En 2013, une étude menée par des chercheurs d’Oxford affirmait que la moitié des emplois aux Etats-Unis pouvaient être potentiellement automatisés. Trois ans après, les analystes de McKinsey ont largement revu cette vision à la baisse. Faut-il s’en réjouir et se montrer optimiste ?
L’étude des chercheurs de l’université d’Oxford avait fait grand bruit à l’époque. Elle sert encore de référence à de nombreuses organisations qui s’élèvent contre la robotisation et l’automatisation, soupçonnées de participer à terme au remplacement de l’homme par la machine.
Trois ans après, une étude de McKinsey (parue fin 2016) vient réviser cette vision, et affirme, après avoir étudié 830 emplois, que seuls 5% d’entre eux peuvent être totalement automatisés. On pourra objecter que l’étude d’Oxford portait sur une vision à une à deux décades, soit globalement à 20 ans, alors que celle de McKinsey est une projection à plus court terme. La vérité est probablement entre ces deux visions.
Pour McKinsey, l’important n’est pas de se focaliser sur la qualification de ‘remplaçable’ ou de ‘non remplaçable’ qui peut être associée à un emploi, mais plutôt d’évaluer son potentiel d’automatisation. Et le résultat est que ce potentiel est très variable, mais qu’en aucun cas l’humain ne pourra être totalement remplacé par la machine.
Part du travail humain qui peut être automatisée selon le secteur
- 73% - Préparation et services culinaires
- 60% - Industrie (manufacturing)
- 60% - Transports et stockage
- 60% - Agriculture
- 57% - Commerce de détail
- 53% - Extraction minière
- 51% - Autres services
- 49% - Construction
- 44% - Utilities (fourniture eau, gaz, électricité...)
- 44% - Grande distribution
- 43% - Finance et assurance
- 41% - Arts et loisirs
- 40% - Immobilier
- 39% - Administration (tâches administratives)
- 36% - Santé et assistance sociale
- 36% - Information et médias
- 35% - Professionnels (conseil)
- 35% - Management
- 27% - Education
Notons que le patron de l’entreprise, le PDG-CEO, peut également être touché par la vague de l’automatisation, qui ne porterait que sur 25% de sa fonction. Un phénomène qui ne concernerait pour partie que l’analyse des rapports et des résultats qui serait confiée à l’intelligence artificielle, alors qu’une part importante de sa mission continuera de porter sur le coaching de ses équipes.
L’attirance des promesses de l’automatisation
On le voit, rares sont les métiers qui seront intégralement automatisés. Ils existent, pourtant, et de nombreuses entreprises sont tentées par les promesses associées aux robots :
- Réduction des coûts
- Augmentation de la production
- Réduction du nombre des salariés pour augmenter les salaires de ceux qui restent
- Augmentation des profits pour les actionnaires
Amazon l’a démontré, en multipliant par plus de 3 le nombre des robots qui traitent les commandes dans ses entrepôts (environ 45.000, soit 1 robot pour 4 salariés), le groupe limite l’augmentation du nombre de ses salariés mais augmente largement ses résultats.
Et la productivité ?
Pour autant, McKinsey a calculé que l’automatisation pourrait augmenter la productivité des entreprises dans les pays occidentaux de 0,8% à 1,4%. Soit globalement non pas faire exploser la productivité, mais la maintenir au même rythme de progression qu’au cours des 50 dernières années, dont la principale révolution a porté sur l’informatique et Internet.
Que faut-il en penser ? Faut-il être inquiet ou se montrer plutôt optimiste ? Il n’y a pas de réponse en l’état, car le monde change très (trop !) vite au rythme des technologies. Et donc l’avenir demeure assez obscur. Impossible cependant de nier que l’automatisation rendra de nombreux emplois obsolètes.
Retenons le discours d’Elon Musk, qui au dernier World Government Summit a suggéré, évoquant l’automatisation et ses bénéfices, a déclaré qu’il sera nécessaire de créer un revenu de base universel. Reconnaissez que ce n’est certainement pas dans la bouche du CEO et fondateur de Tesla et de SpaceX que vous attendiez un tel discours…
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