Selon une étude du Groupe Everest réalisée l'an dernier, 73 % des entreprises n'ont pas réussi à tirer quelque valeur commerciale que ce soit de leurs efforts de transformation numérique.  Quelles sont les principales raisons de ces échecs ?

« Dans un avenir proche, toutes les entreprises n’auront d’autres choix que d’être numériques, mais les recherches du Digital Transformation Index tendent à montrer qu’une large majorité d’entre elles a encore un long chemin à parcourir, » expliquait début 2019 Michael Dell.

Le Chairman et CEO de Dell Technologies s’exprimait à l’occasion de la présentation des résultats du dernier baromètre DTI de Dell Technologies réalisé en collaboration avec Intel et Vanson Bourne (4600 chefs d’entreprise interrogés dans 40 pays).

Principaux constats : les marchés émergents sont les plus matures sur ce plan, l'Inde, le Brésil et la Thaïlande arrivant en tête du classement mondial. Par contre, la France termine à l’avant-dernière position des marchés développés avec un score de 38/100 !

Bref, entre les effets d’annonce et la réalité, il y a une grosse différence. Différents facteurs peuvent expliquer les échecs des projets de transformation numérique.

Engagez-vous !

Par manque de volonté, de visibilité ou de stratégie précise, la direction d’une entreprise peut stopper le projet au milieu du guet. Elle avait pourtant réussi sa phase 1, au cours de laquelle elle avait mis à niveau son ancien logiciel SAP en vue d'en faire le fondement de sa mutation.

Mais les étapes suivantes ont été considérées (à tort ou à raison) comme trop perturbatrices. Les changements interfonctionnels à l'échelle de l'entreprise semblaient trop importants. C’est la fameuse résistance aux changements.

Multiplier les réunions axées sur la nécessité d'un changement ne sert à rien si la direction ne s'engage pas dans un changement massif. Mais elle n’est pas la seule concernée ! Trop souvent, les métiers et les collaborateurs ne sont pas, ou peu, impliqués dans ce projet. Or, ils sont aux premiers rangs.

La direction doit donc bâtir une vision collective profondément ressentie et comprise, même si les détails de la façon de la réaliser ne sont pas toujours connus à l'avance. Or cette démarche nécessite de la méthode, de la communication et de la patience.

Rome ne s’est pas fait en un jour ; la transformation numérique, non plus. Il faut du temps pour susciter l'engagement et comprendre pourquoi le changement est nécessaire.

Ne brulez pas les étapes !

« Qui veut voyager loin ménage sa monture » : ce conseil de Racine devrait être repris par de nombreuses organisations. Certaines présentent une vision, établissent une analyse de rentabilité puis élaborent un plan détaillé sur deux ans ou 18 mois pour la mettre en œuvre. Cette approche affiche une très forte proportion d'échecs.

À cause de la concurrence très forte ou de l’arrivée d’acteurs disruptifs, des entreprises décident (plus ou moins dans la précipitation) de moderniser leur système d'information. Elles constatent quelques succès modestes et rapides. Mais rapidement, c’est la douche froide.

Elles n'ont pas changé leur mentalité à l'égard du processus budgétaire pour se concentrer sur l'atteinte des résultats escomptés (plutôt que sur une analyse de rentabilisation). Aller plus vite exigerait d'inciter les collaborateurs à prendre des risques. Par manque de visibilité principalement.

Lors de la planification pluriannuelle de ce programme de transformation numérique, il est indispensable de le diviser en projets et objectifs à court terme qui peuvent produire des résultats mesurables. En un mot, mieux vaut de petits sprints qu’un long sprint qui va essouffler tout le monde.

Le découpage en différentes étapes permettra aux employés et aux dirigeants d’avoir toujours plus d'énergie, d'élan et de soutien pour continuer à avancer.

Ne vous focalisez pas que sur la technologie !

Dès qu’on évoque la modernisation d’un Système d’information, on cite volontiers la migration vers le cloud et l’intégration de nouveaux outils innovants.

Ce sont en effet des pistes pertinentes. Mais elles peuvent vite se transformer en un gouffre financier. En s’appuyant sur un projet bien établi, coordonné et soutenu par tous les métiers, les entreprises connaitraient peut-être moins d’échecs.

Des investissements technologiques simples, dont la mise en œuvre ne prend que quelques mois, apportent plus de valeur et de bénéfices à une organisation que l’adoption d’une énorme machinerie par trop complexe.

La meilleure approche consiste à commencer par comprendre comment l'entreprise doit évoluer pour proposer de meilleures expériences aux clients et aux collaborateurs. Ensuite, il convient de se concentrer sur la mise en œuvre de technologies qui apporteront une partie de cette valeur dès le départ.

Source :enterprisersproject.com