Le numérique responsable est une démarche visant à réduire l’empreinte écologique des Tic. Dans cette bataille qui débute, les DSI sont en première ligne pour actionner des leviers et mettre en place la stratégie de gouvernance, les outils de mesure et les indicateurs nécessaires, ainsi qu’un sourcing vertueux.
Parmi les sujets qui se sont imposés dans la réflexion stratégique des entreprises, la responsabilité environnementale détermine le futur en termes de capacités organisationnelles, de performance et de stratégie de transformation numérique. Elle a également pris une importance capitale pour l’image de l’entreprise en tant qu’acteur environnemental. Pour preuve, de plus en plus d’entreprises communiquent sur leurs initiatives de réduction de leur empreinte carbone.
Cette tendance dessine un cadre de prise de décision qui prend en compte l’impact de l’activité de l’entreprise sur l’environnement à tous les niveaux, y compris en ce qui concerne les services informatiques. Certes, on objectera que le numérique contribue naturellement à la décarbonation et la réduction des déchets. Les réunions en visioconférence évitent les déplacements, par exemple. Mais, c’est un peu court comme argument. Il s’agit d’en faire bien plus en intégrant l’environnement dans toutes les décisions, pour minimiser l’impact de la transformation numérique et décarboner tout ce qui peut l’être.
Accompagner les métiers dans l’identification des cas d’usage
Dans ce contexte, les DSI sont en première ligne pour actionner des leviers vertueux et mettre en place la stratégie de gouvernance, les outils de mesure et les indicateurs nécessaires, ainsi qu’un sourcing vertueux. C’est un rôle clé, non seulement pour réduire l’empreinte carbone du numérique, mais aussi accompagner les métiers dans l’identification des cas d’usages où les technologies peuvent favoriser la stratégie « verte » de l’entreprise. Une étude de BearingPoint estime que l’empreinte carbone du numérique culmine à 4 % du total des émissions dans le monde. Elle pourrait doubler d’ici 2025 avec la croissance du numérique.
L’étude a été menée auprès de professionnels du numérique : 65 % des répondants ont travaillé sur des sujets liés au numérique (CIO, CTO, CDO, référent numérique responsable, etc.), et 88 % travaillent dans des structures de plus de 200 personnes. Elle révèle que 77 % des répondants indiquent avoir déjà lancé, ou prévoient de lancer dans les prochains mois, une initiative de numérique responsable. « Le sujet prend donc de l’ampleur dans toutes les organisations, tous secteurs confondus, même s’il reste récent et que certaines organisations ne sont pas encore structurées », infère l’étude.
Les stratégies adoptées couvrent d’abord le Green IT
Malgré le manque de référentiels standardisés, pour la majorité des répondants (86 %), la stratégie numérique responsable couvre d’abord le Green IT. Cela s’explique notamment par l’existence de « référentiels gratuits et agnostiques du secteur/métier sur lesquels peuvent s’appuyer les organisations et d’une autonomie des DSI à lancer des actions concrètes et activables sur leur périmètre ».
Dans 55 % des cas, les participants ont identifié l’apport de valeur des technologies pour réduire l’empreinte environnementale, sociale et sociétale des entreprises (IT for Green). Un des motifs est que l’IT for Green est moins accessible que le Green IT, car reposant sur des cas d’usage dépendant du secteur et des besoins du métier. « Inscrire l’IT for Green dans l’agenda nécessite la mise en place d’une veille sectorielle afin d’identifier les cas d’usage, la démarche de co-construction avec les métiers et l’identification de technologies de pointe de la part de la DSI ».
Quant aux motivations qui ont poussé les entreprises à mettre en place, au moins partiellement, une stratégie numérique responsable, les répondants mettent en avant la stratégie RSE du groupe, largement en tête avec 60 %, devant la marque employeur (30 %) et la réglementation (27 %). Ceci indique nettement que la volonté de diffuser une image responsable de l'entreprise est le principal moteur, devant les contraintes réglementaires.
Les collaborateurs attendent une participation active à l’effort collectif
Cependant, ce classement devrait évoluer dans les prochaines années. Les engagements gouvernementaux, chiffrés et calendaires, et la pression sociétale, des employés et du grand public en quête de sens, devraient amener les entreprises à mettre en premier la réglementation et la marque employeur. L’analyse des rédacteurs du rapport BearingPoint repose sur l’évolution des mentalités.
« En raison de la prise de conscience croissante du réchauffement climatique, expliquent-ils, de plus en plus d’employés attendent de leur organisation une participation active à l’effort collectif pour l’atteinte des objectifs sur le climat. Les collaborateurs souhaitent également bénéficier du vecteur de l’entreprise pour être impliqués dans ces problématiques dans leur vie professionnelle. La tendance s’oriente donc vers une quête de sens des employés au sein de leur travail, poussant certains à s’inscrire dans le mouvement de la Grande démission ».