En provoquant un arrêt brutal de l’économie, la crise pandémique, imprévue et mondiale, a servi d’accélérateur à des tendances qui étaient à l’œuvre bien avant, comme la mobilité et la migration vers le cloud. Les entreprises ont pris conscience de l’importance du numérique pour organiser la continuité de l’activité et, dans une perspective à plus long terme, la résilience de l’entreprise et son agilité. Si l’on y ajoute l’augmentation et la sophistication des attaques cyber ainsi que les obligations réglementaires de conformité, les facteurs à l’œuvre dans cette accélération se conjuguent pour la rendre inéluctable.
Il est vrai que le succès du cloud repose sur des avantages indéniables. Grâce au cloud, les entreprises, quelle que soit leur taille, peuvent accéder à des milliers d’offres tout en ayant une visibilité claire sur les coûts. Elles apprécient de mettre au grand jour des coûts qui étaient auparavant difficile à quantifier. Par ailleurs, elles bénéficient de la plus grande flexibilité qu’offre le modèle par abonnement ou le paiement à l’usage. De la TPE à l’ETI, elles peuvent désormais accéder à des offres auparavant réservées aux grands comptes, externaliser leurs infrastructures et leurs applications sans se soucier des mises à jour. En ce qui concerne la cybersécurité, elles bénéficient de l‘expertise et des ressources presque illimitées des grands fournisseurs du secteur, ceci quelle que soit leur taille et le secteur dans lequel elles opèrent.
Le modèle as-a-service affecte toute la chaîne opérationnelle
Ce faisant, la « cloudification »a profondément modifié le mode de consommation des technologies ainsi que les relations entre acheteurs et vendeurs/fournisseurs/intégrateurs. Le modèle as-a-service est une des tendances de fond qui structurent cette évolution, car il affecte toute la chaîne opérationnelle. Auparavant les achats passaient par une relation directe entre le client et le revendeur ou le fournisseur, de nos jours elle passe de plus en plus par des portails de e-commerce (B2B et B2B2C) qui intermédient cette relation. De la présentation de l’offre à la prise de commande et à la facturation, la digitalisation et l’automatisation ont fluidifié ces processus mais ont également profondément modifié la relation entre vendeur et acheteur.
Ainsi, d’une relation ponctuelle avec le vendeur, les modes d’achat sont devenus une relation de service, souvent sous la forme d’un abonnement qui peut être interrompu à tout moment. D’où l’émergence de nouveaux métiers comme le Customer Success Manager (CSM) et la généralisation des outils de mesure de la satisfaction des clients. Dans ce mode « serviciel », la notion de continuité induit un fonctionnement transparent : l’utilisateur s’attend à ce que ça fonctionne tous les jours avec le niveau de qualité attendu.
Insuffisamment planifiée, la transformation présente un risque
Malgré ses bénéfices indéniables, le processus de transformation numérique érode le statu quo et présente un risque lorsqu’il est insuffisamment planifié. C’est dans ce contexte que l’architecture d’entreprise prend tout son sens, en permettant une planification multidimensionnelle mettant en évidence les relations et les impacts entre les objectifs métier, les processus mis en place pour délivrer les produits ou services et les technologies utilisées pour supporter ces processus.
L’architecture d’entreprise propose une vision holistique de l’entreprise, de ses objectifs aux moyens nécessaires pour les atteindre : organisation, processus, capacités, applications, etc. Elle permet de comprendre comment ces différentes dimensions sont connectées entre elles et leur dépendance. Cette vision holistique permet non seulement de visualiser comment l’organisation opère mais également propose des scénarios de transformation illustrant comment le SI peut supporter les nouveaux enjeux des métiers.
Dans le contexte d’une migration vers des solutions cloud mises en place pour transformer la façon de servir les utilisateurs internes à l’entreprise - ou bien la façon de délivrer les produits et services aux clients, cette approche holistique permet à l’architecture d’entreprise de sécuriser les projets de transformation et de limiter les risques. Les architectes jouent un rôle de consultants internes qui permettent à l’organisation de réussir sa transformation en s’assurant que la transition vers le cloud réponde aux besoins métiers.
Par Robert Raiola, Chief Marketing Officer chez MEGA International