Un développement durable fondé sur les données
Depuis la pandémie de 2021, qui a largement impacté la production et la logistique des entreprises, les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) sont devenues une priorité. Les normes de plus en plus strictes, visant à accroître la transparence des entreprises, soulignent l’urgence de la situation.

En ce sens, l’Union européenne a introduit la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), exigeant des entreprises qu’elles fournissent des informations détaillées sur l’impact de leurs activités sur l’environnement. Par ailleurs, selon la« Synthèse des contrôles SPOT relative au respect des engagements extra-financiers contractuels des sociétés de gestion de portefeuille » réalisée par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), seules 40 % des entreprises françaises sont conformes aux normes ESG.

Outre la directive CSRD, l’UE a mis en place en 2022 la règlementation sur la publication d’informations en matière de durabilité (SFDR), visant à créer un écosystème financier durable en intégrant l’ESG dans la gestion des risques. Étant donné que les entreprises encourent de nombreuses pénalités en cas de communication inadéquate, il ne s’agit plus d’évoquer des mesures de conformité, mais bien de les appliquer et d’en récolter les bénéfices.

Contre les risques liés à l’ESG, une stratégie claire et des données matures

Afin d’éviter une mauvaise communication, et donc de potentielles sanctions, il est important que les entreprises définissent avant tout une stratégie claire en matière de données. L'objectif à long terme est de créer un système d'information stratégique qui sera en mesure de répondre aux exigences futures et qui contribuera à la gestion des risques.

En effet, à condition de bien avoir été préparées, les données seront ensuite utilisées dans le cadre de rapports fiables, ou pour apporter des améliorations opérationnelles en vue de réduire l'empreinte carbone. Pour cette raison, il est conseillé avant toute chose de bien prendre connaissance des critères d’évaluation ESG exigés afin d’en comprendre le but et les enjeux, d’analyser les objectifs de durabilité, et d’en tirer un projet de données et des indicateurs.

Une fois que l’entreprise a défini sa stratégie, elle doit réfléchir à la collecte des données et à ses objectifs. À ce stade, un ensemble d’étapes permettra de transformer ces données en un ensemble mature et pleinement exploitable :
  1. Préparer les données ESG, qu’elles soient internes ou externes, en s’appuyant sur un modèle de données ESG précis, en vue de leur intégration à un catalogue de données. Celui-ci aura été établi à partir de tous les actifs, y compris les informations de lignage et de profilage des données.
  2. Définir la gouvernance des données afin d’attribuer clairement la propriété et la gestion des données tout en intégrant les définitions commerciales afin de relier la donnée logique à la donnée technique.
  3. Créer un catalogue fiable, c’est-à-dire régulièrement scanné et nettoyé de toutes données obsolètes grâce au Master Data Management (MDM), pour créer un « golden file » de référence qui facilitera le partage des données.
Une fois que les données auront été correctement préparées et transformées en données matures, l'entreprise pourra alors mettre en place sa stratégie de reporting ESG, tout en établissant un processus de suivi continu pour maintenir la qualité des données et ajuster la stratégie en fonction des évolutions internes et externes.

L’intérêt de créer un HUB de données durable (SDH)

Lorsqu’il s’agit de données, produire un rapport ESG n’est finalement pas la tâche la plus chronophage. En réalité, c’est bien la gestion de la donnée, en amont, qui peut rapidement être complexe.

En effet, les entreprises ont de plus en plus recours à des données non structurées provenant de courriels, de documents, de commentaires des clients, ou encore d'imagerie satellite. Or, avant d’utiliser la donnée, il faut impérativement s’assurer que celle-ci est exacte, auditable et vérifiable, sous peine d’exposer l’entreprise à des risques règlementaires et de réputation.

Il est recommandé pour cette raison d’adopter une plateforme unique – un « hub » – qui serait en mesure d’identifier les données externes structurées et non-structurées afin de toutes les rassembler au même endroit. Elles sont ensuite agrégées et normalisées avant d’être associées à une source connue et à une liste d'utilisateurs approuvés. L’intelligence artificielle et le machine learning prennent alors le relais afin de les classer et de les améliorer en extrayant des sentiments clés et en éliminant les faux positifs.

