La crise de la COVID-19 a fourni la meilleure occasion à ce jour d'évaluer la stabilité, l'évolutivité et l'adaptabilité de toutes les facettes de l'internet. Une étude menée par ThousandEyes montre que les réseaux ont parfaitement résisté à la montée en puissance de différents services (comme le streaming et la visioconférence) depuis la pandémie.

Certains professionnels, notamment des télétravailleurs, se plaignent de « lenteurs » sur internet. Si une faible connexion ADSL (tous les foyers ne bénéficient pas encore de la fibre…) peut être à l’origine de ces dysfonctionnements, la cause se trouve souvent ailleurs : dans le PC portable (trop d’applications – inutiles - tournant en même temps) ou la connexion wifi mal optimisée ou impactée (mauvaise propagation des ondes à cause de murs ou partage avec les enfants).

En réalité, les interruptions occasionnelles sur les sites connaissant des pics d'utilisation extrêmes ont généralement été brèves et le service a été rapidement rétabli. Différentes études consacrées aux performances d'Internet sont désormais disponibles. Elles montrent la remarquable résilience du système sous des contraintes extrêmes.

C’est le cas de l’étude « COVID-19 Impact Edition » menée par ThousandEyes. Son rapport est très complet puisqu’il couvre aussi bien les FAI, les opérateurs de cloud publics, les CDN et les fournisseurs de DNS.

Récemment rachetée par Cisco, la société a développé un ensemble innovant de logiciels et d'agents de surveillance qui collectent des mesures de performance telles que la perte de paquets, la latence… Des milliers de points de collecte dans le monde entier fournissent à la société une large visibilité des performances du réseau sur l'internet.

ThousandsEyes se concentre dans cette étude sur les pannes, qu'il définit comme « une perte de paquets de 100 % dans le même ASN (Autonomous System Numbers) pendant une période donnée ».

Il utilise de multiples mécanismes de sondage et des algorithmes d'analyse pour prévenir les faux positifs et isoler les pannes à un endroit particulier et dans une plage d'IP donnée.

Le rapport a examiné les performances et les pannes de l'Internet dans trois dimensions :

  • Inter-région entre les FAI
  • Les mesures du haut débit de deux fournisseurs dans six villes américaines.
  • Les mesures CSP interrégionales couvrant les AWS, Microsoft Azure et GCP en Amérique du Nord, en Europe et dans l'APAC.

Le rapport de ThousandEyes confirme qu'Internet a pu plier à ces charges supplémentaires, mais il n’est pas « tombé ». « À quelques exceptions près, les infrastructures liées à l'internet ont bien résisté au cours des six derniers mois », lit-on dans ce rapport.

Un pic de 63 % des pannes semble être dû à la reconfiguration des réseaux par les opérateurs et les fournisseurs de services dans le cloud pour mieux s'adapter à l'évolution du trafic, c'est-à-dire à l'ingénierie du trafic. Le nombre de pannes a diminué depuis mars, mais reste élevé.

La théorie des pannes de FAI causées par la reconfiguration repose sur deux facteurs. Le premier est un nombre plus élevé que prévu d'interruptions des FAI s'est produit en dehors des heures de bureau. Deuxième point : la plupart des interruptions ont été assez brèves, 95 % d'entre elles ayant duré moins de 20 minutes.

Les fournisseurs d'accès au cloud ont fait un meilleur travail que les FAI, du moins jusqu'à ce que les pannes de cloud doublent en juin. Cela s'explique en partie par le fait que le rapport a constaté que lorsque les pannes de l'informatique dématérialisée se produisent, elles sont plus susceptibles d'affecter les utilisateurs puisqu'elles se produisent plus fréquemment pendant les heures de travail en semaine et durent plus longtemps que les interruptions des FAI.

Il existe également des différences notables dans la fréquence des pannes entre les régions. Les FAI d'Amérique du Nord et de l'APAC ont enregistré des augmentations significatives en mars et avril, après quoi la fiabilité s'est constamment améliorée.

En revanche, les pannes en Europe ont augmenté régulièrement tout au long du printemps avant de s'améliorer à la fin du mois de juin. Néanmoins, depuis mars, la moitié des interruptions de service dans le cloud en Amérique du Nord se sont produites pendant les heures de bureau.

Malgré une augmentation des perturbations du réseau après la pandémie, l'état de l'internet est sain selon ThousandEyes. Les fournisseurs de CDN ont été très utiles pour optimiser l’accès à des services.

De leur côté, les FAI ont apporté des modifications à leurs réseaux pour répondre aux besoins de services, tout en minimisant dans de nombreux cas l'impact perturbateur de ces changements sur les entreprises.

Dans l'ensemble, les infrastructures liées à l'internet ont bien résisté, ce qui laisse penser que la capacité, l'évolutivité et l'agilité des opérateurs sont globalement saines et nécessaires pour s'adapter à des demandes imprévues.