En seulement un an après son introduction, la démocratisation de l’IA générative et de ses outils ont introduit un nouveau cycle de disruption et de défis aux entreprises. Les entreprises les plus volontaristes ont rapidement assimilé les capacités de l’IA et l’utilisent principalement pour la vente et le marketing.

Malgré les craintes éthiques et juridiques des biais, les capacités de l’IA générative, son accessibilité et sa facilité d’utilisation grâce au langage naturel lui ont ouvert les portes des entreprises bien plus vite que toutes les autres technologies réunies.

Dans une étude mondiale, « The state of AI in 2023: GenerativeAI’s breakout year », McKinsey souligne la prolifération rapide des outils d'IA générative (GenAI). « Un tiers des participants a confirmé l'utilisation régulière de GenAI par leurs entreprises dans au moins une fonction commerciale ». L’IA n’étant plus une « magie » incompréhensible réservée aux initiés, les dirigeants d'entreprise « s'y engagent désormais activement », souligne le rapport. Pour preuve, près d'un quart des principaux dirigeants participant à l'enquête ont révélé qu’ils utilisaient des outils GenAI pour leurs besoins personnels.  

40 % prévoient d'augmenter leurs investissements en IA

Il n’est pas étonnant que ces dirigeants veuillent transposer leur expérience dans l’entreprise : un pourcentage notable a révélé que les discussions sur GenAI ont déjà eu lieu lors de réunions du conseil d'administration. L’objectif n’étant pas de s’interroger sur l’opportunité d’adopter l’IA, mais de prendre des initiatives concrètes, car 40 % des répondants prévoient d'augmenter leurs investissements en IA. Ceci même si une petite moitié des répondants reconnait les risques inhérents à cette technologie. Un peu moins de 50 % des répondants abordent activement ce qu'ils considèrent comme la préoccupation la plus pressante : les inexactitudes potentielles de l'IA générative.

D’ailleurs, outre les risques liés à l’éthique, les répondants se montrent assez lucides quant aux risques connexes qu’elle va engendrer. Ils prévoient des changements significatifs dans la main-d'œuvre, et considèrent qu’un important effort de reconversion sera nécessaire pour s'aligner sur les besoins changeants en matière de talents.  

Les « hauts performeurs en IA » en profitent déjà

L’étude de McKinsey constate en outre qu’une certaine frange des entreprises, les plus volontaristes, a rapidement assimilé les capacités de l'IA et a été des pionnières dans l'exploitation du potentiel de cette technologie. Une cohorte d’explorateurs intrépides, identifiée comme les "hauts performeurs en IA" par McKinsey, a déjà pris de l’avance avec une adoption rapide des outils GenAI par rapport aux autres.

La disponibilité publique des outils de GenAI n’en est qu’à ses débuts, mais leur expérimentation dans diverses industries a connu une croissance exponentielle. Pas moins de 79 % des répondants ont eu une certaine interaction avec GenAI, soit professionnellement, soit personnellement. Ils sont 22 % à l’avoir intégrée sans problème dans leur travail quotidien. Cette tendance est plus prononcée parmi les répondants du secteur technologique et dans la région Amérique du Nord. Le rapport indique que 60 % des entreprises qui ont adopté l’IA, utilisent l’IA générative. Les principales fonctions qui utilisent effectivement l'IA sont le marketing, les ventes, le développement de produits et le service à la clientèle.  

Les industries de la connaissance en première ligne

Si le volontarisme des premiers adoptants est stimulé en grande partie par les fonctions commerciales et de marketing, les répondants s’attendent à une prolifération disruptive dans d’autres départements de l’entreprise. Une majorité de 75 % des répondants anticipe que GenAI sera un changement substantiel dans le paysage concurrentiel de leur industrie dans les trois prochaines années. Ceux des secteurs de la technologie et de la finance semblent les plus optimistes quant à ce changement. Bien que tous les secteurs puissent connaître des perturbations à des degrés divers, les industries de la connaissance et du savoir devraient subir les transformations les plus radicales.

Quant aux retours sur investissement, les industries de la technologie sont celles qui pourraient le plus capitaliser sur les offres de GenAI. Un poids qui pourrait représenter jusqu’à 9 % du chiffre d’affaires de l’industrie mondiale. D’autres secteurs, tels que la banque, la pharmacie et l’éducation, pourraient également tirer parti de ses avantages, avec des valeurs aussi élevées que 5 % et 4 % respectivement.

À l’inverse, les industries axées sur la fabrication, telles que l’aérospatiale, l’automobile et l’électronique avancée, pourraient connaître des effets moins disruptifs. Ce changement par rapport aux tendances technologiques précédentes, qui impactaient principalement la fabrication, peut être attribué à la maîtrise de GenAI dans les activités basées sur la langue par opposition à celles nécessitant une main-d’œuvre manuelle.