La numérisation des systèmes et des opérations, déjà initiée avant la pandémie, a connu une nette accélération ces derniers mois de la part des assureurs, faisant la part belle au cloud computing. En effet, selon les prévisions de Gartner, la moitié des dépenses informatiques des entreprises privilégieront le cloud d'ici 2025, contre seulement 41 % en 2022.
Les modèles SaaS, qui fournissent des applications logicielles via le cloud, ont une importance de plus en plus grande pour le succès à long terme des assureurs, même s’ils sont encore nombreux à accuser un certain retard dans la modernisation de leurs systèmes informatiques.
L’adoption du cloud reste toutefois la dynamique majoritaire de la part des compagnies d'assurance qui cherchent à diminuer leurs coûts, à renforcer la sécurité et à soutenir des écosystèmes numériques flexibles ; l’objectif ultime étant de rendre un meilleur service aux clients.
Adoption du cloud : où en est-on en Europe ?
Le recours au cloud et au SaaS est déjà en vigueur chez la plupart des assureurs pour leurs applications professionnelles non critiques, avec l’utilisation de solutions fournies par les GAFAM par exemple. Mais en ce qui concerne les applications métier critiques, comme la gestion des sinistres, des contrats d'assurance ou la facturation et le commissionnement, utiliser le cloud suscite encore beaucoup de réticences, aussi bien en France qu’en Europe. Pour l'instant, le cloud est davantage utilisé aux États-Unis ; mais les esprits s’ouvrent progressivement aux avantages que ce dernier offre dans les autres pays européens.
Des pionniers au sein du marché des pays d'Europe du Sud prennent actuellement la décision courageuse et visionnaire d'adopter le modèle SaaS pour externaliser leurs applications critiques vers le cloud, pour profiter à la fois d’une meilleure dynamique d’innovation et d’une plus grande efficacité.
Ainsi, sept assureurs de cette région ont adopté le cloud, à l’image de la Macif, pionnière sur le marché français de cette orientation stratégique, qui mise sur la rapidité, l'innovation, la résilience et la prévisibilité de son système pour conserver sa position de leader du marché. En Belgique, l'assureur belge P&V a migré vers le cloud pour les mêmes raisons.
En revanche, les marchés français et européen sont très réglementés sur l’adoption de solutions SaaS, que ce soit pour les assureurs ou pour les prestataires informatiques ; cela doit se faire en conformité.
Une innovation facilitée par le cloud
Les résistances à moderniser leurs systèmes et à passer au cloud demeurent encore, par conformité ou par peur, chez certains assureurs ; pourtant, il ne s’agit plus aujourd’hui de se demander si c’est une orientation à prendre, mais plutôt « comment » la prendre.
Ce qui a changé avec le cloud, c’est d’abord la technologie, mais aussi plus largement le modèle d'exploitation informatique des assureurs. Cette dynamique représente un vecteur d'innovation sans précédent, qui permet aux assureurs de proposer des solutions flexibles et adaptées à leur activité, tout en optimisant et en réduisant le coût total de possession de leurs systèmes.
Cela permet également de mieux répartir la responsabilité technologique entre assureurs et fournisseurs spécialisés, de sorte que les compétences informatiques à valeur ajoutée limitée reviennent aux fournisseurs et à leurs équipes d'experts, et permettent aux assureurs de se concentrer sur la gestion et l'évaluation des risques, l'accélération des services et la livraison des produits, en d’autres termes leur cœur de métier.
Comme il leur est difficile de reproduire en interne des infrastructures évolutives pour permettre l'analyse des big data et offrir des expériences personnalisées aux clients, le cloud permet aux assureurs de maintenir des modèles d'écosystèmes numériques flexibles, en améliorant l'expérience des partenaires de l'écosystème, et de réduire la dépendance à l'égard de solutions construites en développement interne.
L'adoption du cloud constitue donc la voie la plus évidente pour devenir, à l’heure actuelle, un assureur dit "digital-first ".
Par Emmanuel Naudin, RVP Sales – EMEA chez Guidewire