Les membres de l’USF, le club des utilisateurs SAP, font le constat d’une recrudescence des audits de licences qualifiés d’agressifs. Réunis en groupe de travail, ils délivrent trois conseils pratiques pour éviter les redressements abusifs.

Les clients de SAP — tout comme ceux d’autres éditeurs dont nous tairons le nom ici, à l’exception d’Oracle ! – font le douloureux constat de la recrudescence des audits de licences agressifs de la part de leur fournisseur.

La dérive des audits de licences

Comme le constate Claude Molly-Mitton, récemment réélu Président de l’USF, « des utilisateurs SAP (sont) échaudés par des audits de licences particulièrement agressifs, ayant pour conséquence des redressements qui sont chiffrés pour certains en dizaines de millions d’euros ».

Le phénomène semble s’amplifier. Après Oracle, qui a été l’un des premiers à se montrer agressif sur les audits, SAP a rejoint cette pratique, qui semble dériver vers un nouveau modèle économique pour les éditeurs. À ce titre, Claude Molly-Mitton évoque « une stratégie d’obtention de compléments de revenus commerciaux ».

Le groupe de travail de l’USF

Interpellée par des alertes d’utilisateurs SAP victimes de ces audits, pour certains également victimes d’Oracle puisque ce dernier est l’un des fournisseurs des bases de données sur lesquelles reposent l’ERP, l‘USF a pris la menace très au sérieux, et créé en février dernier un groupe de travail « Audit de Licences ».

Ce dernier devrait aboutir à la production d’un premier livre blanc, prévu pour la fin de l’année, qui traitera de la problématique des audits de licences tant sous l’angle commercial, technique que juridique. Son objectif déclaré sera d’éviter les abus de l’audit de licences, tout en lançant une alerte vers SAP sur cette pratique jugée contestable. Il sera certainement réservé aux membres de l’USF.

3 conseils de l’USF

Mais avant de le découvrir, et compte tenu de l’urgence, le groupe de travail a souhaité proposer ses premiers conseils aux utilisateurs, bien évidemment tournés vers SAP, mais qui peuvent s’appliquer aux autres éditeurs qui se feraient également agressifs. Nous les publions ci-dessous :

  • Conseil n° 1 :

En amont de l’audit, définir contractuellement, et très clairement, les clauses d’audit, notamment sur la fréquence, le processus de déroulement, les métriques mesurables et le mode d’application des remises contractuelles en cas d’achat complémentaire de licences.

  • Conseil n° 2 :

Pendant l’audit, ne pas fournir d’information ou de document non indispensable ou dont on ne connaît pas exactement le contenu, par exemple les cartographies applicatives ou des flux de l’entreprise, ou le fichier créé à partir de la fonction audit du logiciel lorsque l’utilisateur n’en maîtrise pas le contenu.

  • Conseil n° 3 :

En aval de l’audit, demander formellement à SAP un document de clôture de l’audit, et ne pas accepter le démarrage d’un nouvel audit sans avoir clôturé le précédent.

Des dérives aux menaces

Cette mouvance autour des audits de licences vient rappeler la menace des éditeurs qui rodent autour des entreprises clientes. La gestion des licences s’est complexifiée avec l’explosion des frontières de la DSI, et les facilités liées au cloud et ses modèles SaaS et IaaS. La perspective de nouveaux revenus, qui compensent les pertes à court terme liées à l’adoption des modèles locatifs, rend les éditeurs agressifs face à des clients qui maîtrisent mal les usages et les inventaires, et sont la plupart du temps de bonne foi.

Une agressivité, dont le but est de faire pression et d’accélérer les processus afin d'aboutir rapidement à un redressement accepté, qui risque de leur être dommageable, car elle repose sur la prétention d’être indispensables, et qu'elle intervient alors que ces mêmes éditeurs tentent d’imposer leurs nouvelles approches et technologies, S/4HANA pour SAP et cloud pour Oracle...

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