Que ce soit de nouvelles tendances nées de la distanciation et du confinement, ou des lames de fond qui balaient la transformation numérique des entreprises, l’année 2021 sera certainement celle de l’accélération. Voici la seconde partie des prédictions de Werner Vogels.
Dans ses quatre premières prédictions, le CTO d’Amazon mettait en avant la continuité de la ruée sur le cloud, la généralisation de l’apprentissage automatique ainsi que la large adoption de la vidéo et de l’audio dans les communications et la collaboration, et enfin, la numérisation du monde physique grâce aux modèles mathématiques, à l’IA et à l’apprentissage automatique. Dans cette partie, il met l’accent sur une tendance née de la crise : l’apprentissage à distance.
Tandis que le cloud se généralise dans les petites structures et dans les pays émergents de l’Asie du Sud-Est et l’Afrique, Werner Vogels pense que l’informatique quantique pourrait connaître un bond en avant. Vœux pieux ou méthode Coué, c’est sans doute quelque peu prématuré, car pour qu’un domaine se démocratise, il doit s’appuyer une plateforme stable et standardisée. On en est encore loin. C’est sans doute au niveau des outils de développements algorithmiques qu’il faut interpréter l’optimisme du CTO d’Amazon, car dans ce domaine il peut y avoir quelques avancées durant l’année 2021, mais on sera encore plus proches des applications de recherche et de validation des modèles, que des applications quantiques en mode SaaS.
Enfin, Werner Vogels ouvre les perspectives vers la prochaine frontière de l’exploration humaine… de la terre : l’espace. Grâce aux données satellitaires, les humains pourront accéder à des informations qui leur permettront de mieux gérer les ressources et les tendances du réchauffement climatique. L’usage des données récoltées par les satellites permettra d’uvrir les portes aux nouveaux usages plus responsables.
1L’apprentissage à distance gagne sa place dans l’éducation
Au cours des dernières années, nous avons assisté à des changements radicaux dans quasiment tous les secteurs, à l’exception de l’éducation. La plupart des établissements d’enseignement fonctionnent de la même manière depuis des années. Et si nous avons lentement commencé à voir des changements grâce à des options en ligne comme Coursera, l’éducation a été contrainte de se réinventer rapidement, presque plus que tout autre secteur. Et il n’y a pas de retour en arrière.
L’accès à la technologie a joué un rôle énorme dans l’éducation des étudiants à travers le monde pendant cette pandémie. « L’année prochaine, nous verrons que l’apprentissage à distance peut fonctionner, constituer une meilleure option pour certains, et jouer un rôle positif et plus durable dans l’éducation », affirme Werner Vogels.
La pandémie nous a obligés à nous adapter. Mais nous n’avons pas besoin d’une crise sanitaire mondiale pour que les cours en ligne aient un sens. La possibilité de suivre des cours (et de travailler) à distance à tout moment signifie également que les enfants peuvent rester à la maison lorsqu’ils sont malades, tout en continuant à suivre leur scolarité et en ne prenant pas de retard sur leurs camarades de classe. Et s’il n’y a pas d’école du tout ? Avec une connexion internet, il y a au moins la possibilité de suivre un certain type d’enseignement.
2Les petites entreprises vont se précipiter vers le cloud, et l’Asie du Sud-Est et l’Afrique subsaharienne montreront la voie
En 2021, les petites entreprises commenceront à utiliser le cloud pour atteindre leurs clients, et nous assisterons à une explosion de l’utilisation des technologies qui répondront aux besoins de ces petites entreprises. Cela les aidera à implémenter leurs projets, de la mise en place d’un chatbot pour répondre aux questions les plus fréquemment posées, à celle d’un système de gestion des relations avec la clientèle très simple, utilisable en quelques minutes. Les petites entreprises pourront ainsi bénéficier d’architectures et d’applications sophistiquées sans avoir à investir trop de temps et d’argent.
Un fait peu connu est que seulement 47 % des petites et moyennes entreprises aux États-Unis ont leur propre site web. On s’attend à ce que ce chiffre augmente en 2021. Pour étendre cette tendance à l’échelle mondiale, nous devrions nous tourner vers les pays d’Asie du Sud-Est comme l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam, ainsi que les pays africains comme le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud pour montrer la voie.
