Fermer toutes les écoutilles en attendant que la tempête passe et temporiser les ambitions de croissance et les investissements majeurs, devenus plus risqués, peut être très tentant pour les dirigeants d’entreprises. Par définition, toutes les entreprises tendent à progresser en permanence pour faire la différence par rapport à leurs concurrents. Tout temps d’arrêt peut leur être préjudiciable et causer un retard qu’elles ne rattraperont peut-être jamais.
Cependant, afin de ne pas trop dépenser ou bien de se mettre en pause le temps que la menace soit passée, il existe un juste milieu auquel avoir recours. Ces entreprises sont en mesure de déterminer ce dont elles ont besoin grâce à leur connaissance des atouts qu’elles possèdent.
Un récent exemple duquel tirer des leçons sur la façon de procéder est celui des écoles :
en effet, malgré le fait qu’elles aient dû fermer leurs portes dès le début de la pandémie de COVID-19, l’éducation ne s’est pas arrêtée pour autant. Les établissements scolaires ont inspecté les ressources qu’ils possédaient – des ordinateurs portables, un logiciel de communication et une communauté de parents d’élèves volontaires – et ont fait émerger l’école à domicile de masse.
Avoir une bonne connaissance des atouts de son entreprise afin d’optimiser la valeur de ses ressources
Au cours des années fastes, les entreprises n’exploitent pas toujours forcément les technologies et les solutions logicielles qu’elles possèdent, c’est pourquoi elles devraient dans un premier temps, faire un audit de ces dernières. Elles achètent et déploient des solutions dans le but de remplir une fonction précise, et ce, sans tirer pleinement avantage de toutes leurs capacités. L’heure est venue d’optimiser pleinement les actifs dans lesquels elles ont déjà investi.Il est rare qu’une entreprise qui souscrit un abonnement informatique à un service cloud soit pleinement informée de toutes les capacités intégrées dans ce service. Support technique, mises à jour de sécurité, conseil aux entreprises, éducation et formation, accès à un réseau partenaire, analyse de données et possibilité de contribuer à la stratégie de développement produit du fournisseur sont effectivement autant d’exemples à prendre en considération lors d’une souscription.
Tirer parti de ces avantages additionnels peut non seulement contribuer à optimiser la pile technologique mais aussi à exploiter les solutions informatiques de manière plus rentable.
Il est également utile d’observer les personnes composant l’organisation. Les entreprises, ayant tendance à être trop obnubilées par les fiches de poste, ne racontent qu’une partie de l’histoire, autrement dit, les tâches que le collaborateur exécute et non celles qu’il ou elle pourrait entreprendre. D’où l’utilité des audits de compétences qui permettent de créer davantage de valeur que de suppressions de postes, mais aussi de révéler des talents dont l’entreprise disposait déjà sans en être consciente, et de définir quelles personnes devraient être redéployées à des postes qui revêtent désormais davantage d’importance.
Il arrive que des entreprises n’aient pas conscience de faire partie d’un ensemble d’organisations connectées, autrement dit un écosystème, qui est un atout stratégique. Elles sont pourtant en mesure d’impacter de nombreux acteurs tels que les clients, les fournisseurs, les agences ou les partenaires technologiques, et qui subissent, probablement eux aussi, le même type de pressions. C’est pourquoi il est essentiel de tirer avantage de ces relations. C’est en contactant des membres de son écosystème, pour leur demander dans quelle mesure elle peut leur venir en aide, qu’une entreprise les incite à faire de même en retour. Termes contractuels plus favorables, contributions au développement de produits ou simplement regard neuf sur les défis auxquels l’entreprise est confrontée, sont autant de bénéfices à tirer d’une telle démarche. Par définition, la collaboration peut parfois produire des résultats aussi exceptionnels qu’inattendus.
Dès lors que l’entreprise s’appuie sur des technologies open source et une culture ouverte, toutes ces approches s’en trouvent facilitées. De par son coté malléable, une pile technologique open source permet un changement rapide et facile d’environnement d’infrastructure ainsi que la capacité à explorer de nouvelles intégrations entre les solutions logicielles interopérables. La culture ouverte, quant à elle, accueille le changement et la collaboration, qui sont des valeurs communément partagées. Les communautés ne sont pas des concepts abstraits, mais des écosystèmes très organisés qui disposent de processus bien définis, destinés à susciter l’engagement.
Ce type d’entreprise peut ainsi être comparé à un autre style, qui, lui, a recours à des technologies propriétaires rigides et dont le premier instinct est de mettre en place une culture du secret, où seule la direction peut initier les changements. Ce modèle est comparable à un navire pétrolier tentant de faire demi-tour au beau milieu de la tempête, alors que le premier style ressemble davantage à un nageur qui changerait tranquillement de direction sur une mer d’huile.
Les entreprises les mieux préparées pour ne pas se trouver au dépourvu dans des périodes difficiles, à l’image de celles que l’on traverse actuellement, sont les entreprises qui investissent dans les technologies open source et dans la culture correspondante.
De nombreux défis complexes se mettent en travers des entreprises dont, il y a encore peu, la plus importante crise financière que le monde ait connu depuis la Grande Dépression. Plus récemment, la pandémie de COVID-19 a surgi de nulle part pour redéfinir entièrement nos modes de vie. Sans oublier les crises à l’échelle « locale » telles que la chute de gouvernements, l’effondrement de la monnaie, ou bien la recrudescence des inondations et des feux de forêt. Il est possible d’en tirer la leçon suivante : les entreprises devraient se préparer et acquérir, dès à présent, l’agilité dont elles auront inévitablement besoin, afin de toujours pouvoir se tenir prêtes face à l’inattendu.
Par Hans Roth, SVP and General Manager EMEA chez Red Hat