L’arrivée de la 5G et la mise en place des plateformes matérielles et logicielles de traitement des données à la périphérie permettront l’essor de l’intelligence distribuée en 2021. Celle-ci donnera naissance à un des plus grands déploiements de services numériques et de nouveaux business models.

Si l’année 2020 s’est déroulée sous le signe du Covid-19 et de l’accélération de la transformation, 2021 sera vraisemblablement l’année de l’adjectif « distribué ». L’entreprise distribuée, l’informatique distribuée et surtout l’intelligence distribuée seront les tendances dominantes, non seulement au niveau des infrastructures, mais aussi des applications et des services. Comme toutes les tendances qui se sont accélérées en 2020, cette « distribution » n’est pas un phénomène nouveau. Il y a longtemps que les tendances à la mobilité et à l’ubiquité numérique travaillent en profondeur les entreprises et la société en général.

Les cas d’usage, basés sur la combinaison des applications et des services dans le cloud, des terminaux (ordinateurs portables, smartphones et tablettes) et des infrastructures réseau, ont dominé la transformation numérique ces dernières années. Leur combinaison avec les services a transformé les terminaux en plateformes de services. Même les voitures sont en passe de se transformer en plateformes de services avec l’arrivée de la 5G. Selon un livre blanc, 68 Technology Trends That Will Shape 2021, publié récemment par ABI Research, cette tendance sera grandement accélérée en 2021 et c’est l’intelligence distribuée qui sera à la base de nouveaux services et modèles d’affaires.

Des charges de calcul décentralisées

« L’intelligence distribuée ou Edge AI est une architecture qui décompose les charges de calcul hébergées dans un système centralisé en une combinaison d’un nœud central et de plusieurs nœuds terminaux », comme la définit ABI Research. Si cette architecture a largement bénéficié de la conception et de la mise en œuvre de divers systèmes, tels que le cloud computing, les applications distribuées et les réseaux, ces systèmes sont souvent limités par des facteurs géographiques, les options de connectivité et les capacités de traitement des nœuds finaux. C’est justement sur ces points que 2021 devrait combler le fossé, avec l’arrivée de la 5G et l’essor du Edge computing combinés aux nouvelles applications d’IA et d’apprentissage machine.

C’est la raison pour laquelle de grandes manœuvres se mettent en place. Sur le front des plateformes matérielles par exemple. L’intelligence distribuée repose sur un écosystème de produits issus de la filière du silicium, et dont le premier chainon est le support matériel de computation : processeurs, chipset, mémoire, et interfaces réseau. C’est en prévision de l’avènement de ces marchés de l’intelligence distribuée qu’un mouvement de consolidation s’est mis en marche en 2020. Les acquisitions d’ARM par Nvidia et de Xilinx par AMD s’inscrivent dans cette tendance.

Gérer les charges de la computation distribuée

« Cette tendance à la consolidation se poursuivra en 2021, estime ABI Research, car les fournisseurs de puces cherchent à diversifier et à élargir leurs portefeuilles de produits d’IA pour servir un marché de l’IA dans le cloud et en périphérie, qui connaît une croissance rapide. La diversification du portefeuille à travers de multiples architectures, y compris les CPU, GPU, DSP et accélérateurs matériels, est le moteur des acquisitions actuelles et futures dans l’espace informatique ».

Ces plateformes de calcul seront essentielles pour gérer les lourdes charges de la computation intelligente distribuée. « Il faut également s’attendre à des acquisitions dans l’espace TinyML, rappelle ABI Research, où les fournisseurs de puces d’IA établis cherchent à se développer dans l’IA à très faible puissance ». La Chine devrait jouer un rôle important, car le pays développe son expertise dans le domaine des puces d’IA en créant de solides acteurs nationaux, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des technologies occidentales.

Des capacités d’inférence en périphérie

L’émergence de la 5G et de l’AI devrait accélérer le rythme d’adoption et, par effet de seuil ou de masse, mettre les technologies de l’intelligence distribuée à la portée des petites structures. Grâce à la combinaison des faibles latences et une connectivité IoT massive grâce à la 5G, avec des appareils dotés de capacités d’inférence, les dispositifs d’IA de pointe auront la possibilité de centraliser toutes leurs charges de travail dans le cloud ou d’effectuer les charges de travail sensibles au temps, à la latence et à la sécurité à la périphérie.

Selon ABI, cela « éliminera les problèmes de confidentialité, de sécurité et de protection des données, tout en permettant au système global de se mettre à jour et de s’optimiser. En 2021, les principaux fournisseurs de solutions web et de jeux de puces devraient aligner leurs produits et solutions pour répondre à la demande d’une intelligence plus répartie sur les marchés des consommateurs et des entreprises ».

Les passerelles d’intelligence artificielle (IA) et les serveurs d’intelligence artificielle de pointe sont les moteurs de l’intelligence distribuée, et la montée en puissance rapide et régulière de ces passerelles et serveurs prendra son envol en 2021. ABI Research prévoit que les livraisons annuelles de passerelles et de serveurs d’intelligence artificielle de pointe passeront de 8,55 M$ et 69 000 unités en 2020 à plus de 10 M$ et 105 000 unités en 2021. « Cette croissance significative en 2021 marquera le début de l’ère de l’intelligence distribuée au cours de la prochaine décennie, avec des expéditions annuelles de passerelles d’IA de pointe atteignant 59,5 M$ et des expéditions de serveurs d’IA atteignant 1,5 million d’unités en 2030 », conclut ABI Research.