Les usages du numérique auprès de l’ensemble de la population ont fortement progressé depuis la pandémie. Et ce recours de plus en plus courant aux outils digitaux n’a pas impacté la confiance de nos compatriotes… jusqu’à un certain point comme le constate l’Acsel (principale association multisectorielle et transversale du numérique en France) dans son dernier baromètre.
Commençons par quelques statistiques extraites de ce baromètre reposant sur les réponses de 1 247 internautes français.es âgé.es de 15 ans et plus :
- 46 % des Français ont confiance dans le numérique (taux le plus haut depuis 10 ans)
- Mais 71 % estiment les escroqueries de plus en plus fréquentes
- Les 15-24 ans se détournent des sites de e-commerce classiques, ils ne sont plus que 13 % à acheter par ce biais
- 57 % des 15-24 ans se disent prêts à évoluer dans le Metavers
- 65 % des moins de 35 ans se déclarent confiants face à l’IA
- L’identité numérique certifiée reste le principal levier de confiance et de protection selon les Français : 58 % utilisent l’identification FranceConnect.
Les jeunes délaissent le e-commerce
Les Français n’ont jamais eu autant confiance dans le numérique : 46 %, soit 3 points de plus qu’en 2021 et même 9 pts de plus qu’en période précovid. Quant à ceux qui se montrent plus méfiants, 41 % estiment le risque modéré, tandis qu’ils ne sont que 6 % à considérer une navigation en ligne comme « tout à fait risquée ».Les jeunes, à qui l’ACSEL consacre cette année un volet complet de son baromètre, ont également clairement conscience des risques, même si cette défiance n’empêche pas le recours au numérique surtout lorsqu’il innove (Métavers, cryptomonnaies…).
Fait marquant du baromètre, les jeunes se détournent des sites de e-commerce classiques, ils ne sont plus que 13 % à acheter par ce biais contre 23 % lors du dernier baromètre : une chute sévère de 10 points !
Près de 1 sur 2 déclare ainsi un manque de confiance dans ce modèle (46 %). Ils sont également plus méfiants que la moyenne quant à la capacité des réseaux sociaux à garantir la protection de leurs données personnelles (54 % pour les 15-24 ans, soit -6 pts vs 2021).
De façon globale, cette étude rappelle qu’utiliser davantage le numérique, c’est aussi s’exposer plus fortement aux risques. Ainsi, les escroqueries sont perçues comme de plus en plus fréquentes par une large majorité de Français (71 % en hausse de 7 pts vs 2021).
Ce ressenti se traduit dans les faits, puisque le nombre de personnes interrogées qui se déclarent victimes d’une escroquerie en ligne (arnaque à l’assurance maladie, phishing, piratage, fraude à la carte bancaire, virus…) augmente lui aussi de 3 pts vs 2021 (45 %).
Ils sont d’ailleurs à peine plus de la moitié (51 % en chute de 9pts) à faire confiance à ces plateformes pour mieux réguler leurs contenus (éviter les faux comptes et la diffusion de fake news, lutter contre le harcèlement en ligne…). Là aussi, les jeunes se montrent plus méfiants que la moyenne.
Lorsque l’on demande aux Français s’ils se sentent convenablement informés sur les manières de se prémunir contre les escroqueries en ligne, ils sont encore 59 % à estimer l’être suffisamment, voire « très bien » ; mais ce chiffre est en baisse de 3 points vs 2021.
S’ils se sentent plutôt bien armés contre le piratage de leurs données bancaires (49 %) et les tentatives de phishing (49 %), ils craignent en revanche davantage :
- les usurpations d’identité (42 % seulement s’en disent protégés)
- les abonnements cachés (42 %)
- les ventes de contrefaçons en ligne (39 %).
Pour autant, si le sentiment de risque augmente, les Français se révèlent plutôt passifs. Ainsi, 46 % seulement ont renforcé leur vigilance sur Internet depuis l’an dernier (52 % des 65 ans et plus) ; 30 % ont installé des logiciels ou applications de type antivirus, pare-feu ou VPN.
Métavers et cryptomonnaies
Cette défiance n’empêche cependant pas l’usage. Ainsi, les jeunes sont moteurs dans l’achat et la vente sur les réseaux sociaux, même si ce canal reste encore embryonnaire : 42 % déclarent l’avoir déjà pratiqué, contre 31 % pour l’ensemble de la population.Par ailleurs, 70 % d’entre eux sont abonnés à des influenceurs (vs 35 % pour la population globale). Ils sont également plus ouverts à l’usage des cryptomonnaies dans lesquelles ils sont prêts à investir pour 43 % d’entre eux (27 % pour l’ensemble du panel) ou pour réaliser des paiements (44 %) contre 26 %. 15 % des 15-24 ans utilisent les NFT contre 9 % pour l’ensemble des Français.
Ils se montrent également très intéressés par le Métavers dans lequel ils se disent prêts à évoluer (57 %), contrairement à la population générale réticente à l’idée de s’y installer (35 %).
Enfin face à l’IA, au cœur de l’actualité avec ChatGPT, les moins de 35 ans se déclarent confiants à 65 % (54 % pour la moyenne des répondants).
La santé est une préoccupation majeure des Français. 69 % des personnes interrogées estiment aujourd’hui avoir confiance dans les dispositifs numériques qui permettent de faire de la prévention dans ce domaine (applications sur smartphone, objets connectés…). Cette confiance est, là encore, renforcée par l’usage (72 % des utilisateurs sont confiants).
Les technologies numériques sont également bien perçues dès lors qu’elles viennent soutenir les actions en faveur de la protection de l’environnement ou de la consommation énergétique. 68 % des répondants leur font notamment confiance pour suivre, maîtriser et réduire ce type de dépense et leur empreinte carbone.
De la même façon, la transmission de leurs données personnelles n’est pas un véritable souci dès lors qu’elle leur est utile : 76 % l’acceptent dans le cadre de la simplification de leurs démarches administratives ; 68 % pour améliorer leur suivi médical ; 66 % pour sécuriser leurs transactions.
En revanche, dès que la technologie ne se révèle pas essentielle, les Français s’en détournent, ainsi la géolocalisation à des fins commerciales n’intéresse que 39 % des sondés (en chute de 7 points vs 2021). La possibilité d’évoluer dans le Métavers est jugée adaptée pour 45 % aux loisirs, mais peu adaptée pour les transactions bancaires selon 23 % des répondants.