L’Europe n’a pas chômé cette semaine... Après le vote du Parlement en faveur de la directive sur le droit d’auteur, l’UE propose une nouvelle législation imposant aux géants du web de supprimer du contenu terroriste dans l’heure, accompagnée d’un lourd volet répressif. Etonnamment, les annonceurs affichent leur satisfaction sue ce projet...

Jusqu’à présent, l’élimination des contenus terroristes par les géants du Web repose sur la coopération volontaire. Et en la matière il faut reconnaître qu’ils agissent… 99 % du contenu de l’État islamique et d’Al-QaÏda est retiré par Facebook avant qu’il n’atteigne un seul utilisateur. Et 50 % des vidéos extrémistes publiées sur YouTube au premier trimestre 2018 ont été supprimées avant d’avoir été visionnées 10 fois.

On notera au passage que pour être efficaces dans la suppression des contenus terroristes, nos géants ne s’appuient pas uniquement sur des algorithmes, mais également sur du filtrage manuel. L’automatisation a ses limites, les algorithmes sont efficaces pour repérer des contenus ‘identiques’, mais le repérage des publications ‘similaires’ se révèle plus difficile. La coopération entre l’humain et les algorithmes est encore nécessaire ! Pour combien de temps encore ?

L’EU veut plus, plus vite

Mais le législateur européen n’est pas satisfait par ces performances. Alors, pour obtenir un meilleur résultat, il envisage de passer par la législation. Le projet de loi présenté au Parlement européen imposera aux services en ligne de supprimer un contenu terroriste dans l’heure qui suivra sa notification.

Le volet répressif qui accompagne le projet se veut également incitatif, tout comme celui du RGPD qui a eu le mérite de marquer les esprits. Le législateur européen envisage en effet, au cas où il serait confronté à plusieurs reprises à la ‘mauvaise volonté’ de ces services, de leur imposer une amende jusqu’à 4 % de leur revenu annuel global !

La satisfaction des annonceurs

Mais le plus surprenant à l’annonce de projet de loi européen, c’est la réaction positive des publicitaires. En effet, ceux-ci sont soumis à une forte pression sur la sécurité des marques dont ils assurent la communication. Et en particulier à les protéger de tout risque d’association à des idées et contenus extrémistes. Or, 45 % des annonceurs estiment que les plateformes de médias sociaux font un mauvais travail en matière de sécurité des marques...

Comme 42 % d’entre eux pensent que les sites de contenu générés par les utilisateurs ne répondent pas aux préoccupations concernant la sécurité des marques, le renforcement de la législation sur le contenu terroriste sur les médias sociaux ne peut qu’être bénéfique. Et plus largement profiter à rendre plus responsables ces plateformes et à accentuer le traitement des contenus peu recommandables auxquels ils ne souhaitent pas associer leurs marques.

Vers une nouvelle censure ?

Mais le projet de loi a également son lot d’opposants, qui craignent qu’il n’incite les médias sociaux trop zélés à supprimer indifféremment et de manière injustifiée des contenus, sous prétexte de leur caractère 'terroriste'. En particulier ceux des médias d’information.

Il faut dire que l’article 13 de la directive visant à moderniser le droit d’auteur sur Internet a été voté plus tôt dans la semaine, et qu’il rend les plateformes en ligne responsables des violations de ce droit commises par les utilisateurs. Tous cela ne peut qu’aboutir à la mise en place de filtres probablement agressifs visant à limiter voire empêcher l’accès à du contenu d’un coté extrémiste, de l’autre côté protégé. Des mesures que d’aucun juge comme une nouvelle entaille à la liberté d’expression.

Source : chiffres marketing, étude « Advertiser Perceptions and Oath » par Marketing Dive

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