« Pendant mon séjour dans ces régions, j’ai vu un grand potentiel parmi leurs petites et moyennes entreprises et j’ai toujours été inspiré par leurs histoires, explique Vogels. En Afrique subsaharienne, 90 % des entreprises sont des petites entreprises, qui représentent 40 % du PIB et 700 milliards de dollars dans l’économie. Dans les pays d’Asie du Sud-Est, les petites et microentreprises représentent 99 % des entreprises dans plusieurs secteurs clés, notamment le tourisme et l’artisanat. La pénétration en ligne dans ces pays est déjà l’une des plus élevées au monde, ce qui permet aux petites et microentreprises d’aller au-delà de leur communauté et de continuer à commercer même lorsque leur environnement proche ferme ».
Comme ces petites entreprises apportent au monde leurs perspectives uniques et souvent des produits artisanaux, on peut s’attendre à ce qu’elles commencent à surpasser beaucoup des pratiques commerciales visibles dans les pays plus établis. Ces pays ne sont pas accablés par une technologie héritée ou une réflexion sur ce qui est possible pour eux, ils ne s’imposent pas de limite.
3L’informatique quantique commence à s’épanouir
Nous avons vu à maintes reprises dans le passé que si vous pouvez démocratiser la technologie la plus avancée et la plus complexe et la rendre abordable, disponible et compréhensible pour le plus grand nombre, de grandes choses se produisent.
Lors de re:Invent 2019, nous avons annoncé Amazon Braket, un service d’informatique quantique entièrement géré qui aide les chercheurs et les développeurs à se lancer dans cette technologie pour accélérer la recherche et la découverte, et en 2020, nous l’avons mis à la disposition de tous. Avant Amazon Braket, seuls les instituts de recherche les plus avancés au monde ou les entreprises les plus riches avaient accès à l’informatique quantique. Avec Amazon Braket, tout le monde peut désormais utiliser des machines quantiques pour seulement 0,30 $.
Il ne fait aucun doute que nous ne sommes qu’au début de cette approche de l’informatique, mais c’est là le but de Braket. Lorsque les entreprises et les institutions commenceront à expérimenter le quantique pour la première fois, et lorsque cette expertise commencera à dépasser le monde universitaire, nous verrons, au sein des entreprises, les premières ébauches de produits et de services qui s’articulent autour de cette technologie. Comme nous l’avons vu avec le ML, lorsque l’écosystème du logiciel pourra réellement tirer parti du matériel, nous verrons des milliers d’applications prendre forme.
Avec le temps, probablement au cours des dix prochaines années, vous verrez l’informatique quantique transformer des domaines tels que le génie chimique, la science des matériaux, la découverte de médicaments, l’optimisation des portefeuilles financiers, ou encore le Machine Learning. D’après notre expérience dans la mise en place de technologies avancées de l’informatique dématérialisée à la portée de tous, 2021 sera l’année de l’épanouissement pour l’ordinateur quantique.
4L’ultime frontière...
Plutôt que de faire le tour du monde, nous devrions nous élever au-dessus de lui pour que la technologie puisse réaliser son potentiel dans notre quête de vivre mieux.
En 2019, nous avons lancé un service appelé AWS Ground Station qui permet de contrôler les communications par satellite, de traiter les données et de dimensionner les opérations sans avoir à se soucier de la construction ou de la gestion de sa propre infrastructure de station au sol. Ce service a connu un essor fantastique, mais nous pensons que ce n’est que le début. En 2021 et dans les prochaines années, je prédis que le domaine spatial sera celui dans lequel nous observerons certaines des plus grandes avancées en matière de technologies de l’informatique dématérialisée.
Nous constatons déjà que la possibilité d’accéder à des données satellitaires et de les traiter aide les chercheurs à suivre la fonte des glaces, les agences maritimes à protéger les réserves marines vulnérables et les agronomes à mieux prévoir l’approvisionnement alimentaire. Les startups cherchent à faire du domaine spatial le foyer d’un nouveau type de réseaux rapides et sécurisés. En rendant l’accès au domaine spatial abordable et accessible à tous les développeurs, je suis impatient de voir les innovations qui reviendront sur terre et qui pourront tous nous aider à croître et à prospérer.