Présentée comme la deuxième langue de l’entreprise par Gartner, la data literacy – la capacité de lire, d’exploiter, d’analyser et de communiquer avec les données – n’est pas seulement un atout mais s’affirme rapidement comme une compétence indispensable pour un futur piloté par les données.

Selon une étude menée par Censuswide, la data literacy a de fortes chances de devenir la compétence la plus recherchée en 2030, dans la mesure où 85 % des dirigeants d’entreprises estiment qu’elle sera aussi essentielle à l’avenir que la capacité à utiliser un ordinateur aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’une entreprise imprégnée de cette culture de la donnée sera plus agile, mieux préparée et plus innovante. En outre, cet aspect joue un rôle important dans la satisfaction et la fidélisation des collaborateurs. 35 % des salariés ont changé d’emploi ces 12 derniers mois car leur employeur ne leur proposait pas suffisamment d’opportunités de montée en compétences et de formation.

Cependant, pour inculquer cette compétence, il ne suffit pas d’envoyer les collaborateurs assister à quelques séances de formation. La data literacy est tout autant un changement de comportement à l’égard de l’apprentissage du travail avec les données. Elle requiert une évolution de l’état d’esprit au niveau de l’individu comme de l’entreprise, l’objectif étant pour chacun de parvenir à analyser et questionner activement et instinctivement les données à sa disposition afin d’en tirer des enseignements instantanés ainsi que des décisions et des actions plus avisées.

Ce changement ne va pas ni ne doit s’opérer du jour au lendemain. Une première étape consiste à déterminer le niveau de data literacy de départ d’une entreprise. Étant donné que plus de la moitié des dirigeants d’entreprises estiment leurs collaborateurs confiants dans leurs compétences en la matière alors qu’à peine 11 % de ces derniers le sont totalement, ces premiers risquent de constater un décalage entre leurs attentes et la réalité de la situation.

Une fois le terrain tâté, il s’agit alors de décider comment instaurer une culture de curiosité, de résolution collective des problèmes, de remise en question et de mise à l’épreuve constantes des informations éclairant chaque décision de l’entreprise. Pour aider les entreprises à réussir dans ce domaine, sept principes sont à prendre en compte.

  1. Promouvoir une culture d’humilité et de curiosité. la data literacy ne se borne pas à apprendre à analyser et à travailler avec les données. Il faut également développer des compétences non techniques telles que la curiosité, l’esprit critique, la créativité et la collaboration afin d’acquérir des points de vue différents et remettre en question ses propres idées reçues au sujet des données. Par conséquent, lorsqu’une entreprise adopte la data literacy, elle instaure simultanément une culture de curiosité et d’humilité intellectuelle qui favorise les décisions collectives prises à tout niveau,  alimentées par des données factuelles et partagées.
  2. Mettre les formations en pratique à travers des communautés d’échange. Pour contribuer à réduire l’investissement global, il est possible de combiner formations virtuelles et séances en présentiel  et de créer des communautés d’apprentissage dont les membres partagent les enseignements et s’encouragent mutuellement. L’important est que les collaborateurs aient la possibilité de mettre en pratique ce qu’ils apprennent et d’utiliser leurs compétences au quotidien, quel que soit leur échelon ou leur poste, en partageant avec d’autres membres en apprentissage ou plus aguerris.
  3. Impliquer tout le monde. Les entreprises doivent avoir pour objectif de permettre à chacun de ses membres, du stagiaire au DG, de s’appuyer sur les données pour ses prises de décisions. Si l’on peut penser à tort qu’il faut avoir un doctorat ou disposer au préalable de compétences data pour maîtriser la data literacy, le fait est que quiconque possédant les compétences et l’état d’esprit adéquats est à même d’apprendre. Il convient de rester simple, de communiquer largement et de célébrer les réussites liées à la data literacy.
  4. Se focaliser sur les résultats. La première étape pour une utilisation efficace des données est de comprendre clairement la nature du problème à résoudre. Fort de ce contexte, il sera ensuite possible d’explorer, d’analyser et d’interroger plus efficacement les sources d’informations qui mèneront à la solution. Par exemple, il se peut qu’une équipe commerciale collecte quantité d’informations dont elle ne sait que faire. Il s’agit là d’une opportunité claire de développer les compétences de cette équipe et de lui donner accès à des informations qu’elle pourra exploiter au mieux pour en tirer des enseignements.
  5. Mesurer l’impact. La véritable valeur d’une entreprise compétente en data literacy ne pourra se voir tant que les processus et la culture n’auront pas été intégrés pendant quelques années, ce qui rend difficilement perceptible un retour immédiat sur investissement. Le suivi de la satisfaction et de la fidélisation des collaborateurs peut fournir un élément d’analyse mesurable à court terme, tout comme les niveaux de participation aux formations, les résultats de sondages internes et, bien entendu, les signes de changement de comportement. Sur le plus long terme, des indicateurs relatifs à la progression du chiffre d’affaires, aux gains de temps et à la réduction des coûts pourront être examinés en relation avec le déploiement de produits et solutions qui manipulent ou mettent à disposition des données.
  6. Adopter une approche systématique. Un développement systématique de la data literacy – tenant compte du fait que les différentes parties de l’entreprise doivent collaborer et s’épauler entre elles – permettra de faire le lien entre les équipes et de montrer comment cette compétence peut rehausser leur travail et renforcer l’entreprise, par exemple en mettant en relation les créateurs et les consommateurs de données au sein de celle-ci. La clé est d’ouvrir le dialogue entre les différents départements et d’encourager leur coopération.
  7. Investir dans des technologies aptes à répondre à vos besoins métier. L’expérience utilisateur et la pertinence métier sont plus importants pour progresser que  les dernières innovations technologiques. Il vaut mieux adapter ses investissements aux processus et objectifs de l’entreprise, en prenant soin de vérifier la bonne adéquation aux besoins et aux capacités de ceux à qui elle s’adresse.

La recette du succès en matière de data literacy pour une entreprise

Le chemin vers la data literacy n’est pas une ligne droite et diffère pour chaque entreprise. Cependant, toutes les entreprises ayant cette ambition doivent viser la création d’un environnement où chacun se voit offrir la possibilité de penser différemment, d’utiliser les données pour en tirer de nouveaux enseignements et prendre des décisions plus avisées, de se faire le champion de la curiosité, de l’humilité intellectuelle et des décisions pilotées par les données. Si cet objectif-là est atteint, les données deviendront une langue que les entreprises et les collaborateurs parleront couramment.

Par Nicolas Hirsch, responsable de Qlik en France et Pierre-Yves Lesage, partner chez Octo Technology