Menée auprès de 20 000 utilisateurs de Microsoft 365 pendant deux ans, une étude a permis de montrer l’existence d’une population avec une charge excessive de réunions et des interactions régulières en dehors des plages usuelles de travail.

10 %, c’est le pourcentage de collaborateurs qui sont exposés dans la durée à des risques de surcharge mentale et de fatigue, causés par une quantité excessive d’emails et de réunions.

Pour la première fois, Lecko (plateforme en ligne de conduite de changement
orientée data) et CogX (formation en sciences cognitives) sont parvenus à quantifier ce phénomène en France.

A la différence d’autres recherches se contentant de constats généralistes sur l’usage des outils collaboratifs, ces travaux ont été menés sous l’angle des sciences cognitives qui étudient les mécanismes de la pensée (humaine, animale ou artificielle) pour expliquer le fonctionnement de l’esprit humain.

Une étude intéressante, car cette fatigue cognitive est un signe de burn-out
(qui n’éparghne pas les équipes cybersécurité), d’ailleurs pris en compte par le test SMBM Shirom-Melamed Burnout Measure. Selon ces psychologues et chercheurs, cette fatigue cognitive (également appelée lassitude cognitive) « correspond aux difficultés ressenties par une personne à se concentrer et mobiliser ses capacités intellectuelles ».

Lecko et CogX ont donc analysé 2 années d’activités de 20 000 utilisateurs (incluant des employés de terrain, pas uniquement des personnes en bureau) de Microsoft 365 pour objectiver les rythmes de travail dans ce contexte post-covid.  

Trois personae

Ces constatations ont été rapprochées des études en sciences cognitives pour évaluer les impacts sur les collaborateurs : baisse d’efficacité, perte de motivation, du goût du travail et des liens sociaux, jusqu’au burn-out.

Ce pourcentage (10 %) de salariés croulant sous les notifications a pour origine différentes causes :
  • Ce risque de surmenage est avant tout structurel (inhérent à l’organisation du travail) causé par un volume excessif d’informations à traiter à travers des réunions et des échanges durant la journée.
  • Ces situations à risque peuvent également provenir de comportements plus isolés, voire d’organisation personnelle, sans être volontaires, qui relèvent de la difficulté à délimiter sa journée de travail.

  • Etalés sur deux ans, ces travaux ont permis de définir trois personae :  
    L’hyperconnecté
    Il envoie au moins un email en dehors des heures 8h-20h, 9 jours chaque mois. Il participe à 15 réunions dans le trimestre en dehors des plages 8h-12h et 14h-18h.

    L’hyperconnecté va réaliser en moyenne 188 heures de réunions par trimestre et envoyer des mails sur une plage moyenne de 9,2 heures. Il représente 10 % de la population du panel étudié.  
    L’intermédiaire
    Il interagit ponctuellement en dehors des heures usuelles de travail et affronte des pics d’activité. Il représente 75 % du panel étudié.  
    Le Zen
    Il interagit uniquement durant les heures usuelles de travail. Il représente 15 % du panel étudié.  

    Qualité de Vie au Travail

    Plusieurs raisons devraient motiver les entreprises à mieux prendre en compte les effets de l’hyperconnexion :
    • Le travail hybride a déstructuré les temps de travail autrement délimité par la présence au bureau. L’installation durable du travail à distance nécessite de trouver de nouveaux garde-fous pour remplir son obligation de protection de la santé de ses salariés.
    • L’hyperconnexion est aussi génératrice d’inefficacité. Elle se concentre souvent sur les cadres et reflète une limite au bon fonctionnement de l’entreprise.
    • Les Data permettent aujourd’hui de suivre facilement des indicateurs à l’échelle des entités pour piloter une politique QVT sans rentrer dans un suivi individualisé. Il est important d’accepter d’évaluer ces transformations à l’aune de la qualité de vie au travail.
    • L’hyperconnexion au travail se traduit par une connexion continue avec son travail (entreprise, pairs, clients) en tout lieu et à toute heure.
    En objectivant ces risques, Lecko et CogX espèrent pouvoir contribuer à faciliter leur prise en compte. Ces métriques pourront compléter le baromètre social des entreprises et nourrir l’évaluation de la QVT (Qualité de Vie au Travail).

    La première action serait de mener des campagnes de sensibilisation et d’en suivre l’impact avec ces indicateurs.

    Pour traiter sérieusement le problème, l’entreprise devra en revanche aller plus loin, et questionner ses pratiques de collaboration avec en particulier le rôle, le fonctionnement et l’usage des réunions.