Les entreprises doivent se préparer dès aujourd’hui à la rupture technologique annoncée par l’informatique quantique et « dont les premiers effets tangibles sont annoncés d’ici 5 à 10 ans », estime le Cigref dans un rapport publié récemment.

Intitulé Informatique Quantique Comprendre le Quantum Computing pour se préparer à l’inattendu, le rapport du Cigref entend sensibiliser les entreprises aux enjeux du calcul quantique. La loi de Moore ayant buté sur les limites physiques de l’atome, il fallait trouver une solution qui permette de pousser encore plus loin les capacités de calcul des ordinateurs. Le monde subatomique offre justement un vaste champ d’exploration avec ses lois propres. Incompréhensibles pour la logique linéaire des humains, ces lois sont toutefois fiables et donc exploitables. Nous ne comprenons toujours pas la nature des interactions électromagnétiques et pourtant nous les utilisons à merveille.

Le rapport du Cigref se propose d’expliquer la technologie et ses implications futures pour les entreprises. Il s’agit pour le réseau des professionnels de l’IT, publics et privés, de sensibiliser et d’attirer l’attention des organisations sur les opportunités du calcul quantique pour leur permettre de « s’adapter à l’inattendu technologique ». En effet, « de séquentiel puis parallèle, le calcul va devenir “cooccurrent”, impactant la programmation et les algorithmes, mais aussi les applications et la sécurité de l’information, faisant naître de nouveaux usages », estime Jean-Michel André, DSI du Groupe SEB et pilote du groupe de travail du Cigref.

Le calcul quantique : un saut dans l’inconnu

Cette cooccurence est la clé pour comprendre la révolution quantique, aussi bien matérielle qu’algorithmique, car elle se réfère à des caractéristiques confondantes de la mécanique quantique : la superposition des états. Cette singularité permet « un empilement de deux ou plusieurs instructions ou classes de fonctions, liées entre elles, issues d’un langage de programmation quantique et dont l’exécution simultanée formerait un programme quantique », explique Jean-Michel André dans son introduction.

De linéaire, le calcul devient concomitant et « cette rupture se traduira par de nouvelles manières de penser, par de nouvelles méthodes de travail et de nouveaux outils, ainsi que de nouvelles compétences, tous encore inconnus. Les nouveaux usages qui seront à inventer changeront certainement aussi les modèles d’affaires des entreprises comme les organisations qui devront, de nouveau, se transformer pour s’adapter », explique le rapport.

« On ne pense pas quantique comme on pense informatique »

L’informatique quantique n’est pas le prolongement de l’informatique basée sur le silicium, par un système de calcul plus performant. C’est un nouveau monde complètement différent et qui ouvre de vastes possibilités en permettant d’exécuter des opérations « irréalisables » par les ordinateurs actuels. Et c’est justement cette différence qui départagera les domaines d’intervention de l’informatique classique et de la nouvelle informatique.

« L’informatique quantique ne remplacera pas l’informatique classique. Elle la complétera dans un certain nombre de domaines : cryptologie, métrologie, simulation et calcul. Et la réalisation des promesses de l’informatique quantique aura un impact certain sur le SI des entreprises et au-delà sur leur modèle d’affaires. Nous quittons l’utopie pour entrer dans le monde du réel et cela ne va pas se faire sans bouleversements », prévient le rapport.

Il est donc important de se préparer dès maintenant pour être prêts, « en termes de compréhension, de compétences, et de culture » le jour venu.

Source : Cigref