Bien que le cloud demeure un facteur de croissance, on s’attend à ce que l’intelligence artificielle générative devienne le principal catalyseur de la croissance en 2024. Paradoxalement, malgré une économie numérique en croissance, le marché de l’emploi reste sous tension.

Au cours des quinze dernières années, le marché du numérique BtoB a connu une croissance fulgurante grâce à l’émergence de technologies innovantes. L’essor du cloud a révolutionné la manière dont les entreprises stockent et accèdent aux données, favorisant une collaboration plus efficace et la consommation d’applications et de services toujours disponible et à jour.

Parallèlement, l’intelligence artificielle et le machine learning ont ouvert de nouvelles perspectives en matière d’analyse de données, d’automatisation et de personnalisation des services. L’avancée dans les domaines de la cybersécurité a également été cruciale pour protéger les informations sensibles contre des cyberattaques de plus en plus sophistiquées. Dans ce contexte, Numeum, le syndicat et première organisation professionnelle de l’écosystème numérique en France publie les résultats d’une étude sur les performances du marché du numérique en France en 2023, ainsi que ses perspectives pour 2024.

Numeum rapporte une croissance forte (6,5 %) pour le secteur en 2023, avec une prévision de croissance qui, sauf imprévu, restera soutenue en 2024, soit 5,8 %. Même si le cloud continue d’attirer les entreprises, l’intelligence artificielle générative devrait être le véritable moteur de cette croissance en 2024, les entreprises prenant de plus en plus conscience de son potentiel. Cependant, le marché du travail est tendu, avec un ralentissement des recrutements, malgré une croissance économique solide.  

Une résilience « remarquable » du marché du numérique

« Le secteur du numérique a montré une résilience remarquable en 2023, malgré un contexte économique et géopolitique instable », affirme l’étude. Le marché français du numérique était évalué à 66,2 milliards d’euros en 2023, répartis entre les éditeurs de logiciels et les plateformes cloud (37 %), les ESN (51 %) et les activités d’Ingénierie et Conseil en Technologie (12 %). Un ralentissement de l’activité a été cependant observé au second semestre 2023, qui devrait être plus prononcé en 2024, en partie à cause des investissements conséquents en créations d’emplois en 2022 et début 2023.

Une croissance globale aussi soutenue reflète la nécessité pour les entreprises françaises de poursuivre leur transformation numérique et d’investir dans des solutions et services numériques. Les différents domaines du numérique ont tous bénéficié d’une augmentation de leur chiffre d’affaires, notamment les éditeurs et plateformes cloud (10,3 %), les Entreprises de Services du Numérique (ESN) (4,1 %) et les activités de Conseil en technologies (5,5 %).  

Le secteur fait face à une pénurie de talents

Sur le front des compétences, malgré une création nette de 47 000 emplois en 2022, le secteur fait face à une pénurie de talents et une concurrence accrue pour les compétences spécialisées. Le secteur fait face à une vague très forte d’internalisation des expertises dans les entreprises clientes, ce qui entraine une concurrence importante sur le marché de l’emploi et une tension sur les salaires. Ce phénomène s’ajoute au manque cruel de personnes formées dans le numérique.

Les indicateurs montrent toujours une dynamique positive sur les emplois et les recrutements, mais dans des proportions moindres qu’en 2022, qui était une année record. Les besoins sont forts, puisque 85 % des entreprises ont des recrutements stables ou en hausse en 2023. Elles continuent à attirer les jeunes diplômés et les alternants. Une nouvelle tendance se dégage avec 1 entreprise sur 2 qui recrute davantage de profils séniors ou confirmés.

Dans un contexte inflationniste, les entreprises françaises du numérique ont dû augmenter les rémunérations pour attirer et retenir les talents, tout en gérant l’impact de l’inflation sur leurs tarifs : 71 % des éditeurs de logiciels et des plateformes n’ont pas répercuté ou ont seulement récupéré moins de 50 % de la hausse des coûts sur leurs tarifs. Toutefois, 41 % des ESN et ICT estiment que l’impact de l’inflation sera plus fort en 2024 qu’il ne
l’a été en 2023.