Sans cesse réinventé sous l’impulsion du sans contact et des TPE mobiles, l’arrivée plus récente des smartphones et de la biométrie soulève une nouvelle question : le terminal de paiement est-il voué à disparaître ?
Du sabot au sans fil
Chaque décennie depuis sa création, le terminal a considérablement évolué.Tout commence avec un fer à repasser, surnom donné au premier lecteur qui permettait de lire puis imprimer les informations en relief de la carte. Dans les années 70, les premiers lecteurs électroniques apparaissent. 10 ans plus tard, la carte à puce provoque l’avènement du TPE qui communique directement avec la banque pour autoriser ou refuser la transaction. Dans les années 90, le code confidentiel fait naître les TPE avec clavier puis dans les années 2000, les technologies Bluetooth et 3G s’embarquent dans les terminaux. Plus récemment, les applications Android ont permis d’enrichir les fonctionnalités du TPE (questionnaire de satisfaction, don aux associations…)
C’est alors que les terminaux de nouvelle génération font leur entrée, portés par des sociétés technologiques qui bousculent les acteurs traditionnels. Ces nouveaux entrants démocratisent le terminal de paiement mobile (mPOS) offrant, dans un format réduit, les fonctionnalités d’une caisse et d’un TPE à travers une simple connexion internet. Très simples à utiliser et à configurer, ils sont très appréciés des indépendants et pour les usages en mobilité.
Et Apple entra dans la danse
Il y a quelques années, l’industrie va plus loin encore avec une technologie qui accepte les paiements sans contact depuis nos smartphones et tablettes. C’est l’arrivée du SoftPOS, qui grâce à une simple application, transforme un appareil mobile en terminal de paiement. L’innovation est de taille car en dématérialisant le TPE, le commerçant s’affranchit des coûts et des contraintes d’installation et de maintenance d’un parc physique. Surtout, la solution est accessible à des millions de petits et moyens commerçants, en boutique et en mobilité.En 2023, Apple se positionne à son tour sur ce marché et annonce sa solution Tap to Pay pour iPhone. Jusqu’alors limité aux appareils Android, le SoftPOS s’ouvre à de nouvelles perspectives.
Cette capacité sans précédent des solutions logicielles de paiement laisse-t-elle entrevoir la fin des terminaux physiques ?
Disparition ou cohabitation ?
L’interrogation qui prévaut est celle de l’expérience. Bien mieux adapté à leurs usages, il semble certain que les formats de vente assistée et en mobilité adopteront sans difficulté le SoftPOS. En revanche, il semble peu probable de voir totalement disparaître les « boitiers » de nos comptoirs. D’abord parce que certains consommateurs n’activent pas le sans contact, souvent par crainte d’une éventuelle faille de sécurité.Quant aux marchands, pour utiliser le SoftPOS, ils devront investir dans un parc de smartphones professionnels. Face à la baisse des tarifs des terminaux physiques, l’économie n’est pas si évidente pour ceux qui ont des TPE récents. Et c’est sans compter les méthodes de paiement alternatives telles que les cartes cadeaux, la gestion du cash et des chèques, qui nécessitent encore des points d’encaissement « classiques », en particulier pour les grands commerçants. D’ici 2028, le Multiple PurposeTap, qui permettra de prendre en charge diverses actions en un seul geste (payer en même temps qu’on présente sa carte de fidélité par exemple) n’est pas assuré d’être compatible avec les solutions SoftPOS.
Si l’on peut s’interroger sur la valeur ajoutée des terminaux mobiles face à la généralisation du SoftPOS, les terminaux traditionnels et les solutions dématérialisées apparaissent comme complémentaires. Le SoftPOS offrira toute sa valeur s’il est considéré comme une solution qui renforce les terminaux physiques, pour multiplier les points d’encaissement en toute liberté, pour des ventes événementielles ou pour disposer d’une solution de secours. Et pertinent également pour la vente assistée ou pour gagner de la surface de vente, et donc réduire les coûts.
Dans cette configuration, il est néanmoins essentiel que l’expérience d’achat - pour le marchand comme pour le client - soit uniformisée. Les solutions d’encaissement physiques et logicielles doivent ainsi être reliées à la même interface, aux mêmes capacités et permettre l’accès aux mêmes informations (historique, reporting, moyens de paiement disponibles, fonctionnalités…)
Cette compatibilité et uniformisation du parc d’encaissement est le prochain enjeu pour l’industrie. Car opposer ces deux solutions ne constitue pas une réponse efficace face aux multiples cas d’usages et préférences des consommateurs. Il faut les envisager ensemble. Quoiqu’il en soit, les terminaux de paiement n’ont pas fini d’évoluer.
Par Aude Vicaire, CEO de Market Pay Tech