En France, le salaire annuel moyen (part variable comprise) d’un RSSI s’élèveà95 800 € tandis que le salaire médian est à 89 200 €. Un salaire qui ne reflète pas l’implication des RSSI dans leurs missions, estiment-ils, même s’il est évolutif selon des critères comme l’ancienneté, la taille de l’entreprise, le secteur et la région.

Le rôle du RSSI a pris une importance de plus en plus grande alors que le numérique s’est répandu ainsi que la mobilité. Les RSSI ont fait partie des cohortes qui ont fait front lors de l’irruption pandémique, et contribué au maintien de l’activité pendant la crise. Le périmètre de responsabilités du RSSI a également évolué au cours du temps, passant de la stricte cybersécurité des serveurs et des points terminaux, à celle de la conformité réglementaire, et plus globalement de l’image et de l’entreprise et de sa réputation en cas d’attaque. Tant et si bien qu’une proportion de plus en plus grande est à présent rattachée à la direction générale, au lieu de la DSI. Certains dans les grands groupes reportent directement au conseil d’administration.

Ce n’est donc pas étonnant que ce métier soit en tension depuis des années. Malgré l’essor du télétravail, qui ouvre des possibilités d’embauche au-delà des limites géographiques habituelles, de nombreuses entreprises continuent de lutter pour trouver ces experts de la sécurité informatique, ce qui exerce une pression sur les salaires et les avantages sociaux. La stabilité de la fonction est aussi un facteur de pénurie. D’après la dernière étude du Cesin sur les salaires des RSSI réalisée par OpinionWay, 40 % des répondants sont en poste depuis plus de 5 ans : 20 % ont entre 6 et 15 ans d’ancienneté et 20 % ont plus de 15 ans. L’étude a été réalisée auprès de 290 membres du Cesin, entre juin et juillet 2021.

28 % peuvent changer d’entreprise pour gagner plus

Même si la diversité des missions est citée en premier lorsqu’il s’agit d’énumérer les moteurs de leur motivation, les RSSI placent la rémunération en seconde position avec 45 % des réponses. En revanche, elle prend la première position parmi les motivations incitant à changer d’entreprise, citée par 28 % des répondants, juste avant la diversité des missions et l’intérêt de celles-ci. Mais si la rémunération est en seconde position des motivations pour rester, elle est la première incitation à changer d’entreprise : elle recueille 28 % des réponses.

Pour un métier aussi vital, le niveau de rémunération des RSSI en France reste largement inférieur à celui de leurs collègues américains par exemple. D’après le Cesin, la rémunération fixe en 2020 allait de moins de 60 000 € brut à 140 000 € brut. La plupart des répondants se situent dans les tranches médianes : 32 % touchent entre 60 000 et 79 999 €, 25 % entre 80 000 et 99 999 €, et 31 % au-delà de 100 000 €. Heureusement que la part variable du salaire compense quelque peu les rémunérations les plus basses. Celle-ci va de moins de 5000 € par an (14 %) à plus de 25 000 € pour les 8 % de happy few. La plupart des autres naviguent entre 5 000 € (23 %) et 19 999 (11 %). Une large proportion de 25 % ne bénéficie d’aucune part variable de la rémunération.

L’industrie en tête de ceux qui payent le mieux

Quant aux critères pris en compte pour fixer le niveau de la rémunération, il dépend de plusieurs facteurs. L’ancienneté dans le métier et le niveau d’études bien entendu, la taille de l’entreprise compte aussi, car c’est dans les grandes structures que les salaires sont les plus élevés. La situation géographique, une spécificité française puisque 68 % des RSSI exercent en Île-de-France, révèle une disparité importante. Selon le baromètre et en additionnant le fixe et le variable, le salaire moyen en Île-de-France est de 104 000 € contre 78 000 € dans le reste du territoire. Le salaire le plus élevé en région parisienne est de 240 000 (38 000 pour le moins élevé) contre 180 000 € en province (38 000 pour le moins élevé).

Enfin, le secteur est aussi un facteur important dans le niveau de rémunération des RSSI. L’industrie se place en première position avec des salaires moyens de 115 000 €. Elle est suivie par la distribution et la banque/finance avec respectivement 97 000 € et 96 000 €. Les administrations publiques et les secteurs de la santé et du social sont les moins rémunérateurs avec respectivement 80 000 € et 70 000 €.

Un sentiment de non-valorisation de l’implication

Toutefois, malgré ces disparités, une majorité de répondants (62 %) est satisfaite de sa rémunération. Les 38 % restant sont plutôt satisfaits (32 %) ou pas du tout satisfaits (6 %). C’est une proportion importante qui exprime ne pas être suffisamment payée notamment au regard de leur implication dans l’entreprise. Une insatisfaction exprimée par 54 % des répondants qui l’estiment trop basse par rapport à leur périmètre d’action et l’étendue de leurs activités. Conséquence, une forte proportion de RSSI, 4 sur 10, ne se sent pas valorisée à sa juste valeur. Il leur reste la satisfaction du travail bien accompli, car 8 RSSI sur 10 sont satisfaits de leur travail actuel.

En somme, selon le Cesin, l’insatisfaction moyenne à l’égard de la rémunération s’explique aussi par un sentiment de non-valorisation du travail effectué et de l’implication dans l’entreprise, mis en avant par 59 % des répondants. Ainsi, 52 % des RSSI estiment ne pas être suffisamment rémunérés par rapport à leur engagement dans l’entreprise et 54 % par rapport à leur niveau de responsabilités. Seuls 6 RSSI sur 10 se sentent valorisés à leur juste valeur.