Dans beaucoup d’entreprises, la dette technologique est une constante de base, qui ne se réduit jamais. Les directions informatiques des grands groupes consacrent 90% de leur budget à maintenir les anciennes applications en conditions opérationnelles. La capacité d’innovation est donc extrêmement réduite.
La pandémie a eu pour effet direct de mettre à jour les failles de ces systèmes vieillissants : les difficultés à activer les PCA (Plans de Continuité d’Activité), la hausse inquiétante des cyber-attaques, la faible adaptation de certaines applications aux nouveaux usages de collaboration à distance ont montré l’urgence de faire évoluer les systèmes.
Cette situation n’est pas nouvelle mais elle ne cesse de s’aggraver, et certains ont eu le courage de s’attaquer au problème. Dans le Secteur Public, par exemple, la Cour des Comptes considère que les budgets informatiques des principaux ministères sont bien trop élevés et qu’il y a urgence à « faire mieux avec moins ». Mais comment innover alors que les capacités d’investissement sont réduites à une part minime du budget informatique, et que les coûts du Legacy ne cessent d’augmenter ?
Cette dette technologique se retrouve dans de nombreux secteurs. Dans le Retail, les systèmes de gestion des caisses ont souvent plus de 20 ans. Des investissements ont été faits sur les systèmes front-office, poussés par le développement du e-commerce, mais les systèmes back-office, eux, n’ont pas évolué. Dans les grands groupes, le core model du SI est sur mainframe. Et la plupart du temps, les évolutions, les rachats et rapprochements de sociétés sont venus au fil des années complexifier le système en ajoutant de nouvelles technologies, de nouveaux serveurs d’applications, de nouvelles bases de données, car aucun choix n’a été fait pour rationaliser les systèmes.
Les risques du statu quo
La situation actuelle et la pression sur les budgets ne simplifient évidemment pas la prise de décision, mais il est dangereux de rester attentiste. Plus le temps passe, plus les coûts de conservation des anciens systèmes augmentent, et plus l’effort à faire pour les changer sera important.
De plus, conserver des compétences techniques sur des systèmes anciens devient de plus en plus difficile, et les jeunes générations ne sont pas attirées par les entreprises qui ne leur proposent pas un environnement technique moderne. La solution choisie par certaines entreprises est de signer un contrat d’outsourcing : mais est-il raisonnable de confier les clés de ses applications critiques à l’extérieur et de ne plus s’occuper de leur modernisation ?
Enfin, le risque en conservant de vieux systèmes statiques et coûteux, est d’investir en parallèle sur de nouvelles technologies qui viennent simplement s’additionner à l’existant, générer des coûts d’intégration avec les systèmes en place, et in fine, augmenter la dette technique.
L’effort pour transformer l’existant est tel que dans certains secteurs, il a semblé beaucoup plus simple et rapide de racheter des startups pour bénéficier de leurs technologies modernes, et de leur capacité à répondre aux nouveaux besoins du marché. Mais cela n’a pas contribué à optimiser le Legacy.
Peut-on en finir avec cette situation ?
Tout transformer en quelques mois n’est malheureusement pas une solution envisageable pour les entreprises qui traînent leur dette technologique depuis de nombreuses années. Il n’en reste pas moins que des décisions sont à prendre d’urgence si les entreprises veulent être en mesure de relever les défis qui s’annoncent.
C’est en réduisant la part de leur budget consacré à maintenir en conditions opérationnelles des systèmes obsolètes que les entreprises pourront dégager des capacités d’investissement pour accélérer leur transformation digitale, et augmenter leurs revenus en proposant des produits et services en adéquation avec les nouvelles attentes des clients. Le SI est plus que jamais au cœur de l’activité des entreprises, et il est temps pour les DSI de reprendre une position proactive, en se libérant des contraintes qui affectent leurs capacités d’innovation et leur time-to-market.
Alors, quelles sont les décisions à prendre pour traiter efficacement ce sujet ? Vous le saurez en lisant notre prochain article ; restez connectés !
Par Bruno Rey, Senior Director Technology - Financial Sector chez Oracle