Pour assurer la continuité de leurs activités, les entreprises se sont efforcées de relever dans l’urgence le défi du télétravail massif. Cette migration a mis les services informatiques sous pression et institutionnalisé le télétravail. Reste à le pérenniser dans le temps.
Pour les entreprises qui traînaient les pieds, repoussaient et procrastinaient la transformation numérique sous divers prétextes, la crise a servi de formidable accélérateur. Dans une étude publiée récemment, Citrix affirme que 80 % des responsables informatiques français considèrent que l’adoption rapide du télétravail a accéléré la transformation numérique de leur organisation. L’urgence de la survie a poussé ces entreprises retardataires à mettre en place les outils du télétravail. À présent que le déconfinement est amorcé, il s’agit de pérenniser ces nouveaux modes de fonctionnement.
Ce qui est inédit dans cette certitude des DSI, c’est qu’elle date du confinement, car l’étude a été faite entre avril et mai 2020 auprès de 3 770 décideurs informatiques (dont 500 DSI en France), au sein de moyennes et grandes entreprises présentes sur les sept marchés suivants : États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Canada, Allemagne, France et Pays-Bas. Ce ne sont pas moins de 80 % des interrogés qui étaient convaincus que leurs collègues télétravailleurs ne voudraient plus retourner au bureau. Cette expérience les a confrontés à des questions inédites en matière de sécurité et de performances, pourtant, ils ne remettent pas en cause ce nouveau modèle de collaboration.
Les services informatiques ont été mis sous pression…
Le chemin du travail en présentiel est loin d’attirer les ex-confinés télétravailleurs, car ils ont pris goût au distanciel. Trois DSI sur quatre (75 %) affirment avoir été surpris par la facilité avec laquelle la majorité des employés de leur entreprise s’est adaptée au télétravail, et 80 % d’entre eux estiment que les technologies ont permis aux salariés de collaborer aussi efficacement qu’en présentiel.
Si beaucoup ont eu du mal à s’y mettre pour cause de partage d’espace avec les enfants, en télécours eux aussi, ou par manque de repères, les habitudes se sont vite installées. Pourtant explique l’étude, les entreprises ont eu du mal à réaliser la transition. Près de la moitié (49 %) d’entre elles ne disposaient pas d’un plan de continuité des activités, prévoyant l’obligation pour la grande majorité des membres du personnel de travailler à distance, et 46 % d’entre elles ont trouvé difficile de faire passer leur effectif au télétravail. Les services informatiques ont ainsi payé un lourd tribut psychologique puisque les trois quarts (74 %) d’entre eux subissaient des niveaux élevés de stress.
… mais à présent perçus comme vitaux pour la suite
« Cette crise a plus que jamais propulsé les services IT – souvent perçus comme les “héros de l’ombre” voire parfois les “mal-aimés” d’une entreprise, sur le devant de la scène », remarque Karine Calvet, DG Citrix France. « Cette étude démontre clairement l’évolution des services informatiques en matière de réputation et de visibilité, puisque les infrastructures IT et les outils numériques sont devenus essentiels à la continuité opérationnelle. Plus des trois quarts, des responsables informatiques français interrogés (79 %) affirment que les services informatiques sont actuellement perçus comme un élément vital de leur entreprise ».
Mais cette transformation rapide a également suscité des préoccupations et entraîné des difficultés. Les deux tiers (66 %) des répondants s’inquiètent des risques que le télétravail représente pour la sécurité des informations et plus de la moitié d’entre eux (54 %) affirme avoir constaté une hausse des installations par les collaborateurs de logiciels non autorisés. Les solutions technologiques ont également été problématiques : près d’un tiers (31 %) des DSI ont déclaré que les arrêts non programmés des VPN ont constitué un problème majeur pour leurs services au cours des dernières semaines.