Dans un article récent, nous nous demandions si le boom du commerce en ligne n’annonçait pas un changement des habitudes d’achat après la crise. Les enquêtes qui sortent actuellement, deux jours après le début progressif du déconfinement, donnent une réponse assez tranchée sur la question.
Les études qui analysent les effets du confinement sur la modification de la perception des Français par rapport à divers sujets font légion actuellement. Et il y a de quoi, car le confinement a agi comme un choc dont les répercussions devraient se faire sentir très rapidement sur les comportements de consommation, comme le rapport aux réseaux sociaux et les nouvelles formes de socialisation, les modes de consommation éthiques, et la généralisation du e-commerce. Dans ce contexte, les entreprises du numérique sont bien placées pour profiter des répercussions de ces nouveaux comportements sur les besoins des entreprises de ces écosystèmes.
Parmi tous les domaines cités, le recours au digital pour les activités les plus courantes de la vie quotidienne est plébiscité par les Français. Dans une étude de l'éditeur Kameleoon, réalisée auprès de plus de 5000 consommateurs, « les habitudes de consommation des Français sont amenées à évoluer durablement à l’issue du confinement imposé par la pandémie du Covid-19 : 22 % d’entre eux se déclarent nouvellement convertis au digital pour leurs actes de la vie quotidienne (courses, divertissements, lecture de la presse, téléconsultations médicales, etc.) ».
Le rapport aux marques est moins conciliant qu’avant
Dans un contexte de fermeture généralisée des services et des commerces, les Français ont eu davantage recours au digital. Ils sont 32,7 % à avoir utilisé encore plus qu’avant le digital pour les besoins les plus divers : les achats, les distractions, la lecture de la presse, les démarches en ligne, les consultations médicales, etc. Avec 34,5 %, les proportions sont sensiblement similaires dans les pays comparables avec 37 % aux États-Unis, 32 % au Royaume-Uni et 24,2 % en Allemagne. Seule l’Italie fait un bond de 43 %.
Outre le changement d’habitudes, le rapport aux marques a également évolué pendant le confinement, devenant moins complaisant. Pour près de 60 % des Français, l’expérience digitale proposée pendant le confinement a eu un impact sur leur relation aux marques (achats, engagement plus fort ou, à l’inverse, éloignement et départ chez la concurrence).
Les loisirs et l’alimentation ont connu de fortes progressions
En France, tous les types d’activité ne connaissent pas le même engouement. Ce sont les divertissements qui arrivent en tête : plus de 55 % des consommateurs affirment y consacrer plus de temps (54 % au niveau international, 69 % des Italiens), 11 % d’entre eux déclarent même y passer deux fois plus de temps qu’avant le confinement. La seconde activité digitale en croissance est la lecture de la presse en ligne (+41 % en France et 47 % au niveau international). Ils sont 5 % des consommateurs français à déclarer y consacrer deux fois plus de temps.
Bien que ce soit les divertissements (films, musiques, livres, etc.) qui ont vu leur part digitale progresser le plus fortement, et c’est compréhensible dans un contexte d’enfermement, c’est le e-commerce qui semble bénéficier d’une modification des comportements plus durable. En effet, le temps consacré aux loisirs (films, séries…) diminuera obligatoirement après la reprise, réduisant inexorablement la consommation de tels produits. En revanche, les besoins en biens de consommation durable et courante ne baisseront pas.
Le secteur de l’alimentation et de l’épicerie a drainé le plus de monde avec près de 31 % (30,84 %) des Français qui affirment commander plus qu’avant. Ils sont même 5 % à commander plus du double d’avant le confinement. La part des Français qui sont restés hermétiques aux achats alimentaires en ligne est de 27 %.