Enthousiasme pour les uns, fortes réticences pour les autres, ce type d’IA est vécu dans tous les cas comme une vraie rupture technologique qui va fortement modifier la nature même du travail. Les transformations à prévoir inquiètent beaucoup de responsables.

La récente enquête du cabinet d’audit et conseil américain KPMG n’est certes qu’un instantané de l’opinion d’un panel de dirigeants mais elle situe leur perplexité face à la rapide montée en puissance de cette véritable innovation disruptive. L’IA générative dont nous avons proposé une définition dans IT SOCIAL est à la fois crainte et attendue. Au début de l’année, les PDG de Google, Deepmind, OpenAI et d'autres startups de l’IA ont signé une très courte déclaration en forme d’alerte sur ses risques. Ce 14 juin 2023, le Parlement européen a adopté une position quasi unanime sur l’intelligence artificielle
(AI Act) pour finaliser à la fin de l’année la première législation au monde dans ce domaine. Elle imposerait, notamment, des règles strictes pour les cas d’usages à haut risque.

L’enquête de KPMG auprès de cadres américains indique une prise de conscience des profonds changements à venir avec 72 % d’entre aux déclarant que l'IA générative pourrait jouer un rôle important dans l'augmentation de la productivité. Les deux tiers (66 %) des répondants estiment qu'il y aura un changement dans la façon dont les gens travaillent à l'avenir. Une proportion quasi identique (62 %) pense que l’IA pourrait favoriser l'innovation et créer davantage de produits et de services.

Les risques importants anticipés par les répondants à l’enquête

Côté pessimiste, l'IA générative montre aussi les préoccupations voire inquiétudes des responsables d’entreprise sur les implications négatives potentielles. Ainsi, 47 % d'entre eux s'attendent à une diminution de la sécurité de l'emploi et 41 % s'inquiètent d'une réduction des possibilités de développement global. Pire, près de deux cinquièmes (39 %) pensent qu'il pourrait y avoir une augmentation des comportements antisociaux au bureau, car ils s'attendent à ce que l'IA générative réduise les interactions sociales en isolant les salariés.

Felicia Lyon, directrice, Human Capital Advisory de KPMG, résume les deux aspects de la rupture des modes de travail. «D’une part, comment […] le personnel en première ligne peut-il être impliqué dans l'incubation, le test de nouvelles technologies d'IA, et l'impact sur le travail et les emplois ?

D’autre part, comment déconstruire le travail, en tirant le meilleur parti de l'IA pour accomplir les tâches plus rapidement et en reconstruisant de nouveaux rôles et emplois […] avec un engagement élevé des employés ? »

Un consensus semble se dégager: l'IA générative nécessite de nouveaux talents et de nouvelles formations. Deux tiers des cadres américains (66 %) déclarent ainsi que la mise en œuvre de l'IA générative nécessitera l'embauche de nouveaux profils spécialisés et la formation des talents existants. Plus précisément, 71 % des cadres pensent que le secteur IT devra recruter et former des salariés pour une mise en œuvre réussie de l'IA générative. Les connaissances les plus citées pour accompagner cette évolution sont le machine learning (ML), le traitement du langage naturel (NLP), le text-to-speech et le speech-to-text. Une véritable gageure lorsqu’on connait la pénurie de talents actuelle dans tous ces domaines.