L’échec d’un projet en entreprise est toujours une situation pénible. Mais dans certains secteurs tel que celui de la construction, cela peut prendre une ampleur plus ou moins dramatique allant des dépassements de budget ou de délais à un effondrement pur et simple. Un immeuble qui s’écroule c’est un péril pour les vies humaines et cela implique parallèlement une perte d’argent et un impact considérable en termes de réputation. Par comparaison, un projet de transformation numérique mal conduit peut lui aussi avoir de fâcheuses conséquences, quand bien même elles sont moins spectaculaires. Tour d’horizon pour identifier les risques et y pallier.
Projets de construction et projets IT : des points communs
Les projets de construction et ceux de transformation numérique impliquent souvent la même démarche : rentabiliser, retravailler un espace existant et le transformer pour pouvoir en faire un nouvel usage. Lorsqu’une entreprise met en place un logiciel ou d’autres solutions technologiques, il faut définir en amont les objectifs spécifiques, parfois très ambitieux, afin d’adapter les infrastructures existantes. Ce qui importe est de bien repenser la notion de valeur : comment la générer, comment la transmettre et à quel rythme, grâce aux outils technologiques.
Par ailleurs, tout comme l’échec d’un projet de construction peut provoquer une perte budgétaire critique, l’échec d’un projet de transformation numérique n’est pas sans conséquences. Selon une étude, près d’un tiers (29 %) des décideurs déclare qu’un échec rend plus réticent à investir dans de futurs projets. 45% des personnes interrogées disent ressentir les effets de l’échec pendant une ou deux années, 33 % durant deux à trois ans : les impacts se font sentir dans la durée.
Identifier les causes d’échec et de succès pour éviter les catastrophes
La plupart du temps, lorsqu’un bâtiment s’effondre c’est qu’il y a eu un décalage entre la phase de conception et celle de construction, un travail de mauvaise qualité, ou éventuellement des manquements à l’éthique professionnelle.
S’agissant des causes d’échec des projets de transformation numérique, l’étude met en lumière l’impact des fournisseurs de solutions technologiques ayant donné de mauvais conseils(37 %) mais aussi le manque de confiance ou d’implication des parties prenantes de la part des actionnaires dans ce type de projet (37 %). De fait, 32 % de ces derniers reconnaissent s’équiper de technologies obsolètes.
A contrario, il faut aussi identifier les facteurs de réussite d’un projet. Ils peuvent être internes à l’entreprise : l’établissement d’objectifs clairs et précis concernant la transformation numérique permet de partir du bon pied, ce à quoi s’ajoutent le choix des bons outils technologiques et un support adéquat au sein de l’organisation. Pour les facteurs externes à l’entreprise, c’est-à-dire concernant les fournisseurs de logiciels, la bonne connaissance du secteur sur lequel opère leur client, ainsi qu’une convergence en termes de valeurs et d’éthique, sont précieuses. La qualité de la relation fournisseur/entreprise est clef.
Le temps, c’est littéralement de l’argent
Les dépassements calendaires ont une incidence claire : ils peuvent, en plus du projet concerné, venir perturber le bon déroulement d’autres projets, avec des réductions de budget. Les effets cascades peuvent même venir complètement interrompre d’autres projets parallèles, les recrutements prévus par l’entreprise peuvent être gelés, les décideurs, dissuadés de réaliser d’autres investissements similaires. C’est bien connu « Le temps, c’est de l’argent ».
Il existe heureusement plusieurs façons de gérer les risques liés aux dépassements de planning, au niveau des collaborateurs et des clients.
Il est judicieux de s’entourer de collaborateurs expérimentés, capables non seulement de bien gérer un projet, mais aussi à même d’avoir les réactions adéquates face aux imprévus. Les entreprises sont en perpétuel mouvement, que ce soit au niveau des collaborateurs, des activités, des clients ou du contexte dans lequel elles évoluent. Tout projet, aussi minutieux soit-il, peut soudainement tomber à l’eau. L’expérience emmagasinée par les talents qui composent l’entreprise permet de comprendre comment se rendre d’un point A à un point B, mais aussi comment réagir en cas de déviation vers un point D.
S’agissant des clients, une méthodologie de projet ne peut mériter le qualificatif d’agile ou d’efficace sans un bon degré d’implication de leurs clients finaux. Comprendre et collaborer avec ces derniers et les partenaires est essentiel pour les entreprises souhaitant définir et déployer des solutions technologiques idéales et pertinentes. Pour compter sur des résultats rapides et satisfaisants, le client et ses équipes doivent pouvoir participer au projet, donner des idées et proposer des pistes d’actions. Un processus itératif, c’est à-dire reposant sur la répétition cyclique des étapes aussi souvent que nécessaire pour tendre vers la perfection, est essentiel pour peaufiner la solution et générer encore plus de valeur pour les parties prenantes.
L’élément rassurant, c’est que si les entreprises de construction parviennent à transformer un terrain vague ou une friche industrielle en un espace tant esthétique que productif, qui générera de la valeur et des revenus pendant des décennies, alors toutes les entreprises devraient pouvoir en faire autant quand il s’agit de transformation numérique. Tout procédé de transformation destiné à construire et investir l’avenir requiert le même niveau de rigueur, de réflexion et de transparence dans la communication. Si nous pouvons bâtir de magnifiques bâtiments, cela signifie que les entreprises peuvent à leur échelle réussir une transformation numérique de la plus haute qualité.
Par Jérémy Jeanjean, Presales Manager France chez IFS