A contre-courant de la morosité ambiante, le marché français des logiciels et services IT associés aux ressources humaines affiche une santé de fer, et un chiffre d'affaires en hausse. En réalité, il est le reflet d'une mutation profonde de la fonction RH pour ne pas rester en marge de la transformation digitale.
A l'occasion des Salons Solutions RH, Performances Talents, Intranet et Collaboratif, etc., qui se tiennent actuellement à Paris - auxquels IT Social participe activement via des animations de table-rondes par notre rédacteur en chef – nous nous proposons de faire un point non pas sur la relation entre DSI et DRH, mais sur l'évolution des deux métiers au sein des projets de transformation digitale des organisations.
Mais posons tout d'abord le décors en nous intéressant au marché des solutions RH. Nous l'évoquons au travers d'une étude « Le digital redessine le marché des solutions pour la fonction RH » réalisée par Markess et extraite de son programme « Les RH & le digital - Tendances 2015 ».
Un marché en croissance
Les analystes de Markess évaluent que le marché français des logiciels et services IT associés aux RH a pesé en 2014 plus de 2 milliards d'euros. Soit une progression de 4,4 % par rapport à 2013, et surtout une croissance supérieure de 3,7 points à celle du secteur IT.
Il faut regarder de plus près pour comprendre où est réellement la tendance. Elle n'est pas dans les outils traditionnels des DRH, la paie et l'administration des salariés (fichiers, congés, absences, etc.), soumis à licences logicielles, qui n'affichent qu'un progression de 1 %. L'évolution des obligations légales et règlementaires impose un marché de renouvellement et de compléments qui fait la richesse des éditeurs. La part de ces outils et des services qui leurs sont associés dans le marché RH global est de 50 %.
Ce n'est donc pas dans le traditionnel que le marché des RH a trouvé son relai de croissance. Il faut le chercher dans l'évolution de la consommation des technologies IT, ici dans le SaaS (Software-as-a-Service), et dans la mutation des RH de l'administration à la gestion des talents. Ces deux domaines - qui s'interpénètrent, les solutions de gestion des talents sont majoritairement proposées en mode SaaS - affichent une croissance soutenue à deux chiffres, de 23 % entre 2013 et 2014 selon Markess. Et elles s'exercent souvent à la barbe de la DSI malgré la présence de données issues du SI de l'entreprise...
SIRH et Directeur du SIRH
Si la DRH demeure incontournable de l'entreprise, c'est qu'elle doit gérer ses hommes. Mais avec la migration d'une partie des fonctionnalités RH, la paie et l'administration, dans l'ERP, le DRH a perdu de sa superbe et certains analystes sont allés jusqu'à prédire que la DRH sera la grande perdante de la transformation digitale, au profit du marketing et à la marge de la DSI.
C'est aller bien vite en besogne. D'abord parce que l'homme en tant que collaborateur demeure d'un des 4 piliers de l'entreprise 2.0, avec les approches stratégiques, métier, et outillage (ce dernier est porté par la DSI). Ensuite parce que dans sa recherche de valeur pour l'entreprise, qui se traduit par plus d'agilité dans une enveloppe de coût maitrisée, la gestion des talents répond au premier objectif et le SaaS au second. Jusqu'à quand ?
Dans ces conditions, le basculement vers le SaaS est porteur de l'émergence de plateformes RH dans les IT, les SIRH. Ce qui dans certaines organisations se traduit par la création d'un nouveau poste, le Directeur du SIRH. Et comme le souligne Markess, la mutation de la fonction RH accompagne le recentrage des préoccupations de la DRH sur le salarié, mais également met en valeur la capacité de la DRH à se positionner comme partenaire et à contribuer à la performance globale de l'entreprise.
Et Markess de conclure sur « le passage obligé de la transformation numérique des RH » via les SMACS (solutions Sociales, Mobiles, Analytiques, Cloud et Sécurité).
Dans un prochain article 'DSI vs DRH' nous évoquerons les RSE (réseaux sociaux d'entreprise) et leur rôle dans la transformation digitale, ainsi que la gestion des talents, deux domaine qui interpellent également la DSI.