC prévoit que la tendance à l’adoption du cloud devrait se poursuivre dans les années à venir, probablement en raison de l’évolution continue des besoins des entreprises et des avancées technologiques accélérées par l’IA. Cela est le résultat non seulement d’une adoption accrue, mais aussi d’une intégration plus profonde de l’IA dans les processus d’affaires, nécessitant des infrastructures toujours plus performantes et spécialisées.  

Les fournisseurs améliorent leurs offres

Enfin, les dépenses de modernisation des fournisseurs de services en infrastructures informatiques et de stockage devraient suivre un chemin de croissance pour répondre à ces besoins. IDC prévoit une croissance à un TCAC de 13,1 %, atteignant 188,5 milliards de dollars en 2028. Cela devrait permettre aux fournisseurs de services cloud de continuer à jouer un rôle important dans la fourniture de solutions informatiques aux entreprises, probablement en raison de leur capacité à composer des solutions évolutives et rentables pour répondre aux besoins informatiques changeants des entreprises.

Les données de l’IDC révèlent une transformation profonde des infrastructures informatiques sous l’effet combiné de la migration vers le cloud et de la généralisation de l’IA. Pour les entreprises, cela signifie que l’investissement dans des technologies avancées n’est plus une option, mais une nécessité stratégique pour rester compétitives dans un paysage technologique en évolution. Toutefois, cette évolution nécessite des choix et une planification attentifs pour aligner les capacités techniques avec les objectifs commerciaux et les exigences réglementaires, assurant ainsi une transition sans couture vers des infrastructures plus modernes et adaptées aux défis futurs.