Selon certains analystes, la crise actuelle amène à une réinitialisation dans les entreprises. Les technologies futures qui conduiront à cette réinitialisation nécessitent une adaptation au changement à la volée, donc une approche non traditionnelle des technologies et des processus.

Depuis que les premiers micro-ordinateurs ont été installés sur les bureaux, les entreprises se sont habituées à la seule réalité technologique qui a prévalu depuis : la permanence du changement à un rythme soutenu. Suivant la loi de Moore et de l’offre et la demande (se généralisant, les technologies sont devenues moins onéreuses donc plus accessibles à chaque génération), les évolutions technologiques se sont succédé, amenant dans leur sillage la modification des habitudes et des méthodes de travail.

Mais même si les entreprises ont l’habitude d’évoluer dans des environnements concurrentiels, et même si le sujet de la transformation numérique, et de l’innovation par la technologie ont occupé les dirigeants depuis des décennies, ces derniers ont fini par engoncer leurs évolutions dans des méthodologies et des cycles calendaires paralysants. Certaines transformaient seulement les départements jugés importants pour les affaires, tandis que d’autres, voyant la difficulté de la mue, privilégiaient une approche à reculons, pour ne pas dire attentiste, améliorant de-ci de-là, mais sans une stratégie cohérente et globale.

Cette ère est désormais révolue comme l’exprime Chris Pope, VP Innovation de ServiceNow, « On parle beaucoup d’adaptation à une nouvelle norme, mais la réalité, pour la plupart des entreprises, est qu’il n’y a que le présent, et le changement constant qui l’accompagne ».

Une approche non traditionnelle de l’IT

Lors du dernier symposium du Gartner, l’IT Symposium/Xpo 2020 Americas du 19 au 22 octobre, des analystes ont exploré le rôle de la technologie dans la « réinitialisation de tout ». Les principales prédictions de Gartner exprimées lors de ce symposium ont exploré le rôle de la technologie dans la réinitialisation, le redémarrage et la réponse à un monde d’incertitude. L’exercice est devenu un passage obligé tant les incertitudes de l’après-crise demeurent, et, pour paraphraser Winston Churchill, on ne voit même pas le début de la fin du commencement de cette crise.

L’une des leçons de cette crise selon le Gartner est une approche non traditionnelle des technologies, comme le souligne Daryl Plummer, distinguished research vice-président et Gartner Fellow : « Le monde évolue plus rapidement que jamais, et il est essentiel que la technologie et les processus soient capables de suivre le rythme pour soutenir les besoins en matière d’innovation numérique. Dès maintenant, les DSI peuvent s’attendre à une décennie d’innovation radicale menée par des approches technologiques non traditionnelles ».

Les entreprises devront s’adapter à la volée

Comme le souligne une étude post-crise de Fujitsu, 63 % des dirigeants considèrent désormais la transformation numérique comme une gestion moderne du changement, avec 79 % de l’ensemble des répondants (DSI et C-suite) qui conviennent que « la transformation numérique signifie que le changement organisationnel est désormais continu ».

En somme, outre l’impact transformationnel des technologies sur la société et les entreprises, celles-ci devront s’adapter à la volée. C’est la nouvelle agilité qui ne peut fonctionner que si les frontières traditionnelles et la distribution hiérarchique des responsabilités sont transcendées. Il ne s’agit pas de diluer le processus décisionnel, mais de déléguer certaines décisions aux personnels les plus proches du terrain. C’est ce qui s’est fait sous l’effet soudain du confinement, où le management de proximité et les employés ont dû prendre en main leur informatique et faire avec les « moyens du bord » pour continuer l’activité de l’entreprise.

Les DSI deviennent aussi des COO

Selon le Gartner, c’est aussi le métier de DSI qui va évoluer durant les prochaines années. « D’ici 2024, 25 % des DSI des grandes entreprises traditionnelles seront tenus pour responsables des résultats opérationnels des entreprises numériques, devenant de fait des “directeurs d’exploitation par procuration” », explique le cabinet d’étude.

Après des années de déclin, le rôle de COO (Chief opération officer ou directeur d’exploitation) prendra de plus en plus d’importance parmi les entreprises nées du numérique. Le COO est une composante essentielle du succès numérique, car il comprend à la fois l’entreprise et l’écosystème dans lequel elle opère. « Le DSI, qui possède une connaissance approfondie de la technologie qui facilite l’impact commercial, peut accroître l’efficacité de l’entreprise en assumant les composantes du rôle de COO pour fusionner la technologie et les objectifs commerciaux », affirme le Gartner. « Alors que de plus en plus de DSI deviennent responsables des résultats des performances numériques de l’entreprise, la tendance des DSI des entreprises traditionnelles hautement numérisées à rendre compte au PDG va se généraliser », a déclaré Daryl Plummer.