Comment les entreprises font-elles face au sérieux risque de perte des talents qui touche leurs meilleurs collaborateurs ?

7 dirigeants sur 10 craignent la perte de leurs meilleurs talents. Et ils ont raison de s'inquiéter puisque 54 % des cadres sont attentifs aux opportunités, voire sont en recherche active. La dernière enquête Cadremploi / IFOP démontre même qu'avec 40 % de cadres qui souhaitent quitter leur entreprise, les plus hauts historiques ont été franchis.

Autre indice, le baromètre Viavoice pour Les Echos, France Info et Le Figaro affiche un morale des cadres aux plus bas, avec 65 % d'entre eux qui se déclarent stressés dans leur emploi ! Toutes ces conditions favorisent l'accélération du turn-over des cadres dans les entreprises.

Le risque de perdre des meilleurs collaborateurs

En admettant que nous entrions dans la phase de sortie de crise, ce que l'économie française est encore loin d'afficher, la période qui s'annonce risque de faire très mal aux entreprises en matière de perte des talents.

Une étude réalisée pour Robert Half en juillet 2014, auprès de 200 Directeurs des Ressources Humaines (DRH) et 200 Directeurs Administratifs et Financiers (DAF), vient confirmer que 72 % des premiers et 86% des seconds se déclarent préoccupés, voire très préoccupés pour environ 20 % d'entre eux, par le départ de leurs collaborateurs les plus performants.

La problématique est encore plus sensible au sein de la DSI, même si elle est habituée au phénomène, car les talents IT sont souvent affectés à des technologies, et ces dernières sont dans une mouvance qui favorise un marché de l'emploi plutôt dynamique mais fortement concurrentiel. Rappelons que, comme pour le prospect et le client, il est plus long et coûteux de recruter et former aux compétences recherchées par l'entreprise que de fidéliser des personnes en poste.

Fidéliser les talents

Comment les entreprises gèrent-elles l'indispensable fidélisation des talents ? L'enquête de Robert Half apporte la réponse à cette question :

  • 41 % des entreprises proposent un programme spécifique de formation de développement professionnel ;
  • 39 % un programme d’avantages spécifiques ;
  • 37 % une hausse de rémunérations (salaires, primes, stock-options) ;
  • 34 % proposent télétravail et flexibilité des horaires ;
  • 32 % proposent gestion de carrière/évolution/plan de succession ;
  • 11 % font une contre-offre.

Et si la fuite des talents se transformait en opportunité ?

Si l'inquiétude face au risque de perte des talent est récurrente, les efforts de fidélisations le sont aussi, avec des résultats pas toujours à la hauteur des efforts consentis. Dans le même temps, dans un marché de l'emploi des cadres qui devient plus fluide, la fuite des talents peut également devenir une opportunité, comme le démontre le net frémissement affiché par le recrutement des cadres (lire "L'entreprise en mutation, la hausse des offres d'emploi profite au top management").

Le marché des non-cadres peut également représenter un vivier dans lequel certains métiers hésitent pourtant à piocher. La DSI doit cependant demeurer attentive, car entre le déficit de compétences dans les technologies émergentes, un marché du staffing bien établi, et le jeu peu élégant de la surenchère et de l'anticipation des recrutements exercé par certaines SSII, l'équilibre entre la fidélisation et la perte des talents IT est souvent précaire, et rarement gagnant pour l'entreprise qui ne s'y est pas préparée...