Depuis que l’informatique dite personnelle, ou micro-informatique, a mis les PME et les petites structures sur un même pied d’égalité avec les grandes entreprises, les innovations technologiques ont de tout temps servi à augmenter les capacités des petits face aux grands. Avant l’ordinateur de bureau, les systèmes informatiques étaient volumineux, coûteux et principalement accessibles aux grandes entreprises disposant de ressources substantielles, notamment des ingénieurs et des développeurs. Les PC ont permis aux PME de gérer leurs opérations, de la comptabilité à la gestion des stocks, avec une efficacité comparable à celle des grandes entreprises, mais à une fraction du coût.
L’avènement d’Internet, du cloud et du SaaS a permis à des startups de devenir des géants dans leurs domaines. C’est le cas emblématique d’Amazon, une modeste librairie en ligne à ses débuts, et qui a pu rivaliser avec de grandes chaînes de magasins, redéfinissant le commerce de détail grâce à des approches commerciales et marketing disruptives, et démontrant le potentiel des PME utilisant efficacement l’IT.
La technologie ne cesse de redéfinir les paradigmes industriels et sociaux, et l’IA n’est pas en reste dans cette dynamique évolutive, bien au contraire. Une étude récente publiée par Dassault Systèmes et menée par le cabinet d’études CITE Research, dévoile une perspective nuancée sur les tendances actuelles en matière d’intelligence artificielle et de transformation numérique des petites et moyennes structures. En interrogeant
1 000 employés du secteur technologique à travers les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Italie, cette recherche met en lumière les défis et les opportunités spécifiques auxquels les startups et les petites et moyennes entreprises doivent faire face dans ce paysage en mutation.
Les « petits » doivent exploiter leur agilité pour doubler les « grands »
Bien que les conclusions de l’étude signalent un consensus parmi les répondants, l’IA est destinée à révolutionner à la fois l’industrie et la société, la dynamique d’une adoption massive est grevée par des difficultés cumulatives. Le manque de compréhension est cité en premier, car il ne permet pas d’envisager les possibilités offertes par l’exploitation de ses pleines capacités. Mais, loin de représenter un handicap, ce retard ouvre une fenêtre d’opportunité incomparable pour les PME et les jeunes pousses, qui, grâce à leur flexibilité et leur capacité d’adaptation, peuvent intégrer des technologies d’IA de pointe pour se démarquer de leurs concurrents plus grands et plus lents à évoluer.Bien que l’utilisation de l’IA soit répandue, avec 84 % des entreprises autorisant son déploiement et 68 % utilisant des chatbots, l’étude révèle un potentiel significatif pour des applications d’IA plus avancées. Des domaines comme la conception assistée par IA, les intégrations de systèmes et l’apprentissage automatique ouvrent des boulevards pour améliorer drastiquement la performance organisationnelle. Cependant, ces technologies restent sous-utilisées, suggérant que les entreprises qui les adopteront activement pourront réaliser des gains de performance substantiels.
Le déficit de compétences spécialisées freine les volontés
Un obstacle majeur identifié est le déficit croissant de compétences en informatique et en cybersécurité. Avec 64 % des répondants admettant les difficultés de recrutement et 73 % exprimant des préoccupations quant aux défis de la cybersécurité, il est clair pour les rédacteurs de l’étude que le manque de compétences spécialisées représente un frein significatif. Pourtant, estiment-ils, cela indique également une opportunité pour les PME qui peuvent attirer et former des talents dans ces domaines critiques, leur offrant un avantage concurrentiel dans un marché de plus en plus menacé par les cyberattaques et les exigences technologiques complexes.L’étude met en évidence le fait que, malgré la prise de conscience de l’importance de la transformation numérique, 87 % des entreprises reconnaissent devoir progresser dans ce domaine. Les barrières perçues, telles que les coûts de mise en œuvre et le manque de compétences en gestion de la transformation, sont particulièrement prégnantes chez les grandes entreprises, offrant ainsi aux PME l’occasion de prendre de l’avance grâce à des initiatives numériques plus agiles et moins coûteuses.
L’étude de Dassault Systèmes démontre que, malgré les défis posés par le paysage technologique actuel, les PME se trouvent à un point d’inflexion stratégique. En exploitant les capacités de l’IA, en comblant le déficit de compétences, notamment en cybersécurité, et en embrassant pleinement la transformation numérique, les PME peuvent non seulement naviguer, mais aussi prospérer dans cet environnement. Les startups et les PME agiles et innovantes sont donc bien placées pour dépasser les entreprises plus grandes et moins adaptatives, marquant ainsi le début d’une ère où la flexibilité, l’innovation et l’expertise spécialisée deviennent les principaux moteurs de succès.