Après des débuts timides et cantonnées à des usages simples, les technologies du Cloud, aidées par la crise sanitaire, ont gagné leurs lettres de noblesse auprès des dirigeants d’entreprises. Pour aller plus loin et en extraire plus de valeur, elles vont devoir passer à des usages plus avancés du Cloud : la Data et l’IA.
L’utilisation du Cloud par les entreprises a évolué très rapidement ces dernières années et devrait encore se transformer …Les organisations devraient passer d’un usage élémentaire du Cloud à un usage avancé d’où elles pourront extraire plus de valeur pour elles et pour leurs clients. Ces améliorations passeront par l’utilisation des fonctions et services du Cloud sur la Data et sur l’Intelligence Artificielle. Pourquoi ces pratiques vont-elles s’imposer ? Comment lever les derniers blocages pour y parvenir ?
Des usages élémentaires aux réussites de la crise sanitaire
Initialement cantonnés à la DSI, l’usage des technologies Cloud et le recours aux fournisseurs de Cloud public répondaient à des besoins simples. En témoignent ci-dessous, quelques commentaires entendus sur les différents services Cloud :
- Infrastructure as a Service (Iaas) : « On connaît déjà l’infogérance, pas de souci… on ne change pas grand-chose à nos habitudes et, en plus, on transforme nos investissements en Opex ce qui plaît à notre Directeur Financier »
- Platform as a Service (PaaS) : « On comprend bien les technologies cloud et leurs avantages… mais on n’a pas toutes les compétences et elles coûtent cher… donc on passe par les services des CSP »
- Software as a Service (SaaS) : « Les outils disponibles sur le Cloud fonctionnent bien et le développement de certaines applications n’est pas notre cœur de métier… utilisons-les »
Puis la crise sanitaire est arrivée, avec les confinements et leur lot de bouleversements. Le Cloud a alors démontré brillamment sa valeur sur deux dimensions clés. D’une part, l’accessibilité des ressources et la sûreté des opérateurs ont fourni aux entreprises une très forte résilience opérationnelle. D’autre part, les outils collaboratifs et de travail à distance ont permis une accélération sensible de la transformation digitale de beaucoup d’entreprises.
De nouvelles perspectives
Ces premiers succès ont rendu familiers le Cloud, ses technologies et ses avantages et ont ouvert de nouvelles perspectives. Les choses sérieuses commencent maintenant pour le Cloud et sa capacité à fournir une très grande valeur aux entreprises : il va leur permettre d’exploiter leurs données et les aider à profiter des possibilités de l’Intelligence Artificielle.
En effet, pour toutes les organisations, les volumes de données qu’il faut traiter, tout comme les puissances de traitement requises, augmentent dans des proportions énormes. Bientôt, seuls les « hyperscalers », c’est-à-dire les plus grands acteurs mondiaux du cloud public, seront en mesure de fournir aux entreprises les ressources nécessaires en termes de stockage et de calcul. L’utilisation de ces fonctions et services, encore souvent à l’état de prototype dans les entreprises, devrait devenir la norme et les charges mises dans le Cloud devraient augmenter rapidement.
Plus encore, les grands acteurs du Cloud fournissent aussi des « solutions d’Intelligence Artificielle » qui permettent à (presque) tout le monde de commencer son voyage vers l’IA avec un minimum de ressources propres. Plus besoin de s’équiper de matériels et de logiciels coûteux, plus besoin de recruter des data scientists hors de prix pour s’initier à l’IA et commencer à implémenter des algorithmes de Machine Learning.
Bien entendu, les résultats les plus probants ne viendront qu’avec beaucoup de travail mais les moyens sont maintenant disponibles et accessibles au plus grand nombre.
Les ressources du Cloud permettent aux entreprises de s’abstraire de beaucoup des contraintes technologiques et financières du Big Data et de l’IA et de se focaliser sur leurs cas d’usage pour elles et leurs clients.
La sécurité, un frein qui peut être contourné
Cependant, tout n’est pas parfait dans le monde du Cloud et parmi les sujets de préoccupation, la sécurité est souvent évoquée.
Ainsi, la question des données à caractère personnel (DCP) est sensible mais il peut être traité, de façon satisfaisante, par des mécanismes d’anonymisation ou de pseudonymisation.
Un autre sujet s’impose : la sécurité des données des entreprises et des ressortissants européens présentes chez des fournisseurs de droit états-unien, soumis au Cloud Act. Pour le moment, les Cloud Services Providers concernés prétendent n’avoir jamais fourni au Department of Justice de données européennes hébergées en Europe… mais, en attendant l’arrivée de services de Cloud souverain de bon niveau, le plus sûr sera de travailler finement sur la sensibilité des données à mettre dans le Cloud public.
Une fois les principaux freins levés, l’essentiel de la valeur des systèmes d’information des entreprises résidera dans leur capacité à bien utiliser leurs données (même de faible sensibilité), à les rapprocher de sources de données externes (open data) et à en tirer les meilleures interprétations pour maximiser leurs enseignements (IA et Machine Learning). Pour cela, les outils du Cloud sont l’avenir (proche) de toutes les organisations qui souhaitent améliorer l’utilisation de leurs données, améliorer leur connaissance et leur relation à leurs clients et optimiser leur offre de valeur.
Par Nicolas Chaine, Directeur Associé digital/Technology/Cybersecurity chez julhiet sterwen