Si les chefs d’entreprise sont d’accord avec leurs employés pour considérer la pérennisation du télétravail comme acquise, et comme essentiel à la résilience de l’entreprise. Encore faut-il parvenir à se mettre d’accord sur les aspects pratiques.

La pandémie et son cortège de mesures de mise à l’arrêt de l’économie mondiale ne sera pas la dernière des perturbations pour les organisations. C’est ce qu’affirme le cabinet IDC dans une étude sur l’espace de travail numérique, Digital Workplace Insights, réalisée pour Unisys. « L’économie numérique, qui s’appuie fortement sur la circulation continue des biens et des services dans le monde, sur des plateformes technologiques transformatrices et sur l’innovation commerciale, créera plus de cycles de perturbation des activités et des modèles commerciaux que toute autre période économique », affirme IDC dans son rapport, ajoutant « Les entreprises qui réussissent dans l’économie numérique doivent exceller dans la capacité à pivoter rapidement lorsque des perturbations se produisent ».

Dans une étude récente d’IDC, les personnes interrogées ont indiqué que 17 à 19 % des dépenses technologiques de leur organisation pour les années 2021 et 2022 seront consacrées à des projets visant à répondre aux changements en matière de main-d’œuvre, d’expérience client ou d’opérations déclenchés par la pandémie. Dans la même étude, 55 % des personnes interrogées ont indiqué que les investissements dans les programmes de transformation du lieu de travail, tels que les espaces de travail collaboratifs, le développement des talents et les outils de gestion visant à améliorer l’expérience et la productivité des employés constitueront des domaines d’investissement prioritaire au cours des deux prochaines années afin de garantir la résilience et le succès à long terme de l’entreprise (source : IDC's Future Enterprise Resiliency and Spending Survey, février 2021).

Le mode de travail hybride, la nouvelle normalité

Dans le monde, près de 40 % de la main-d’œuvre a été contrainte de passer à des modes de travail à distance presque du jour au lendemain, tandis que les 60 % restants ont continué à s’adapter et à trouver de nouveaux moyens plus sûrs de faire leur travail. Pour la plupart, il n’y aura pas de retour aux modèles d’entreprise de 2019. Les employés à distance continueront de représenter près d’un quart de la main-d’œuvre mondiale, avec toutefois une certaine variabilité selon les secteurs.

Malgré leurs inquiétudes, deux tiers (66 %) des chefs d’entreprise de la région EMEA affirment que le télétravail est tout aussi productif, voire plus, que le travail sur le site de l’entreprise. Pour capitaliser sur ce constat, 42 % des entreprises prévoient de réaliser des investissements ciblés pour générer de la croissance et donnent la priorité à l’innovation pour prospérer dans une ère post-Covid. La 5G (48 %), l’IoT (46 %), l’intelligence artificielle (52 %) et les plateformes de sécurité modernes (40 %) sont considérées comme apportant les plus grands avantages aux environnements de travail des organisations dans les cinq prochaines années.

Des préoccupations qui ne sont pas partagées

Si l’adoption du travail à distance semble mettre les chefs d’entreprise et leurs employés d’accord, des différences persistent quant à la perception des aspects pratiques. Par exemple, les patrons s’inquiètent de la dilution de la cohésion des équipes et de la communication en distanciel. Pour 38 % des chefs d’entreprise, les barrières de communication et de collaboration avec les autres membres de l’équipe sont une source de préoccupation. Pour les salariés, cette inquiétude est minoritaire, seuls 24 % des salariés sont de cet avis.

L’autre inquiétude qui n’est pas partagée concerne l’impossibilité de supervision du travail des collaborateurs distants. Plus d’un quart des répondants (38 %) s’inquiète du manque de contrôle et de visibilité de la direction sur les télétravailleurs, contre seulement 7 % des collaborateurs. Enfin, alors que l’utilisation de technologies de télétravail peu familières ou nouvelles est considérée comme un défi par 41 % des chefs d’entreprise, seulement 10 % des collaborateurs sont de cet avis.

Dans l’ensemble, les employés sont beaucoup plus positifs à l’égard du nouveau modèle de travail à distance, 33 % ne voyant aucun ou seulement quelques obstacles notables qui accompagnent le télétravail.