Les organisations bioniques sont celles qui adoptent une perspective combinant l’automatisation et l’augmentation, la machine et l’humain. Celles qui émergeront de cet effort de transformation formeront à bien des égards une nouvelle espèce qui partage des génomes communs à l’entreprise bionique.
L’ère numérique qui s’ouvre devant nous est porteuse de promesses d’une meilleure efficacité et d’une montée en compétences des employés qui seront débarrassés des tâches itératives par l’automatisation et l’IA. Mais pour atteindre cet eldorado, les entreprises devront subir une mutation génétique transformatrice de leurs modes de fonctionnement et de leurs processus.
Dans ce monde idéal, la collaboration homme-machine est formalisée entre l’automatisation intelligente (où les machines exécutent des tâches sans assistance) et l’augmentation (où l’homme remplit ses tâches avec l’aide de l’IA). Ce subtil équilibre est le seul garant de la complémentarité nécessaire à la profitabilité des technologies pour l’entreprise et pour ses environnements économiques, sociétal et autres. C’est une mutation qui permet à l’automatisation de fonctionner et à l’humain d’apporter ce qui fait sa marque : la créativité.
C’est ce que le Boston Consulting Group appelle l’entreprise bionique, une entité cybernétique à l’échelle de l’entreprise ayant réussi la concordance parfaite entre les intelligences synthétiques et les humaines. « Pour tirer le meilleur parti des possibilités technologiques qui se multiplient à l’ère numérique, les entreprises doivent devenir bioniques, expliquent les rédacteurs du BCG. Elles doivent associer les nouvelles technologies aux capacités humaines pour alimenter la croissance, l’innovation, l’efficacité, la résilience et pousseur leur avantage ».
Une approche innovante nécessite les capacités humaines
Ainsi, avant de penser à devenir une compagnie AI-first, les entreprises doivent intégrer cette dichotomie entre automatisation à tout-va, via l’IA, et augmentation. Comme l’explique dans une tribune Miguel Valdés-Faura, PDG de Bonitasoft : « Les robots, tout intelligents soient-ils, ne transformeront jamais des processus en processus intelligents. Car pour être intelligente, l’automatisation doit avant tout être pensée pour être durable et évolutive, nécessitant l’analyse et la capacité d’innovation humaine. Ainsi, ce sont les hommes qui stimulent l’innovation à travers l’automatisation et non l’automatisation qui, elle-même, génère de l’innovation ».
L’exemple de cette primauté humaine est apporté par l’une des entreprises les plus emblématiques de l’ère numérique : Amazon. Le géant du cloud et du e-commerce a trouvé le moyen d’innover en… revenant en arrière, aux traditionnels magasins physiques. La société a récemment ouvert sa première épicerie, Amazon Go, sans caisses à Seattle, montrant ainsi qu’elle peut combiner son approche numérique innovante avec le modèle d’épicerie conventionnel.
Une IA aurait-elle fait cette trouvaille, sachant qu’on l’aurait gavée de données démontrant que les détaillants se sont tous rués vers le web ces 20 dernières années ; que les revenus du e-commerce explosent d’une année sur l’autre, crise ou pas crise, que la désintermédiation fait des ravages dans le commerce de détail traditionnel, etc., etc. ?
Les processus augmentés comme remède aux biais
N’en déplaise aux zélateurs de l’IA à tout-va, l’innovation peut se nicher là où ne l’attend pas l’intelligence synthétique. Seuls les processus augmentés peuvent pallier à la fois les biais de l’IA et l’incapacité humaine à traiter rapidement des millions de probabilités. C’est le mix des deux qui fait de l’entreprise bionique le modèle du futur.
Les processus augmentés « sont très différents de ceux auxquels les entreprises sont habituées. Aujourd’hui, les gens utilisent des processus, mais à l’avenir, ils s’efforceront de concevoir des processus, des plus simples aux plus complexes, qui seront augmentés ou automatisés numériquement », explique l’article du BCG.
Les actions et les interactions de ces facteurs, humains et technologiques, « créent un véritable avantage concurrentiel en exploitant la technologie pour libérer davantage le pouvoir de la créativité et de la productivité humaines dans un monde numérique », conclut le BCG.
Source : BCG