En télétravail, les Français semblent faire preuve d’une conscience professionnelle sans faille, en accomplissent 2 heures de travail en plus par rapport aux horaires accomplis sur leur lieu de travail.
« Le Covid-19 bouleversera durablement le rapport au travail des Français », proclame l’institut Odoxa dans un rapport de sondage sur le télétravail sorti le 9 avril dernier. D’après le baromètre mensuel Acemo-Covid de la Dares, mené du 1er au 13 avril 2020, pendant la crise sanitaire, 81,3 % des entreprises avaient entre 10 % et plus de 80 % de leurs collaborateurs en télétravail. Sans surprise, c’est le secteur des technologies de l’information et des communications qui a mis la plus grande proportion de ses employés en télétravail. Comparés aux chiffres d’avant la crise où 75,8 % des salariés travaillaient dans une entreprise dont moins de 2 % des salariés étaient télétravail. Il n’y a pas photo.
Outre sa généralisation, que peut-on tirer comme enseignement de cette expérimentation forcée et à grande échelle du télétravail ? Il semble que les télétravailleurs font preuve de conscience professionnelle et n’hésitent pas à travailler plus longtemps que les heures de travail conventionnelles. C’est le résultat de l’étude menée par NordVPN, qui a comptabilisé les heures d’utilisation de son service de sécurisation des communications, NordVPN Teams, par les télétravailleurs.
Un temps de travail rallongé de 25 %...
Les chiffres de NordVPN montrent que le nombre d’heures d’utilisation du VPN a augmenté de 2 heures (+25 %) pendant le confinement. « La pandémie a modifié le comportement des entreprises à l’échelle mondiale et, fait intéressant, les employés travaillent en ligne jusqu’à 38 % plus longtemps », s’étonne le rédacteur de l’article de NordVPN. Et cette tendance est généralisée, car le Royaume-Uni, le Canada et l’Espagne connaissent également un rallongement de 2 heures du temps de télétravail. Les États-Unis ont enregistré la plus forte augmentation de la durée de la journée de travail avec 3 heures de plus.
Et ce n’est pas le seul changement remarqué par NordVPN, les données ont révélé que les collaborateurs commencent également leur journée de travail plus tôt, tout en la finissant à la même heure que d’habitude. Quant à chercher les causes d’un tel comportement, il semble que le fait de ne pas avoir de déplacements à accomplir ait incité les télétravailleurs à travailler plus. Nous y ajouterons d’autres facteurs que les analystes de NordVPN semblent avoir oubliés : le rapport au temps et au travail est différent sur le lieu de travail en temps normal et chez soi en temps de confinement.
… mais il faudrait pousser plus loin pour des conclusions irrévocables
En télétravail, la perception du passage du temps, plus vite ou plus lentement, n’entre pas, ou peu, en ligne de compte, puisque le télétravailleur n’est pas soumis aux mêmes pressions que sur son lieu de travail. La prise en compte, le comptage conscient ou inconscient, du passage du temps diminue donc. En effet, en télétravail, et du fait de l’absence du stress des trajets et la pression de l’environnement studieux du présentiel, le temps n’est plus un facteur d’automesure de la quantité de travail accompli, de productivité.
Ce qui serait intéressant dans ce genre d’enquêtes serait de mesurer la productivité ramenée au temps télétravaillé, pour avoir une idée plus précise du bénéfice réel de cette extension du temps de télétravail par rapport au temps travaillé en présentiel. Un autre critère, peut-être un peu plus difficile à mesurer, puisque très subjectif et de l’ordre de la perception, de la psychologie : la compensation due à la culpabilité de rester chez soi.
Dans notre civilisation, qui valorise le travail et le fait d’être actif, rester à la maison n’est pas vécu comme une situation acceptable et naturelle, mais comme une anomalie : ce sont les inactifs, les retraités et les malades qui restent chez eux. Inconsciemment, les télétravailleurs n’auraient-ils pas tendance à compenser en restant plus longtemps devant leurs écrans d’ordinateur ? Il y a un autre critère qu’il serait intéressant de connaître : la qualité du travail accompli. En somme, si les télétravailleurs sont plus actifs, font-ils preuve de la même productivité que sur leur lieu de travail et est-ce de bonne qualité ?