La réputation de pays ingouvernable de la France ne signifie pas nécessairement un mauvais équilibre chronique entre travail et vie personnelle. Il est plutôt le signe d’une société plus engagée et plus exigeante en matière de droits des travailleurs et de justice sociale, d’où sa troisième place.

Remote, expert mondial de l'emploi à distance, y compris à l’international, dévoile les résultats d’une enquête, « Remote Global Life-Work Balance Index », qui paraît contredire les idées reçues et les clichés sur la France. En effet, dans cette étude qui examine un certain nombre d’indicateurs (voir la liste détaillée ci-dessous), et qui mélange la rémunération et les conditions de travail, les congés et les avantages sociaux, la qualité de vie et le bien-être, la France se classe troisième, derrière la Nouvelle-Zélande et l’Espagne.

Les mesures ont été pondérées en fonction de l'importance relative de chaque facteur, ce qui a permis d'attribuer une note globale sur 100. Celle-ci est déterminée par des facteurs tels que le salaire minimum, les congés de maladie, les congés de maternité, la disponibilité des soins de santé, le bien-être général, la durée moyenne des heures de travail et l'inclusion des personnes LGBTQ+. Tous les points sont classés du plus élevé au plus bas, à l'exception des soins de santé, qui sont classés sur cinq (1 étant le meilleur) et du nombre moyen d'heures travaillées par semaine. Les données ont été collectées et analysées en mars 2023. L’étude a évalué la qualité du rapport vie-travail dans les 60 premiers pays mondiaux, ceux qui ont le PIB le plus élevé.  

« Une attitude saine à l'égard de l'équilibre vie professionnelle et personnelle »

Selon cette étude, « les entreprises françaises ont une attitude saine à l'égard de l'équilibre vie professionnelle et personnelle, les travailleurs bénéficient de davantage de temps libre, d'un salaire minimum renforcé par des avantages sociaux et de 36 jours de congés annuels par an, en comparaison à la majorité des autres pays analysés ». Le Danemark (5ᵉ), Norvège (6ᵉ), Pays-Bas (7ᵉ) et Royaume-Uni (8ᵉ) sont parmi les 10 premiers de l'étude. Les États-Unis arrivent loin derrière, à la 53ᵉ place, en raison de l'absence de congés annuels obligatoires et d'indemnités de maladie, ainsi que de l’absence d'un système de soins de santé universel,

Il est intéressant de constater que malgré la réputation de la France comme le pays des grèves et du mécontentement social, celle-ci se classe troisième, devant des pays qui traditionnellement sont cités en exemple, comme les pays scandinaves. Cela souligne une nuance importante : la capacité de la France à maintenir un équilibre sain entre travail et vie personnelle n'est pas nécessairement en contradiction avec une culture active de contestation sociale. Les grèves et les manifestations sont des formes d'expression démocratique qui reflètent le niveau d'engagement des citoyens français envers leurs droits sociaux et leurs conditions de travail.

En fait, on peut même affirmer que les mobilisations contribuent à l'équilibre social, entre les détenteurs des moyens de production, le législateur et les travailleurs. En maintenant la pression nécessaire sur les employeurs et les pouvoirs publics pour qu'ils améliorent constamment les conditions de travail, les salaires et les avantages sociaux, les travailleurs contribuent à la dynamique socio-économique du pays dans son ensemble. Par conséquent, leur action collective peut être considérée comme un moteur essentiel du progrès social et économique.  

Il devient nécessaire d’adhérer à cette philosophie

Examinée en détail, l'étude de Remote met en évidence plusieurs facteurs qui contribuent à un bon équilibre travail-vie personnelle en France, notamment un salaire minimum soutenu par des avantages sociaux, une durée de travail raisonnable et une généreuse allocation de congés annuels. Ces caractéristiques sont souvent le résultat de négociations sociales mouvementées et de protections des travailleurs solidement ancrées dans la loi, ce qui pourrait expliquer la haute position de la France malgré une réputation de mécontentement social chronique.

« Nous devrions tous être en mesure de nous épanouir personnellement et de réussir professionnellement, quel que soit l'endroit où nous vivons, explique Job van der Voort, cofondateur et CEO de Remote. Les pays qui figurent en tête de notre classement mondial sur l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée ouvrent la voie à un avenir professionnel plus radieux. Il devient nécessaire d’adhérer à cette philosophie en offrant l'infrastructure nécessaire pour la soutenir. »

Top 10 des pays en matière d'équilibre entre vie privée et vie professionnelle :
  1. Nouvelle-Zélande - 79,35
  2. Espagne - 75,55
  3. France - 75,34
  4. Australie - 73,71
  5. Danemark - 73,67
  6. Norvège - 73,05
  7. Pays-Bas - 69,14
  8. Royaume-Uni - 69,07
  9. Canada - 67,91
  10. Brésil - 67,73
Les indicateurs pris en compte pour établir les résultats :
  • congés annuels obligatoires (nombre total de jours de congés payés, y compris les jours fériés) ;
  • indemnité de maladie légale minimale (pourcentage ou salaire du montant forfaitaire) ;
  • congé légal de maternité (nombre de semaines payées) ;
  • rémunération légale du congé de maternité (pourcentage du salaire) ;
  • salaire minimum (en divisant le salaire minimum annuel (USD) par 52 semaines, puis par la durée de la semaine de travail standard) ;
  • état des soins de santé ;
  • indice du bien-être (The Global Economy - classé sur une échelle de 1 à 10)
  • nombre moyen d'heures travaillées par semaine ;
  • inclusivité LGBTQ+ (Equaldex, 0-100, 100 étant le score le plus élevé pour refléter l'indice juridique qui évalue les droits et libertés juridiques des membres de la communauté LGBTQ+).