La transformation numérique n’est pas un événement ponctuel, mais un processus continu, nécessitant des capacités stratégiques à long terme. Les transformations qui échouent font souvent une ou plusieurs de trois erreurs typiques : ne pas se concentrer sur les rôles critiques pour la transformation, puiser dans un bassin de talents trop limité et manquer de vision pour l’avenir.

La transformation numérique est impérative pour toute entreprise cherchant à rester compétitive dans l’économie moderne. Dans le contexte actuel, marqué par une explosion des données et une démocratisation rapide des technologies d’IA, les entreprises qui n’ont pas suffisamment avancé dans la modernisation de leur système d’information subissent un désavantage critique.

Ces entreprises ont laissé se creuser un fossé technologique et compétitif, rendant difficile la performance dans un environnement où les données et l’analytique sont au cœur de la prise de décision stratégique et opérationnelle, de l’innovation, des gains de productivité…

Une étude de Bain & Company publiée récemment, met en lumière des aspects cruciaux de la transformation des entreprises qui sont particulièrement pertinents dans le contexte actuel d’évolution rapide des technologies, notamment l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine. Ces technologies transformatrices sont aussi structurantes, car elles nécessitent une chaîne de traitement allant des données (propres et cataloguées) aux infrastructures de calcul, qu’elles soient sur site ou dans le cloud.  

De l’importance d’une planification stratégique rigoureuse

Les enseignements tirés de l’étude de Bain & Company soulignent l’importance d’une planification stratégique rigoureuse, d’une gestion efficace des talents, et d’une anticipation visionnaire de l’avenir. Sans ces éléments, les entreprises risquent non seulement de perdre du terrain face à des concurrents plus agiles et technologiquement avancés, mais aussi de se trouver engagées dans un « marathon » interminable pour rattraper leur retard, un défi d’autant plus redoutable à l’ère de l’accélération technologique et de la disruption continue.

Selon l’étude, les échecs des transformations d’entreprise découlent souvent de trois erreurs principales : le manque de focalisation sur les rôles critiques pour la transformation, la dépendance d’un vivier de talents trop restreint, et une préparation insuffisante pour l’avenir.  

1 - Focalisation insuffisante sur les rôles critiques

Fréquemment, les entreprises omettent de connecter efficacement leurs priorités stratégiques aux résultats spécifiques nécessaires dans les deux à trois années suivantes. Cette lacune rend difficile l’identification des rôles clés qui seront essentiels pour atteindre ces résultats et déterminer qui est le mieux qualifié pour les occuper. En conséquence, il n’est pas rare que les postes critiques soient occupés par des personnes inadéquates.

La recherche de Bain montre que 76 % des organisations ayant réussi leur transformation comprenaient clairement quels rôles et quelles missions étaient critiques, contre seulement 58 % chez les moins performants. Bain souligne que 90 % de la valeur et des résultats d’une transformation proviennent de moins de 5 % des rôles, illustrant l’importance cruciale de placer les individus les plus compétents dans ces positions stratégiques. Par exemple, dans une entreprise technologique, le rôle d’un architecte de données pourrait être crucial pour orienter les initiatives de transformation numérique vers le succès.  

2 - Dépendance à un vivier de talents limité

Se reposer uniquement sur les « vedettes » de l’entreprise, souvent sursollicitées, mène à leur épuisement et peut compromettre l’ensemble du processus de transformation. Ces talents clés sont fréquemment chargés de responsabilités supplémentaires pendant la transformation, en plus de leurs tâches habituelles, ce qui augmente le risque d’épuisement professionnel. À l’opposé, les entreprises performantes, selon l’étude de Bain, assurent que les individus impliqués dans les transformations disposent d’au moins la moitié de leur temps dédié à ces nouveaux rôles.

Environ 56 % des organisations efficaces évitent de surcharger leurs leaders, comparées aux 44 % des moins performantes. L’instauration d’un directeur de la transformation dédié (Chief Transformation Officer, CTO), supervisant les initiatives, peut significativement augmenter les chances de succès, avec une amélioration de 24 % de la réalisation des objectifs prévus selon les données de Bain couvrant plus de 24 000 projets de transformation.  

3 - Préparation insuffisante pour l’avenir

Investir insuffisamment dans le développement des capacités stratégiques à long terme peut s’avérer préjudiciable pour la pérennité de la transformation. Selon Bain, plus de la moitié des entreprises à haute performance sont jugées déficientes en termes de capacités nécessaires pour occuper des rôles critiques à moyen et long terme. Pour combler ces lacunes, il est essentiel de développer des compétences au-delà des exigences opérationnelles immédiates, en se concentrant sur des aptitudes plus inspirantes, telles que la capacité à motiver et à inspirer les autres.

Les stratégies pour développer ces compétences incluent des formations en salle, de l’apprentissage pratique sur le terrain, du coaching, des rotations de postes, et l’utilisation d’incitations comportementales telles que des feedbacks automatiques obtenus des subordonnés directs. Cette approche multidimensionnelle assure non seulement que les talents actuels sont préparés pour les défis futurs, mais renforce également la culture d’innovation et d’adaptabilité nécessaire dans un paysage économique en constante évolution.