Tirer profit du HUB

Les avantages du HUB sont nombreux et profitent à des rôles clés au sein de l’entreprise, par exemple :
  • Le PDG par l’intermédiaire d’un groupe dédié à l’ESG disposant d’accès est capable de publier de nombreux rapports sur les performances ESG de manière cohérente et crédible, ce qui peut aisément aider à démontrer l’implication de la Direction dans les pratiques commerciales responsables et durables de l’entreprise, et à répondre aux attentes de ses parties prenantes.
  • Le Directeur financier réduit considérablement le temps qu’il passe à collecter et organiser la data dont il a besoin pour ses rapports ESG, et peut ainsi se concentrer sur ses missions principales, et notamment améliorer la performance financière de l'entreprise tout en répondant aux exigences.
  • Pour le Directeur des données (CDO), la gestion des données ESG est nativement prise en charge par tous les hyperscalers, l'entreprise peut alors aisément choisir le fournisseur cloud qui répond le mieux à ses besoins. Cette solution l’aide à réduire considérablement le risque de dépendance à l'égard des fournisseurs de cloud et à garantir que les données ESG de l'entreprise sont bien gérées de manière sécurisée, évolutive et rentable.
  • Le Directeur des Achats bénéficie d’un accès aux données sur les performances ESG de ses fournisseurs, et peut alors identifier et traiter tout problème de durabilité dans sa supply chain de façon simple et rapide. Grâce au HUB, il bénéficie d'une aide considérable pour suivre les pratiques des fournisseurs en matière de développement durable et pour s'assurer que l'entreprise respecte ses exigences en matière d'approvisionnement responsable. Ces données sur l'empreinte carbone des produits et les performances ESG des fournisseurs permettent à l'entreprise de tester son exposition au risque climatique et d'identifier les améliorations à apporter. Cela contribue à atténuer les risques associés au changement climatique et assure que l'entreprise est prête à affronter tout scénario futur.
Les données ESG contenues dans le HUB permettent à l'entreprise d'identifier et de prioriser les initiatives innovantes susceptibles d'accroître son efficacité opérationnelle, ce qui se traduit par une réduction des coûts et une amélioration des performances financières. L'intégration stratégique de ces données est désormais un impératif pour les entreprises cherchant à prospérer dans un environnement en perpétuelle évolution.

Cette transition va bien au-delà de la simple conformité réglementaire ; elle ouvre également la voie à l'innovation et à la croissance. En embrassant les évolutions pratiques et en adoptant les technologies de pointe, les entreprises peuvent répondre aux attentes croissantes tout en façonnant un avenir durable et prospère pour tous.

Depuis quelques années, les entreprises font des questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) une priorité. En créant un HUB ESG, l’entreprise peut ainsi identifier et prioriser les initiatives innovantes susceptibles d'accroître son efficacité opérationnelle, ce qui se traduit par une réduction des coûts et une amélioration des performances financières.

Mais surtout, tout en s’alignant à la conformité règlementaire, elle s’assure une réduction des risques liés aux processus commerciaux et dispose alors de nombreuses données nécessaires intervenant dans la prise de décisions au niveau de l'entreprise.

En centralisant les données ESG au sein d’un HUB, l’entreprise protège également son image de marque puisqu’elle peut suivre en temps réel l’empreinte carbone de ses produits, et surveiller le bon acheminement des marchandises. Ainsi, à tout moment, elle est en mesure de pouvoir communiquer sur les performances internes et ainsi rassurer ses clients finaux.

En embrassant les évolutions pratiques et en adoptant les technologies de pointe, les entreprises peuvent répondre aux attentes croissantes tout en façonnant un avenir durable et prospère pour tous.

Par Levent Ergin, Global Chief ESG Sustainability Strategist chez Informatica