Avec l’arrivée à maturité des solutions basées sur l’IA et l’automatisation, le télétravail n’est plus le seul facteur de disruption des modes de travail. Pour réussir « l’onboarding » des nouveaux « collègues numériques », les entreprises devront bâtir leurs stratégies sur trois piliers, affirme IDC.
Avant la pandémie, le télétravail était considéré comme une réponse ponctuelle, la plupart du temps à des besoins ou des situations spécifiques. Depuis le premier confinement, le modèle dit de travail en mode hybride (l’expression travail hybride, signifiant que le travail est hybride, pas la manière de l’accomplir, n’est pas exacte) est devenu un des piliers de la très galvaudée, mais très réelle résilience. En quelques mois, voire quelques semaines, il s’est imposé comme l’un des moyens permettant aux entreprises de poursuivre leurs activités en cas de crise. Ses ramifications vont jusqu’à conditionner, en partie, l’image de l’entreprise et de son attitude vis-à-vis de ses employés.
De nombreux employés ayant pris l’habitude de travailler à domicile, les entreprises envisagent désormais un modèle de travail hybride qui combine le travail à distance et le travail au bureau. Par conséquent, pour permettre ces modèles hybridés du travail, les entreprises investissent dans un large éventail de technologies et de services afin de transférer le confort de travail du bureau à la maison, d’accroître la productivité et de permettre de nouvelles méthodes de travail plus souples.
Toutefois, l’intégration d’un modèle de travail hybride dans une organisation nécessite une combinaison de changements technologiques, culturels et de processus. C’est ce qui explique en partie les investissements que les entreprises devraient engager pour la réussite de cette transition. Les dernières prévisions d’IDC Future of Work — Spending Guide montrent que les organisations dépenseront près d’un milliard de dollars pour le Future of Work (FoW) en 2023, soit une augmentation de 18,8 % par rapport à 2022.
Un changement fondamental des modes de travail
Selon IDC, cette transition se fera en parallèle avec la transformation numérique et la migration vers le cloud. Ainsi, les entreprises vont continuer à intégrer les nouveaux modèles distribués et les technologies de pointe comme l’automatisation, ce qui, selon le cabinet d’étude, va aussi conditionner l’avenir des modes de travail ou FoW, et élargir le contenu de ce concept à la cobotisation au sens large, soit la collaboration entre machines/applications intelligentes et humains. De fait, cette main-d’œuvre hybride redéfinit les conditions d’accomplissement des tâches.
Pour intégrer cette nouvelle donne, IDC élargit sa définition de l’avenir du travail, qui devient « un changement fondamental du modèle de travail, qui favorise la collaboration entre l’homme et la machine, permet de nouvelles compétences et expériences pour les travailleurs, et prend en charge un lieu de travail physique réimaginé et un espace de travail numérique sans frontières ». Un tel cadre élargi est conçu pour « aider les organisations à structurer leurs stratégies de transformation du travail et à définir leurs initiatives pour l’avenir du travail ». D’après IDC, ce cadre adopte une approche holistique et intégrée, englobant trois piliers interdépendants et interconnectés : Augmentation, Culture, et Espace.
Un espace pour humains et machines
L’Espace a trait à la façon avec laquelle l’environnement de travail doit s’adapter pour soutenir la nouvelle main-d’œuvre hybride et la nouvelle culture de travail. Il est le plus important des trois piliers, affirme IDC, représentant près de 60 % de toutes les dépenses liées au FoW en 2023. Cet environnement de travail pour main-d’œuvre hybride doit être « intelligent et dynamique, connecté et sécurisé, et indépendant d’un lieu physique ou d’un moment précis de la journée ».
L’objectif de ces investissements est de permettre l’accès aux ressources de l’entreprise et de favoriser la collaboration afin de permettre à tous les travailleurs de contribuer efficacement, qu’ils soient à temps plein ou à temps partiel, locaux ou distants, permanents ou temporaires, et qu’ils soient des humains ou des machines.
Soigner « l'onboarding » du nouveau collaborateur numérique
L’Augmentation par l’IA, c’est-à-dire la mise en place et l’adoption du nouveau
« collaborateur numérique », est à la seconde place par ordre d’importance, avec plus d’un tiers des dépenses en 2023. « Plus de la moitié de ces dépenses seront consacrées au matériel et aux logiciels dont les travailleurs ont besoin pour être plus productifs, tout en leur donnant la liberté de se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée et sur l’innovation ». Il s’agit de technologies telles que l’intelligence artificielle (IA), la robotique, l’automatisation des processus et la réalité augmentée et virtuelle (RA/RV). L’Augmentation devrait connaître la croissance la plus rapide des dépenses au cours de la période de prévision 2021-2026, avec un taux de croissance annuel composé de 23,1 %.
Enfin, la Culture, qui est axée sur des travailleurs engagés et responsabilisés, alignés sur les nouvelles compétences numériques, représentera les 5 % restants des dépenses en matière de FoW en 2023. Les entreprises devront encourager l’appropriation des changements par les managers comme par leurs équipes et les modifications des processus et de l’organisation.
« Près des deux tiers des dépenses de ce pilier iront aux services informatiques et aux services aux entreprises, car les organisations poursuivent la transformation du travail par le biais d’initiatives permanentes nécessitant une innovation continue et un nouveau type d’agilité organisationnelle », affirme le cabinet de conseil.