Entre la peur de rater le coche et la petite voix intérieure qui n’y voit qu’un buzz pour geeks asociaux en quête de sensations fortes, le Métavers intrigue autant qu’il attire. Cependant, même pour les sceptiques, la curiosité pour cette nouvelle frontière, au-delà de laquelle tout reste à inventer, finit par l’emporter et l’on finit par se demander ce que l’on pourrait bien en faire. En attendant de trouver la réponse, les entreprises pionnières ont déjà entamé leurs expéditions exploratoires afin d’identifier les cas d’usage et les gisements de valeur.

Des géants de la technologie tels que Microsoft, Facebook et Roblox investissent déjà des milliards de dollars pour devenir les pionniers de ce marché qui, selon McKinsey et Company, devrait atteindre 5 000 milliards de dollars d’ici 2030. Cependant, comme c’est le cas lorsqu'un nouveau marché émerge, les risques et les pièges qui guettent les organisations dans ce nouvel espace suscitent de réelles inquiétudes. Selon une étude publiée par Tenable, le Métavers présente de nombreux choix pour les entreprises qui veulent s'y essayer, « pour construire des entités virtuelles autonomes avec leurs propres droits d’accès, de monétisation et leurs spécifications techniques. Ces entités peuvent soit soutenir les opérations internes ou externes de l’organisation, soit s’appuyer sur des plateformes de métavers existantes, construites par d’autres entreprises comme Roblox ou Fortnite Creative », explique le rapport.

Un lieu de collaboration, de formation et de fidélisation

Cette nouvelle frontière a attiré de nombreuses organisations qui réfléchissent à la manière dont elles peuvent se faire une place au soleil virtuel du Métavers, ou en exploiter le potentiel commercial, humain, d’image…Leurs projets peuvent prendre la forme d’espaces de collaboration entre sites distants, de modules de formation des employés ou d’expériences virtuelles externes visant à renforcer l’engagement des clients, ce qui peut avoir un impact direct sur les résultats de l’organisation. Dans cet ordre d’idée, 68 % des répondants ont déclaré que leur organisation avait l’intention de faire des affaires dans le Métavers au cours des six à trente-six prochains mois. Un chiffre qui souligne la vision purement business majoritaire dans les entreprises. En outre, 23 % des personnes interrogées ont déjà commencé à développer des initiatives dans le métavers au cours des six derniers mois.

Pour avoir une vision plus complète des besoins dans l’entreprise, les chercheurs ont interrogé certains métiers pour savoir comment ils utiliseraient le Métavers et pour quels objectifs. Les professionnels de la cybersécurité, les ingénieurs informatiques et les responsables DevOps interrogés ont exprimé leur intérêt pour les opportunités commerciales qu’offre le métavers dans des domaines tels que l’engagement des clients (44 %), l’amélioration de l’apprentissage et de la formation (41 %) et une meilleure collaboration sur le lieu de travail (41 %).

La cybersécurité et les incertitudes économiques freinent les initiatives

« Ces résultats ne sont pas surprenants, affirment les rédacteurs du rapport, puisque des géants de la technologie tels que Microsoft, Nvidia et Meta, ainsi que de jeunes pousses comme Varjo, Virbela et Spatial, considèrent tous le métavers comme la prochaine étape de la collaboration sur le lieu de travail ».

Cependant, cet enthousiasme est largement modéré par deux facteurs : la cybersécurité et la situation économique. En fait, les personnes interrogées ont indiqué que la sûreté et la sécurité étaient les principaux facteurs freinant l’engagement dans cet environnement virtuel, avant même les préoccupations macroéconomiques. Le Métavers, dont Bloomberg estime la taille à 800 milliards de dollars dès 2024, inquiète les entreprises quant à la sécurité associée aux applications virtuellement hébergées.

Quatre répondants sur dix (41 %) ont indiqué que la sécurité était le principal facteur influençant les décisions d’investissement de leur organisation dans les métavers. En effet, la plupart des solutions de sécurité actuelles n’ont pas été conçues pour des applications comme celles que l’on trouve dans le Métavers. « La sécurité doit être omniprésente tout au long du processus de développement afin de protéger suffisamment chaque transaction sur la plateforme, en intégrant la sécurité dans la couche applicative interne de l’application », affirme le rapport.

Le second facteur d’hésitation est dû à l’état de l’économie et l’incertitude sur ses perspectives d’évolution. Alors que les banques centrales sont contraintes au grand-écart, augmentant les taux d’intérêt pour freiner l’inflation tout en essayant d’éviter une récession économique, 38 % des personnes interrogées ont déclaré que leurs organisations attendaient de voir comment les conditions macroéconomiques évoluaient avant d’engager des ressources. Il y a aussi des entreprises qui sont plus enclines à suivre les traces des autres et qui veulent d’abord évaluer comment les autres entreprises se débrouillent dans le métavers avant de se lancer (36 %).